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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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galère qui devait le conduire à Naples. Puis, par voie de terre, il regagnerait le royaume de France, séjournerait quelques jours dans la Forteresse de Mons avant de se diriger vers Paris où résidait la cour de France.
    Alors qu’il avait déjà franchi la passerelle, il m’avait encore incité à l’accompagner. La guerre pour la foi en Christ allait, m’avait-il dit, se dérouler en France. C’est là que les hérétiques étaient les plus nombreux, qu’ils étaient protégés par les plus grands du royaume, par Catherine de Médicis elle-même qui ne songeait qu’à préserver le pouvoir de ses fils.
    — C’est une sorcière, une Médicis, une marchande ! répétait-il.
    Il m’avait rapporté les propos colportés par l’ambassadeur de Venise qui avait fait escale à Malte. La reine mère était au cœur de tous les complots qui se faisaient et se défaisaient à la cour. Certains étaient dirigés contre les huguenots : les Condés, les Bourbons, les Coligny, les Thorenc – « votre frère, Bernard, votre sœur ». D’autres cherchaient à abattre les Guises. La reine espérait, en les opposant les uns aux autres, catholiques contre protestants, détruire tous ceux qui auraient pu contester le pouvoir royal.
    — Elle vit entourée de mages et d’astrologues, d’empoisonneurs. Les uns lui préparent des mixtures, des onguents, des parfums mortels qu’elle verse et répand là où elle peut. Les autres dressent des horoscopes, construisent des miroirs qu’elle interroge, cherchant à y découvrir combien de fois tel ou tel de ses fils, Charles ou Henri, ou de leur rival, le prince de Navarre, y sera reflété. Et, selon le nombre, elle comptera les années de règne, elle évaluera la durée de vie, elle l’abrégera si elle peut.
    Elle utilisait aussi les services d’un « envoûteur d’airain » qui confectionnait de petits automates représentant tel ou tel prince, tel ou tel de ses ennemis, et l’envoûteur fichait des aiguilles dans ces statuettes mobiles, en brisait les membres, en arrachait la tête, les écrasait. La reine Catherine guettait les effets de ces envoûtements sur le corps de ceux dont elle voulait la mort.
    J’étais à la fois fasciné et effrayé. Je m’étonnais qu’il partît pour cette cour avec autant d’allant et songeât même à m’inviter à l’y accompagner.
    — C’est un nœud de vipères ! avait-il dit. Mais c’est dans le royaume de France que se gagne ou se perd la guerre du Christ. Philippe II le sait, le Grand Maître de l’ordre le sait, le nouveau pape Pie V le sait. Il faut contraindre Catherine de Médicis et Charles IX à agir contre les huguenots. Je voudrais…
    Il souhaitait que je tente de ramener à la vraie foi mon frère Guillaume et ma sœur Isabelle. Depuis la mort de notre père à Saint-Quentin, Guillaume était devenu l’un des huguenots les plus proches de l’amiral de Coligny, l’un des quelques nobles qui dirigeaient le parti protestant. Quant à Isabelle de Thorenc, elle était restée dans l’entourage de Catherine qui aimait la beauté, la grâce et l’esprit des jeunes femmes. On disait qu’elle rêvait de marier un jour Isabelle avec un noble catholique et jeter ainsi le trouble dans les rangs de la secte calviniste.
    — La guerre civile a commencé et elle sera impitoyable.
    Philippe II avait fourni à Catherine et à Charles IX des troupes qui avaient permis aux catholiques de l’emporter sur les protestants au cours des premières batailles.
    Mais rien n’était gagné. Les huguenots se rassemblaient, saccageaient les églises, massacraient les moines, les prêtres, les fidèles là où ils le pouvaient, comme à Pamiers ou à Nîmes.
    — Ils tuent les catholiques avec la même rage qu’ils décapitent les statues de saints et celles de la Vierge.
    Je me souviens encore du ton de sa voix lorsqu’il avait ajouté :
    — Il faudra leur rendre la pareille.
    J’ai refusé d’accompagner Enguerrand de Mons.
    Peut-être, Seigneur, ai-je été couard. Mais je n’ai pas eu le courage d’affronter les miens, mon frère Guillaume et ma sœur Isabelle. J’éprouvais un sentiment d’effroi et de la répulsion à l’idée de me trouver plongé dans ce « nid de vipères » – Enguerrand de Mons, l’avait qualifié ainsi – qu’était la cour de France.
    Il avait frappé du talon.
    — Il faut écraser la tête de ces serpents ! avait-il dit.
    Je ne m’en suis pas senti

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