Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
sifflant petit serpent et jamais domptée, combien
qu’elle reçut d’elle de soufflets. Avec les hommes (sauf avec Sauveterre) fort
aguignante, au moindre regard donnant de la contr’œillade et le corps tout
soudain en branle, jouant des épaules, du tétin, de la mince taille, de la
ronde croupière ; avec les garces, sauf avec Barberine qu’elle aimait,
piquante comme guêpe ; avec tous, malicieuse à vous damner, sinon que le
cœur était bon assez.
     
     
    Tant rude avait été l’hiver en
Périgord que le printemps de l’an 1568 fut beau, avec de la pluie tiède et
douce, pour nourrir le sol et du soleil assez pour que tout se gonflât de sève
et mûrît, les fleurs apparaissant à mi-mars (et les premiers bourgeons,
brillants et vernissés). Par malheur le printemps ne ravivait pas que la sève,
il ravivait aussi la guerre que l’hiver avait endormie dans les boues infinies.
Notre armée huguenote n’était plus réduite aux deux mille vaillants qui avaient
fait si grand-peur à Paris en osant l’assiéger. Grossie des dix mille reîtres
et lansquenets que l’électeur Palatin lui avait dépêchés, ayant reçu de
conséquents renforts du Rouergue, du Quercy et du Dauphiné, elle était forte de
trente mille hommes que Condé et Coligny incontinent lancèrent sur Chartres,
grenier et boulevard de la capitale.
    Le Connétable mort, la Médicis
avait confié à son fils chéri, à son mignon, à son petit cœur, le Duc
d’Anjou – lequel avait tout juste mon âge – le commandement de
l’armée royale. Cependant, le trésor, comme à l’accoutumée, était vide. Et si
les huguenots prenaient Chartres, que deviendraient les beaux blés de la
Beauce ? La Médicis était bonne mère, mais d’un seul fils. N’aimant point
son aîné le roi, mais chérissant ce qu’elle tenait de lui : le
gouvernement du royaume, elle répugnait à le hasarder, et moins encore la
gloire d’Anjou dans le coup de dés d’une bataille incertaine. Elle traita, et
Condé, qui n’avait pas un seul sol vaillant pour payer les reîtres d’Allemagne,
consentit de signer avec elle la paix de Longjumeau, laquelle n’était qu’une
trompeuse trêve, qui eût pu en douter ? L’encre du traité avait à peine
séché que déjà, dans le royaume entier, les persécutions contre les nôtres, çà
et là, recommençaient.
    Le traité de Longjumeau fut signé
le 23 mars et dans le Sarladais, nous le connûmes dès le 8 avril tant
les nouvelles voyageaient vite de huguenot à huguenot pendant les troubles.
    — Ha ! Monsieur mon
père, dis-je en l’allant trouver incontinent en sa librairie, plaise à vous
maintenant que la guerre est finie de nous laisser repartir, mon frère et moi,
pour Montpellier.
    — Et qu’y ferez-vous, dit
Jean de Siorac, les lectures finissant à Pâques ?
    — Les lectures de l’École,
mais non point les lectures privées que donnent contre pécunes le Chancelier
Saporta et le Doyen Bazin ! En outre, si j’arrive à temps, mon « père »
Saporta me laissera peut-être aspirer au baccalauréat en médecine, et je
pourrai alors visiter les malades et délivrer les ordonnances pour la curation
de leurs intempéries.
    — Ha ! dit mon père avec
un soupir, cela est bel et bon, mais les risques et les périls en
Montpellier ?
    — Monsieur mon père, ils ne
sont pas plus grands que céans où on ne met pas le nez dehors sans craindre
quelque nasarde, ce chien de Fontenac restant impuni. Par surcroît, si j’en
crois ce qu’écrit M me de Joyeuse, les papistes de Montpellier ne
m’ont plus tant en haine et malveillance depuis que j’ai sauvé l’Évêque de
Nismes.
    — Mais cuidez-vous qu’elle
dise vrai ? dit mon père avec un soupir. Il me semble que cette haute dame
a grand appétit à vous revoir.
    Il disputa ainsi deux jours, fort
marri de nous laisser partir Samson et moi, ayant été à grande liesse de nous
avoir eus avec lui tout l’hiver à Mespech, mais quoi ! Il fallait bien que
nous passions nos grades et que Samson retournât à l’apothicairerie de Maître
Sanche hors laquelle il ne pouvait point labourer. Se résignant enfin à notre
département – et l’oncle Sauveterre non moins chagrin, combien qu’il le
cachât sous ses sourcillements – mon père résolut de nous accompagner avec
Cabusse et Petromol.
    Hélas ! Pauvre de lui !
Pauvre de nous aussi ! Nous laissant le 28 avril 1568 en Montpellier,
il ne nous revit à Mespech qu’en

Weitere Kostenlose Bücher