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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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italiens et à l’ordre de Malte ?
    Sans l’Espagne et sans Gênes, son alliée, aucune croisade n’était possible.
    Il fallait convaincre Philippe II.
    Des messagers étaient arrivés à Grenade, annonçant à don Juan que Pie V était prêt à lui confier le commandement de la flotte de la Sainte Ligue. Sa Sainteté escomptait qu’il convainque son demi-frère, Philippe II, d’accepter cette proposition. Alors la Reconquista commencerait et on pourrait pour la première fois faire reculer les Ottomans.
    Mais Philippe II accepterait-il, ou bien craindrait-il la trop grande gloire qu’une victoire ferait rejaillir sur don Juan ?
    Dans la cathédrale de Grenade, don Juan priait sans doute pour que Philippe II l’autorise à prendre ce commandement pour le bien de la chrétienté et de l’Espagne réunies.
    Près de lui, j’ai continué de prier pour Zora, Mathilde et Aïcha. Mais je Vous ai supplié aussi, Seigneur, de faire que les vœux de Sa Sainteté et de don Juan soient exaucés.
    Car je voulais retourner combattre l’infidèle, et ensevelir mes remords et mes souvenirs sous les cadavres ennemis.
    Oh, Seigneur, je ne craignais pas la mort ! Mais peut-être est-ce péché que d’avoir pensé que ce serait une grâce que de comparaître devant Vous après être tombé dans la croisade contre les infidèles.

41.
    Cette croisade de la Sainte Ligue dont je découvrais que la cour tout entière parlait, je voulais qu’elle soit pour moi comme un nouveau baptême.
    J’avais la certitude que don Juan, auprès de qui j’avais chevauché de Grenade à Madrid, le désirait aussi.
    — Si nous combattons comme des chevaliers, pour Dieu, la sainte Église et l’Espagne, si nous offrons nos vies, alors nous serons sauvés ! m’avait-il dit.
    C’était en fin de journée. Nous avions galopé dans la chaleur accablante qui brûlait la Mancha. Une fois encore, nous avions vu des groupes de morisques que des soldats poussaient à coups de pique. Ces malheureux marchaient pieds nus et tachaient de sang le chemin.
    Nous avions détourné le regard pour ne pas voir leurs corps meurtris, leurs visages exsangues. Heureusement, la poussière que soulevaient les sabots de nos chevaux avait masqué cette vision douloureuse.
    — Il nous faut des batailles franches contre un ennemi aussi déterminé que nous le sommes, avait poursuivi don Juan. Ainsi nous mènerons une guerre juste et sainte.
    Il voulait comme moi laver ses remords, ses fautes et ses péchés dans le sang des infidèles.
    La victoire que nous remporterions serait notre rédemption.
    À Madrid je retrouve Sarmiento. Il est au centre de toutes les intrigues, au cœur de toutes les fêtes.
    Car on célèbre à présent le mariage de Philippe II avec Anne d’Autriche, une jeune fille d’à peine plus de vingt ans, blonde et grasse, le regard flou. Oubliée, Élisabeth de Valois, enterrée à l’Escurial ! Il fallait au monarque une nouvelle épouse capable d’enfanter un futur roi ; peu importe qu’elle soit de vingt-deux ans sa cadette et que ce futur époux soit son oncle.
    Sarmiento me chuchote que Philippe II a consommé ce mariage avec une vigueur d’homme d’expérience et que sa blonde nièce, la soumise Anne, est déjà grosse.
    Sarmiento ricane. Le souverain est attiré par la blondeur, la peau laiteuse d’Anne d’Autriche. Il l’honore chaque nuit, puis la quitte et s’en va trouver des plaisirs plus relevés chez Anna Mendoza délia Cerda, princesse d’Eboli. Celle-ci partage sa couche avec un jeune secrétaire du roi, Antonio Pérez. Elle souhaiterait aussi connaître d’un peu plus près le tendre don Juan dont on dit qu’il a fait merveille, à Grenade, avec Maria de Mendoza, cousine de la princesse borgne.
    Sarmiento se frotte les mains. Il se voûte. Jamais je n’avais remarqué comme de son visage oblong, que prolonge une courte barbe, émane une expression inquiétante.
    — Le bâtard d’empereur donne naissance à des bâtards, murmure-t-il. Et toi, toujours solitaire et vertueux comme un vieux moine ?
    Il se penche vers moi, me dévisage avec insistance.
    — Et cette fille que tu as placée au couvent des Cordelières ?
    Il me donne une bourrade.
    — Une jeune morisque ? Tu aimes le poivre vert !
    Il devine mon désarroi et ma colère.
    — J’ai retenu le bras des juges de l’Inquisition, murmure-t-il. Ils savent tout, mais ne peuvent pas tout. Je te protège, Bernard !
    Je me tais, je

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