Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
Brême, et aujourd'hui la prise de Hambourg. On y a fait plusieurs centaines de prisonniers. On a trouvé dans la ville deux ou trois cents pièces de canon, dont quatre-vingts sur les remparts. On avait fait des travaux pour mettre la ville en état de défense.
Le Danemarck marche avec nous : le prince d'Eckmülh avait le projet de se porter sur Lubeck. Ainsi, la trente-deuxième division militaire et tout le territoire de l'empire sont entièrement délivrés de l'ennemi.
Des ordres ont été donnés pour faire de Hambourg une place forte : elle est environnée d'un rempart bastionné, ayant un large fossé plein d'eau, et pouvant être couvert en partie par des inondations. Les travaux sont dirigés de manière que la communication avec Hambourg se fasse par les îles, en tout temps.
L'empereur a ordonné la construction d'une autre place sur l'Elbe, à l'embouchure du Havel.
Koenigstein, Torgau, Wittemberg, Magdebourg, la place du Havel et Hambourg, compléteront la défense de la ligne de l'Elbe.
Les ducs de Cambridge et de Brunswick, princes de la maison d'Angleterre, sont arrivés à temps à Hambourg, pour donner plus de relief au succès des Français. Leur voyage se réduit à ceci : ils sont arrivés, et se sont sauvés.
Les derniers bataillons des cinq divisions du prince d'Eckmülh, lesquelles sont composées de soixante-douze bataillons au grand complet, sont partis de Wesel.
Depuis le commencement de la campagne, l'armée française a délivré la Saxe, conquis la moitié de la Silésie, réoccupé la trente-deuxième division militaire, confondu les espérances de nos ennemis.
Le 10 juin 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur était arrivé le 10, à quatre heures du matin, à Dresde. La garde à cheval y était arrivée à midi. La garde à pied y était attendue le lendemain 11.
S. M., arrivée au moment où on s'y attendait le moins, avait ainsi rendu inutiles les préparatifs faits pour sa réception.
A midi, le roi de Saxe est venu voir l'empereur, qu'on a logé au faubourg, dans la belle maison Marcolini, où il y a un grand appartement au rez-de-chaussée et un beau parc ; le palais du roi, qu'habitait précédemment l'empereur, n'ayant pas de jardin.
A sept heures du soir, l'empereur a reçu M. de Kaas, ministre de l'intérieur et de la justice du roi de Danemarck.
Une brigade danoise de la division auxiliaire mise sous les ordres du prince d'Eckmülh, avait pris, le 2 juin, possession de Lubeck.
Le prince de la Moskwa était, le 10, à Breslau ; le duc de Trévise, à Glogau ; le duc de Bellune, à Crossen ; le duc de Reggio, sur les frontières de la Prusse, du côté de Berlin. L'armistice avait été publié partout. Les troupes faisaient des préparatifs pour asseoir leurs baraques et camper dans leurs positions respectives, depuis Glogau et Liegnitz, jusqu'aux frontières de la Bohême et à Goerlitz.
Le 14 juin au soir.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Toutes les troupes sont arrivées dans leurs cantonnemens. On élève des baraques et l'on forme les camps.
L'empereur a paradé tous les jours à dix heures.
Quelques partisans ennemis sont encore sur les derrières. Il y en a qui font la guerre pour leur compte, à la manière de Schill, et qui refusent de reconnaître l'armistice. Plusieurs colonnes sont en mouvement pour les détruire.
Le 15 juin 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le baron de Kaas, ministre de l'intérieur de Danemarck, et envoyé avec des lettres du roi, a été présenté à l'empereur.
Après les affaires de Copenhague, un traité d'alliance fut conclu entre la France et le Danemarck : par ce traité, l'empereur garantissait l'intégrité du Danemarck.
Dans le courant de 1811, la cour de Suède fit connaître à Paris le désir qu'elle avait de réunir la Norwège à la Suède, et demanda l'assistance de la France. L'on répondit que, quelque désir qu'eût la France de faire une chose agréable à la Suède, un traité d'alliance ayant été conclu avec le Danemarck, et garantissant l'intégrité de cette puissance, S. M. ne pouvait jamais donner son consentement au démembrement du territoire de son allié.
Dès ce moment, la Suède s'éloigna de la France, et entra en négociation avec ses ennemis.
Depuis, la guerre devint imminente entre la France et la Russie. La cour de Suède proposa de faire cause commune avec la France, mais en renouvelant sa proposition relative à la Norwège. C'est en vain que la
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