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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Nançay.
    Une chambrière
m’ouvrit qui, ayant ouï ma question, alla sans me répondre querre une sorte de
gouvernante, laquelle m’ayant ouï, alla querre la fille du logis, laquelle,
sans me répondre davantage me dit, m’envisageant curieusement :
    — Monsieur,
quel étrange français est cela que vous parlez ? Et d’où vient ce bizarre
pourpoint que vous portez et qui n’est point, à ce que je vois, à la mode qui
trotte ?
    — Je
suis. Madame, du Périgord ; et mon pourpoint dont je suis bien marri qu’il
ne vous plaise point, a été façonné en Montpellier par le tailleur de M. de
Joyeuse. Peux-je savoir de vous, Madame, où habite M. de Nançay ?
    — Montpellier,
dit-elle, ouvrant de grands yeux noisette, au demeurant fort beaux, où est ce
mont-là que vous dites ?
    — C’est
une ville, Madame, près de la mer Méditerranne.
    Et qu’elle ait
ouï parler de la mer Méditerranne, je n’en suis pas assuré, même à ce jour, car
me faisant un souris et une plongeante révérence qui me donna beaucoup à voir,
elle me dit que, ne pouvant rien décider, elle allait querre sa mère –
laquelle, en effet, apparut peu après sur le seuil, se paonnant en une robe du
matin bleu pâle qui serrait du mieux qu’il se pouvait ses appas conséquents, la
face, là-dessus, pimplochée au désespoir, et le cheveu trop blond pour être
honnête.
    — Madame,
dis-je en la saluant quasi jusqu’au pavé, je suis votre humble et obéissant
serviteur. Peux-je savoir de vous. Madame...
    — Monsieur,
dit-elle la crête fort haute et m’envisageant de la tête aux orteils, non sans
pourtant laisser d’être satisfaite de son inquisition, si, en dépit de votre
étrange parlement qui sent bien un peu sa province, vous êtes, comme je le
cuide, gentilhomme, j’aimerais savoir qui vous êtes.
    — Madame,
dis-je, en mon for grinçant des dents, mais de mon extérieur, bénin, suave et
plus patient qu’angelot sur une image, je me nomme Pierre de Siorac et je suis
fils cadet du Baron de Mespech en Périgord.
    — Voilà
qui est bien. Je ne m’étais donc pas trompée. Vous n’êtes pas le premier
guillaume ou gautier venu. Mais Monsieur, dit-elle avec un air d’extraordinaire
avidité, qu’avez-vous affaire à M. de Nançay ?
    — Madame,
dis-je, vous répondant avec tout le respect du monde, n’est-ce pas plutôt à M.
de Nançay que je le devrais dire ?
    — Voire,
Monsieur, dit-elle, nullement rebuffée, je suis fort des amies de M. de Nançay
et je ne voudrais point qu’il puisse se plaindre à moi de lui avoir adressé un
fâcheux.
    — Je ne
suis point de ceux-là, dis-je quelque peu piqué, mon père connaît M. de Nançay.
Ils ont combattu ensemble à Calais sous le commandement du Duc de Guise.
    — Le Duc
de Guise ! cria-t-elle, fort émue, et le parpal houleux. Monsieur votre
père a servi le Duc de Guise ! Ah ! Monsieur ! Vous avez nommé
mon héros ! Le plus grand ! le plus beau ! Le plus saint des
gentilshommes de notre France ! Le Sauveur de royaume ! Le rempart de
la foi catholique ! Le vrai Roi de Paris ! Monsieur, pour l’amour du
Duc de Guise, demandez, je vous prie, demandez ! Il n’est rien que je ne
fasse pour vous !
    — Madame,
dis-je, je veux seulement savoir où habite M. de Nançay.
    — Ha !
pour cela, Monsieur, la chose est délicate. Je ne peux la décider seule. Je
vous demande un peu de patience (Dieu juste ! N’en avais-je point à
revendre !) et avec votre permission, je vais querre de ce pas mon mari.
    Et elle le
quit, en effet, Miroul se mettant le nez sur la crinière de ma Pompée pour non
pas rire, la fille étant revenue, sa mère partie, et en silence nous
envisageant sur le seuil comme si nous fussions des habitants d’une autre
planète, alors même qu’il y avait à Paris, mais point semble-t-il en la rue des
Sablons, tant d’autres gentilshommes huguenots ou catholiques, accourus des
parties du royaume les plus reculées pour les noces de la Princesse Margot.
    Le mari vint
qui était, je gage, quelque riche marchand, vêtu d’un austère marron, la fraise
au cou, chauve et ventru assez, l’œil aigu, et me posa à son tour des questions
à en mourir, tant est qu’à la fin, ne voulant pas affronter un homme qui se
disait comme son épouse « fort des amis de M. de Nançay » (en quoi
ils mentaient tous deux), je dus de force forcée lui conter mon affaire,
laquelle il ouït avec l’avidité la plus grande, et

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