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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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La mort de la vache pleine
    Des sept collines de Rome, le Capitole était la plus prestigieuse. Cette citadelle, qui défendait autrefois la ville, la dominait de toute sa hauteur et semblait encore monter la garde, même si le temps des invasions était passé. De plus, c’était le domaine exclusif des dieux, son sol n’abritait que des temples. Les mortels ne faisaient qu’y passer, le temps d’assister à une cérémonie.
    Lorsqu’on arrivait à son sommet, après la montée en pente douce qui y conduisait, on débouchait sur une vaste place de cent vingt pas de côté prolongée par le temple de Jupiter Très Bon, Très Grand, le plus important bâtiment religieux de l’Empire romain, le plus richement décoré, au toit d’or surmonté d’un quadrige étincelant. C’était lui qui recevait les hommages des souverains étrangers, c’était vers lui que se rendaient les généraux vainqueurs, lors des triomphes. Son intérieur était divisé en trois parties, séparées par des colonnades. Dans l’espace central, trônait le dieu lui-même. Il était figuré couronné de lauriers, tenant le sceptre surmonté de l’aigle. Lors des cérémonies, comme c’était le cas ce jour-là, il avait les joues fardées de rouge. À sa droite et à sa gauche, se dressaient les statues de Junon et Minerve, sa femme et sa fille.
    Il faisait très beau, en ces ides d’avril de la dixième année du règne de Néron (1) . On célébrait, comme chaque année à la même date, les  Fordicidia , appelés aussi « Mort de la vache pleine », un rite de fécondité lié au printemps. Le peuple, qui avait congé pour ce jour férié, était venu en nombre et la vaste esplanade était noire de monde. L’empereur était également présent, avec toute sa cour, sur une estrade couverte de tentures pourpres dressée à côté du temple.
    Lucius Gemellus faisait partie des innombrables assistants à la cérémonie. Ce jeune homme brun, à la peau mate, était remarquable par ses yeux gris très clairs, qui formaient un contraste étonnant avec le reste de sa physionomie. Il avait vingt-six ans, tout comme l’empereur, il possédait même la particularité étonnante d’être né le même jour que lui. Il travaillait, d’ailleurs, dans ses services, même s’il ne l’avait jamais rencontré personnellement. Plus précisément, Lucius était employé par Tigellin, le préfet du prétoire, c’est-à-dire le commandant des troupes stationnées à Rome, mais qui, dans la pratique, occupait les fonctions de Premier ministre. Lucius était une sorte d’agent de renseignement. Il n’était pas chargé d’espionner des suspects quelconques, mais d’informer son maître sur l’état d’esprit de l’opinion. Pour cela, il se rendait dans les endroits publics et faisait parler les uns et les autres, tâche dont il s’acquittait à merveille, car il attirait spontanément la sympathie.
    Lucius Gemellus occupait ce poste par le plus grand des hasards. Il était le fils de modestes marchands d’huile, qui avaient leur échoppe au cœur de Rome, près du Circus Maximus, la grande enceinte réservée aux courses de chars. Il aidait ses parents à leur commerce depuis son plus jeune âge et, tout naturellement, se destinait à devenir marchand d’huile à son tour. Mais un jour, il y avait trois ans de cela, alors que Tigellin était encore un simple particulier et déambulait près du Circus Maximus, Lucius l’avait sauvé d’une attaque de brigands. Tigellin lui en avait été vivement reconnaissant et, peu après, lorsqu’il avait été nommé préfet, avait appelé le jeune homme auprès de lui.
    Voilà comment Lucius Gemellus avait quitté l’échoppe paternelle pour une chambre dans un bâtiment attenant au palais impérial, sur la colline du Palatin. Depuis, il vivait au jour le jour, sans savoir combien tout cela allait durer. Si, pour une raison ou pour une autre, il était obligé de quitter ses fonctions, il serait toujours temps pour lui de retourner à la boutique. En attendant, il était ravi de fréquenter, même de loin, ces illustres personnages et il adorait ce travail si vivant, qui lui donnait l’occasion de se mêler en permanence au peuple de Rome.
    En ce moment précis, d’ailleurs, il était en service. Il devait, une fois de plus, sonder l’opinion publique et il avait choisi ce grand

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