Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
si nombreuses et si graves que je ne puis les dire…
    Qu’était devenu don Carlos ?
    On ne revit jamais son corps ; seulement son cercueil, plus tard, quand on l’ensevelit à l’Escurial avec tout le faste réservé à un infant d’Espagne.
    Qu’avait-il subi dans sa cellule plongée dans la pénombre ? Y avait-il été enchaîné ? L’avait-on torturé pour l’enfoncer dans sa folie ? L’avait-on exposé au froid, puis à la chaleur ? L’avait-on affamé pour le laisser quelques jours plus tard se gaver, et ainsi se condamner, ne lui offrant que la mort pour issue ?
    Elle était là, tapie, sa grande faux dissimulée entre les tentures, mais elle frappait.
    On apprenait que l’un des ambassadeurs du peuple des Pays-Bas à Madrid, le baron de Montigny, avait succombé à la maladie. Et Philippe II ordonnait des obsèques solennelles alors qu’on murmurait que Montigny avait été emprisonné et étranglé.
    Depuis l’Escurial, Philippe II ordonnait que le duc d’Albe frappât sans hésiter ces gueux des Flandres qui se déclaraient calvinistes ou luthériens, qui incendiaient les couvents, brisaient les statues dans les églises, et prétendaient vouloir se gouverner.
    Le duc d’Albe constitua un Conseil des troubles, devenu Conseil du sang, qui envoya à la mort ces nobles que j’avais connus : le comte d’Egmont, le comte de Hornes. On leur trancha la tête à la hache, place de l’Hôtel-de-Ville, à Bruxelles.
    Le duc répandait partout la terreur, incendiait les villages, pendait ou passait au fil de l’épée tous ceux qui se rebellaient.
    Je sentais que Sarmiento le jalousait.
    — Le duc se trompe et nous trompe, disait-il, quand il écrit à Philippe II : « Ce peuple est devenu si souple qu’il se courbera avec la plus parfaite obéissance sous la main de Votre Majesté quand elle lui apportera l’indulgence et le pardon. » Ces gueux sont plus coriaces qu’il ne dit ! L’Angleterre les soutient, les huguenots français leur apportent de l’aide. L’amiral de Coligny veut leur envoyer des troupes. Et Catherine de Médicis laisse faire. Elle a promis d’expulser les prêcheurs huguenots du royaume de France, mais elle signe des accords avec eux ! On ne peut faire confiance ni à Catherine ni à Charles IX. Ils ne veulent pas reconnaître que, pour extirper l’hérésie, il faut s’allier avec l’Espagne et se soumettre à son roi.
    Sarmiento s’emportait.
    Les huguenots, les Coligny, les Condés, les Bourbons avaient compris, eux, que leur religion prétendument réformée – une hérésie, une diablerie ! – ne l’emporterait que s’ils écartaient l’Espagne de la France. Ils voulaient empêcher Catherine de Médicis et Charles IX de respecter les promesses qu’ils avaient faites au duc d’Albe lorsqu’il s’étaient rencontrés à Bayonne.
    Mais, depuis lors, la reine mère et le roi de France avaient oublié.
    — Ils écoutent Coligny qui répète chaque jour qu’il faut que le souverain apporte son aide aux gueux des Flandres, que c’est la seule manière d’affaiblir l’Espagne, le royaume qui menace son pays ! Tout est mêlé : la religion et les ambitions. Mais celui qui veut défendre la juste religion doit suivre le roi d’Espagne. C’est lui que Dieu a choisi pour tenir le glaive de la vraie foi !
    Pouvais-je oublier que Philippe II avait laissé l’ordre de Malte combattre seul les infidèles ? et qu’il ne nous avait célébrés qu’après notre victoire ?
    Sarmiento était-il aveugle ou bien imaginait-il que je pusse être dupe de ses mensonges ?
    Et pourtant, je ne lui ai pas répondu.
    Où pouvais-je fuir ?
    La mort rôdait autour de moi.
    Elle suivait ces noires processions qui parcouraient les rues de Madrid, de Ségovie ou de Tolède.
    Elle était dans les jugements de l’Inquisition qui ordonnait l’arrestation, comme hérétique, du cardinal prélat d’Espagne.
    Elle était dans les flammes des bûchers dressés à Séville, à Tolède, à Barcelone.
    Ils brûlaient des nobles soupçonnés d’hérésie luthérienne, des artisans français accusés d’avoir chanté des psaumes.
    Et la mort était dans la réponse du roi lorsque, interpellé par un jeune noble condamné, il lui lança : « J’apporterais moi-même le bois pour brûler mon propre fils s’il était aussi coupable que vous ! »
    La mort frappait sans relâche.
    À la cour, la reine Élisabeth de Valois était emportée après une

Weitere Kostenlose Bücher