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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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plus ou moins bon gré) au roi par son peuple. À l’issue de ces rassemblements cérémoniels, une fois la saison des pluies arrivée, les Fons redevenaient des paysans attachés à l’agriculture de subsistance, dans une région relativement fertile et peuplée — d’autant qu’à chaque génération les enfants d’esclaves nés sur le sol dahoméen devenaient dahoméens à leur tour.
    De 1818 à 1858, le long règne du roi Ghézo fut bénéfique au pays, malgré les tentatives renouvelées des Britanniques de lui faire abandonner la traite négrière. Or celle-ci était centrale dans son dispositif politique, puisque la guerre était rendue possible grâce aux fusils de traite que le roi recevait en échange des esclaves qu’il fournissait. Ghézo sut maintenir cette ressource fondamentale de son pouvoir, tout en s’adaptant aux nouvelles demandes du marché occidental : la production d’huile de palme, dont le commerce, loin de se substituer à la traite négrière, lui fut complémentaire. Les grands exploitants se mirent à utiliser les esclaves sur la palmeraie, et constituèrent ainsi, dans la seconde moitié du siècle, un patrimoine patrimonial qui resta dans l’indivision jusqu’au XX e  siècle. Le système politique était pyramidal, avec le monarque et sa cour au sommet, entourés d’une aristocratie complexe, faite à la fois de dignitaires locauxet de marchands afro-brésiliens, c’est-à-dire de ces anciens esclaves africains revenus du Brésil, médiateurs culturels chrétiens mais polygames, hommes d’affaires et politiques qui jouèrent un rôle important grâce à leurs richesses et à leur savoir. Cette unité nationale explique pourquoi la conquête du Dahomey par les Français (1890-1894) fut la guerre coloniale la plus dure et la plus longue de la région : le peuple soutint massivement la résistance conduite par le dernier roi indépendant, Béhanzin.
    L’État achanti, né d’une confédération de peuples de langue akan (Ghana central actuel), suivit à peu près la même évolution chronologique. Cette formation à la fois militaire, politique et marchande tenait son originalité des échanges avec l’arrière-pays, fondés sur la redistribution dans tout le sahel musulman des noix de kola dont elle était, aux limites de la zone forestière, un gros producteur. Sa prospérité était garantie par la présence de l’or, qui constituait, sous forme de poudre, la base monétaire de l’État, et dont l’exportation remédia au déclin de la traite des esclaves. C’est vers la fin du XVIII e  siècle que le chef supérieur, l’ asantehene , titulaire du « siège d’or », symbole de son autorité, assit son pouvoir. L’organisation politique y était comparable à celle du royaume d’Abomey (et l’on y pratiquait également des sacrifices humains en l’honneur des ancêtres royaux). Au début du XIX e  siècle, la capitale, Kumasi, comptait 25 000 à 30 000 habitants. Elle recevait aussi bien la visite d’Européens venus du sud que de marchands musulmans arrivés du nord en provenance dusahel. Là aussi, l’annexion britannique de 1896 fut très mal acceptée : une révolte menée par la reine mère éclata et dura plusieurs années. Les Achanti n’acceptèrent la souveraineté britannique que lorsque les Anglais se résolurent, en 1928, à restituer le siège d’or de l’ asantehene , symbole de la cohésion nationale.
    En Afrique centro-occidentale, l’habitat était très dispersé, et le commerce transcontinental, intense, se pratiquait surtout de relais en relais entre des communautés différenciées toujours prêtes à se razzier mutuellement. Néanmoins, il s’y développa aussi des formations politiques solides, dont la plus connue est le royaume kuba. Son essor dans le Kasaï occidental (une province de l’actuelle République démocratique du Congo), qui culmina dans la première moitié du XIX e  siècle, permit l’éclosion d’une culture superbe rendue célèbre, entre autres, par son art développé autour de la personne royale, ses masques et ses sculptures sur bois et cuivre.
    On pourrait multiplier les exemples de ces petits États-nations qui prirent forme à partir du XVIII e  siècle. Elles tiraient avantage de l’articulation entre une économie locale et régionale prospère et les opportunités d’un commerce international en expansion : les royaumes dits interlacustres — dont le Rwanda, le Burundi et surtout

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