Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
de cavalerie du général Latour-Maubourg étaient à Eulenbourg, le troisième corps était sur Torgau.
Deux cent cinquante partisans commandés par un général-major russe, se sont portés sur Mulhausen, et apprenant que Cassel était dégarni de troupes, ils ont tenté une surprise sur les portes de Cassel. Ils ont été repoussés ; mais le lendemain les troupes westphaliennes s'étant dissoutes, les partisans entrèrent dans Cassel, ils livrèrent au pillage tout ce qui leur tomba sous la main, et peu de jours après en sortirent. Le roi de Westphalie s'était retiré sur le Rhin.
Paris, 7 octobre 1813.
Discours de l'impératrice au sénat [Nous insérons ce discours de Marie-Louise parce que personne n'ignore qu'il fut dicté par Napoléon.].
«Sénateurs,
»Les principales puissances de l'Europe, révoltées des prétentions de l'Angleterre, avaient, l'année dernière, réuni leurs armées aux nôtres pour obtenir la paix du monde et le rétablissement des droits de tous les peuples. Aux premières chances de la guerre, des passions assoupies se réveillèrent. L'Angleterre et la Russie ont entraîné la Prusse et l'Autriche dans leur cause. Nos ennemis veulent détruire nos alliés, pour les punir de leur fidélité. Ils veulent porter la guerre au sein de notre belle patrie, pour se venger des triomphes qui ont conduit nos aigles victorieuses au milieu de leurs états. Je connais, mieux que personne, ce que nos peuples auraient à redouter, s'ils se laissaient jamais vaincre.
Avant de monter sur le trône où m'ont appelée le choix de mon auguste époux et la volonté de mon père, j'avais la plus grande opinion du courage et de l'énergie de ce grand peuple. Cette opinion s'est accrue tous les jours par tout ce que j'ai vu se passer sous mes yeux. Associée depuis quatre ans aux pensées les plus intimes de mon époux, je sais de quels sentimens il serait agité sur un trône flétri et sous une couronne sans gloire.
«Français ! votre empereur, la patrie et l'honneur vous appellent !»
Le 15 octobre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 7, l'empereur est parti de Dresde. Le 8, il a couché à Wurzen ; le 9, à Eulenbourg, et le 10, à Duben.
L'armée ennemie de Silésie, qui se portait sur Wurzen, a sur-le-champ battu en retraite et repassé sur la rive gauche de la Mulde ; elle a eu quelques engagemens où nous lui avons fait des prisonniers et pris plusieurs centaines de voitures de bagages.
Le général Reynier s'est porté sur Wittenberg, a passé l'Elbe, a marché sur Roslau, a tourné le pont de Dessau, s'en est emparé, s'est ensuite porté sur Aken et s'est emparé du pont. Le général Bertrand s'est porté sur les ponts de Wartenbourg et s'en est emparé. Le prince de la Moskwa s'est porté sur la ville de Dessau ; il a rencontré une division prussienne ; le général Delmas l'a culbutée, et lui a pris trois mille hommes et six pièces de canon.
Plusieurs courriers du cabinet, entr'autres le sieur Kraft, avec des dépêches de haute importance, ont été pris.
Après s'être ainsi emparé de tous les ponts de l'ennemi, le projet de l'empereur était de passer l'Elbe, de manoeuvrer sur la rive droite, depuis Hambourg jusqu'à Dresde ; de menacer Potsdam et Berlin, et de prendre pour centre d'opération Magdebourg, qui, dans ce dessein, avait été approvisionné en munitions de guerre et de bouche. Mais le 13, l'empereur apprit à Deiben que l'armée bavaroise était réunie à l'armée autrichienne et menaçait le Bas-Rhin. Cette inconcevable défection fit prévoir la défection d'autres princes, et fit prendre à l'empereur le parti de retourner sur le Rhin ; changement fâcheux, puisque tout avait été préparé pour opérer sur Magdebourg ; mais il aurait fallu rester séparé et sans communication avec la France pendant un mois ; ce n'avait pas d'inconvénient au moment où l'empereur avait arrêté ses projets ; il n'en était plus de même lorsque l'Autriche allait se trouver avoir deux nouvelles armées disponibles : l'armée bavaroise et l'armée opposée à la Bavière.
L'empereur changea donc avec ces circonstances imprévues, et porta son quartier-général à Leipsick.
Cependant le roi de Naples, qui était resté en observation à Freyberg, avait reçu le 7 l'ordre de faire un changement de front, et de se porter sur Gernig et Frohbourg, opérant sur Wurzen et Vittenberg. Une division autrichienne, qui occupait Angustusbourg, rendant difficile
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