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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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du Roi
ont concouru avec le populaire.
    — Ha !
dit M. de la Place, un officier du Roi !
    Et sentant la
chose avec douleur non point seulement en tant qu’homme et victime future, mais
comme magistrat, il reprit :
    — Que
m’apprenez-vous là ? Mais c’est la fin, destruction et subversion de
toutes lois quand le Prince dresse une moitié de ses sujets contre l’autre. Une
meurtrerie si fratricide peut-elle fonder le droit en un royaume ?
    Mais à cela je
m’accoisai, tant parce que je n’y avais pas réponse que pour ce que je
m’apensais que ni le moment ni le lieu ne se prêtaient à en débattre.
    — Monsieur,
dis-je, si vous avez quelque ami en le quartier de l’Université qui vous
pourrait quelque temps cacher, dites-le-moi et j’attenterai de lui porter
message.
    — Ha !
Monsieur de Siorac, dit M. de la Place, j’ai fait moi-même cette ambassade à la
précédente minuit, mes geôliers étant à leurs gobelets et potations, et
saillant de mon logis par une issue secrète...
    — Quoi ?
dis-je, béant qu’il n’en usât point pour se mettre à la fuite, avez-vous céans
une porte dérobée ?
    — La
voici, dit M. de la Place, et faisant glisser du doigt une boiserie de chêne,
il découvrit des degrés qui descendaient dans le noir. Ce viret, ajouta-t-il,
que j’ai construit pour la commodité, mène à l’écurie où je garde mes chevaux,
et là, par une porte cachée derrière le foin, on débouche dans la rue
Boutebrie. Or, m’y hazardant seul l’avant nuit, sans serviteur, le nez dans mon
manteau, je fus frapper à deux portes amies, lesquelles ne se déclouirent que
pour se clore à ma vue, le ban royal interdisant sous peine de vie d’aider les
huguenots.
    — Eh
Monsieur ! m’écriai-je, vous ois-je bien ? Vous êtes céans de votre
plein gré revenu vous serrer dans cette nasse ?
    — Mais,
Monsieur de Siorac, dit le Président de la Place non sans que quelque
émeuvement se reflétât sur son austère face, pouvais-je abandonner les miens,
sur qui en mon absence on se serait peut-être revanché ?
    Ha !
pensais-je, on dit bien : qui prend femme et enfant lui fait, donne des
otages à la fortune. Mais qui pourtant se pourrait passer de ces tendres liens,
même si à la mal’heure, ils vous empêtrent et vous ligotent ?
    Comme ce
pensernent me traversait l’esprit et me laissait tant attristé du prédicament
de M. de la Place que j’en oubliais le mien, lequel peut-être par la vertu de
mon célibat, de mes vertes années et de mes vaillants compagnons, ne me
paraissait point tant désespéré – la porte de la librairie s’ouvrit, et
cette famille tant chérie apparut, fort désolée et quasi dans les pleurs. M. de
la Place me présenta à son épouse, laquelle était une demoiselle qui éfrizait
la quarantaine, le cheveu mi-blond mi-blanc saillant d’une petite coiffe de
velours noir, portant robe noire aussi, le vertugadin modéré, le décolleté
modeste, les manches hautes et gigotantes, et le clavier des clés du logis
pendu à la ceinture en la bourgeoise guise ; puis à sa fille qui était
tant belle et friande à voir qu’à la saluer, je baissai l’œil, connaissant ma
complexion, et ne la voulant point envisager trop gouluement en cette maison de
deuil ; au mari de celle-ci que mon hôte me dit être le Sieur Desmarets,
conseiller aux enquêtes, lequel avait bonne face, mais laissait apparaître
quelque frayeur, étant gendre d’un réformé tant notoire, et lui-même
huguenot ; et enfin à deux jeunes garçons qui, étant à l’âge où l’on est
apensé de ne mourir jamais, s’affligeaient davantage de l’infortune de leurs
parents que de la leur.
    Tous ces
nouveaux venants étaient dans l’affliction, et se pressèrent autour du chef de
la maison avec de sourds gémissements mais sans mot piper, qui le prenant dans
ses bras, qui lui baisant les mains, et qui à ses genoux tombant.
    — Ha !
mamie ! dit M. de la Place à son épouse en la relevant du sol, je vous
prie, ne vous tourmentez point ainsi ! Gardez en l’esprit que rien ne se
passe ici-bas, pas même la chute d’un passereau, que Dieu ne l’ait voulu.
Ainsi, que la volonté de Dieu soit faite et son seul nom béni !
    Me voyant
alors la porte gagner pour ce que je voulais laisser en leur ultime communion
les membres bientôt épars de cette famille affligée, M. de la Place me
dit :
    — Non,
mon ami, nous avons trop métier céans d’un homme de bien pour

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