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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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interjections, murmures et commentaires
montèrent de la foule. Ce n’est que lorsque le silence revint que le prévôt de
Paris poursuivit.
    — Pour prouver son bon droit, le chevalier
Albert de Malvoisin a défié en duel judicaire son accusateur qui sera remplacé
par un champion, le noble chevalier Guilhem d’Ussel. Tous deux se sont engagés
à faire leur devoir et à combattre honorablement. En choisissant le vainqueur,
Notre Seigneur Dieu fera connaître sa sainte et divine volonté.
    — Faites apporter le crucifix et le missel
pour qu’ils prêtent serment, déclara l’évêque.
    L’official avait tout préparé. Pieds nus, les deux
combattants qui ne portaient qu’une simple tunique, ayant abandonné leur cotte
de mailles, s’approchèrent d’une table couverte d’un tapis écarlate frangé d’or
sur laquelle étaient posés un missel et un crucifix d’or serti de rubis.
    — Êtes-vous prêt à jurer de votre bon droit
sur la croix et les Évangiles ? demanda l’évêque en s’adressant à
Malvoisin.
    — Oui, je le jure, dit-il en s’agenouillant
et étendant la main droite sur l’Évangile. Avec l’aide de Dieu, de tous les
saints et de mon bon droit, je le prouverai par mon corps et par mes armes
contre quiconque voudra soutenir le contraire.
    Guilhem vint à son tour, s’agenouilla et jura
qu’avec l’aide de Dieu, des saints et de son bon droit, il prouverait que
Malvoisin était un parjure.
    On leur donna à chacun un bouclier de bois rond
couvert de cuir rouge et un lourd bâton de trois pieds.
    Simon de Montfort et Lambert de Cadoc vinrent
s’assurer que les armes étaient parfaitement égales, après quoi les deux
combattants durent jurer à nouveau sur l’Évangile qu’ils n’avaient pas d’arme
cachée et qu’ils n’emploieraient ni fraude, ni sorcellerie, ni maléfice pour
s’assurer de la victoire.
    Les trompettes sonnèrent une nouvelle fois et le
prévôt annonça à haute voix :
    — Oyez, oyez, oyez ! Voici le brave
chevalier Albert de Malvoisin, commandeur de l’ordre du Temple, qui combattra
aujourd’hui honorablement le champion du noble comte de Huntington.
    Un silence solennel régna pendant quelques
instants, le temps que Simon de Montfort et Lambert de Cadoc examinent la
conformité de la lice, puis le prévôt Hamelin menaça de peine sévère ceux qui
chercheraient à favoriser l’un ou l’autre des combattants par gestes ou
paroles, donnant ordre à chacun de rester immobile et silencieux hors du champ
clos.
    — Tout est-il régulier et conforme à la loi
du combat ? demanda le roi quand tous ces préparatifs furent terminés. Les
combattants ont-ils quelque chose à ajouter ?
    — Je maintiens mon innocence, et je demande à
Dieu, dont la bonté suprême vient souvent à notre secours au dernier moment, de
me protéger ! lança Malvoisin.
    — Parjure ! Prépare-toi à la mort !
répliqua Guilhem. Seigneur Dieu, je me confie à ta bonne garde.
    — Faites votre devoir, preux
chevaliers ! lança Hamelin en se retirant sur un des côtés de la lice d’où
il proclama, de nouveau, que personne, sous peine de mort, ne tente par des
paroles, des cris ou des gestes, d’interrompre ou de déranger le combat.
    Philippe Auguste, qui tenait en main un gant, le
jeta dans l’arène, et prononça ces mots :
    — Laissez aller !
    Immédiatement, Malvoisin se rua sur Guilhem.
    L’ancien commandeur du Temple de Londres était un
homme corpulent et sanguin. Bien plus large d’épaules que Guilhem, doté d’un
cou de taureau et d’un physique de lutteur, il était pourtant plus ventru et
empâté que musclé. Il manquait surtout d’entraînement, n’ayant plus combattu
depuis qu’il était en France. Malgré cela, il abattit son bâton sur Guilhem
avec une force inouïe. Mais Ussel avait prévu le coup qu’il para avec sa
harasse, comme il para facilement les autres coups qui se succédèrent avec une
incroyable rapidité.
    Cette violence donnait l’impression qu’une force
surnaturelle guidait le Templier. À voix basse, plusieurs spectateurs
échangèrent leur opinion : le Seigneur avait choisi Malvoisin.
    Guilhem parait, évitait, reculait, mais sans pour
autant se rapprocher trop des cordes. Il avait souvent combattu en champ clos,
généralement dans des joutes amicales, et il savait à quel point le poids de la
harasse de bois fatiguait vite.
    En effet, après quelques minutes, Malvoisin
s’arrêta de frapper pour

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