Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
monde les torches révolutionnaires.
Notre auguste monarque, qui partage le zèle qui nous anime, et qui brûle de consolider le bonheur de ses peuples, est le seul digne d'achever ce grand ouvrage. L'amour de l'honneur militaire et des conquêtes peut séduire un coeur magnanime ; mais le génie d'un héros véritable qui méprise une gloire achetée au dépens du sang et du repos des peuples, trouve sa véritable grandeur dans la félicité publique qui est son ouvrage. Les monarques français se sont toujours glorifiés de tenir leur couronne de Dieu, du peuple et de leur épée, parce que la paix, la morale et la force sont, avec la liberté, le plus ferme soutien des empires.»
Le corps législatif ayant ensuite de ce rapport présenté une adresse à l'empereur, en a reçu une réponse où on remarque ces passage :
J'ai supprimé l'impression de votre adresse ; elle était incendiaire. Les onze douzièmes du corps législatif sont composés de bons citoyens, je les reconnais et j'aurai des égards pour eux ; mais une autre douzième renferme des factieux, et votre commission est de ce nombre (cette commission était composée de messieurs Lainé, Raynouard, Maine de Biran et Flaugergue). Le nommé Laine est un traître qui correspond avec le prince régent par l'intermédiaire de Desèze ; je le sais, j'en ai la preuve ; les quatre autres sont des factieux. Ce douzième est composé de gens qui veulent l'anarchie et qui sont comme les Girondins. Où une pareille conduite a-t-elle mené Vergneau et les autres chefs ? à l'échafaud. Ce n'est pas dans le moment où l'on doit chasser l'ennemi de nos frontières que l'on doit exiger de moi un changement dans la constitution ; il faut suivre l'exemple de l'Alsace, de la Franche-Comté et des Vosges.
Les habitans s'adressent à moi pour avoir des armes et que je leur donne des partisans ; aussi j'ai fait partir des aides-de-camp. Vous n'êtes point les représentans de la nation, mais les députés des départemens. Je vous ai rassemblés pour avoir des consolations ; ce n'est pas que je manque de courage ; mais j'espérais que le corps législatif m'en donnerait ; au lieu de cela, il m'a trompé ; au lieu du bien que j'attendais il a fait du mal, peu de mal cependant, parce qu'il n'en pouvait beaucoup faire. Vous cherchez dans votre adresse à séparer le souverain de la nation. Moi seul je suis le représentant du peuple. Et qui de vous pourrait se charger d'un pareil fardeau ? Le trône n'est que du bois recouvert de velours. Si je voulais vous croire, je céderais à l'ennemi plus qu'il ne me demande : vous aurez la paix dans trois mois ou je périrai. C'est ici qu'il faut montrer de l'énergie ; j'irai chercher les ennemis et nous les renverrons. Ce n'est pas au moment où Huningue est bombardé, Béfort attaqué qu'il faut se plaindre de la constitution de l'état et de l'abus du pouvoir. Le corps législatif n'est qu'une partie de l'état qui ne peut pas même entrer en comparaison avec le sénat et le conseil d'état ; au reste je ne suis à la tête de cette nation que parce que la constitution de l'état me convient. Si la France exigeait une autre constitution et qu'elle ne me convînt pas, je lui dirais de chercher un autre souverain.
C'est contre moi que les ennemis s'acharnent plus encore que contre les Français ; mais pour cela seul faut-il qu'il me soit permis de démembrer l'état ?
Est-ce que je ne sacrifie pas mon orgueil et ma fierté pour obtenir la paix ? Oui, je suis fier parce que je suis courageux ; je suis fier parce que j'ai fait de grandes choses pour la France.
L'adresse était indigne de moi et du corps législatif ; un jour je la ferai imprimer, mais ce sera pour faire honte au corps législatif et à la nation.
Retournez dans vos foyers...... En supposant même que j'eusse des torts, vous ne deviez pas me faire des reproches publics ; c'est en famille qu'il faut laver son linge sale. Au reste, la France a plus besoin de moi que je n'ai besoin de la France.
Paris, 23 janvier 1814
Lettres-patentes signées au palais des Tuileries le 23 janvier 1814, et par lesquelles l'empereur confère à S. M. l'impératrice et reine Marie-Louise le titre de régente.
Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération suisse, etc.
A tous ceux qui ces présentes verront, salut :
Voulant donner à notre bien-aimée épouse l'impératrice et reine
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