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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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C’est ainsi qu’émergea dès le XII e  siècle une langue de communication qui allait devenir le swahili, et dont les premières traces écrites, en caractères arabes, remontent au XVI e  siècle. En même temps que la langue se développa une culture spécifique. Celle-ci, dès l’origine éminemment urbaine, puisque fondée sur l’activité portuaire des escales de commerce, allait s’épanouir au XVIII e  siècle.
    Entre le XVI e et le XVIII e  siècle, de solides formations politiques se développèrent également au cœur de l’Afrique centrale (dans l’actuel République démocratique du Congo). Ces empires, appelés Luba et Lunda, et situés aux confins de l’Angola et du Kasaï, ne furent connus des premiers voyageurs portugais qu’au moment de leur déclin. Ils leur firent cependant parfois grande impression, ainsi qu’en témoigne le récit de la première visite de la capitale du Kazembe en 1796. En ce qui concerne l’émergence et la force de ces empires, on en est réduit à des conjectures. Leur essor est dû à la conjonction de deux facteurs : d’une part, l’adoption assez précoce du maïs, qui permit une nette progression démographique, facteur favorable à l’organisation politique ; les souverains disposèrent ainsi de plus en plus de dépendants et de main-d’œuvre pour les plantations, les caravanes et leur armée ; d’autre part, l’exploitation du cuivre, qui joua dans ces régions le rôle de monnaie (sous forme de barrettes ou de bracelets) et dut favoriser lecommerce sous toutes ses formes, traite des esclaves incluse. Mais cette dernière allait, comme ailleurs, provoquer leur déclin, au moment où le trafic négrier international (notamment la traite atlantique entre Kongo, Portugal et Brésil) prit définitivement le pas sur toutes les autres formes d’activité. On sait en tout cas qu’au XIX e  siècle le brigandage s’était intensifié dans toute la zone, laquelle était ravagée par les razzias des royaumes négriers alentour (comme celui de Msiri, au Katanga).
    Des pans entiers de ce passé ont été partiellement et parfois totalement enfouis à cause des destructions ultérieures liées à l’ampleur croissante des traites esclavagistes internes et externes. C’est ce qu’indique le titre donné à la seconde édition de l’ouvrage précurseur du grand historien britannique Basil Davidson, Lost Cities of Africa (« Les villes d’Afrique oubliées », 1965), initialement intitulé Old Africa rediscovered (« L’Afrique ancienne redécouverte »), et traduit en français en 1962 sous le titre L’Afrique avant les Blancs .
     
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    Note du chapitre 6
    1 . L’ancienneté de Djenné-Djéno, qui se développa sur le fleuve de 250 av. J.-C. environ au IX e  siècle de notre ère, fut révélée en 1980 grâce aux fouilles de deux archéologues américains, les McIntosch.

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    L’indépendance africaine au XIX e  siècle
    E n Afrique subsaharienne, le XIX e fut un siècle de bouleversements majeurs, qui ne relevaient qu’en partie des troubles liés à l’avancée coloniale, encore très limitée. La quasi-totalité du continent, hormis l’Afrique du Sud et l’Algérie, resta en effet indépendante jusqu’au dernier tiers du siècle.
    L’Afrique occidentale
    Tout le long de la côte occidentale d’Afrique, de la Sénégambie à la côte de l’actuelle Namibie, les populations furent très tôt en contact avec les étrangers arrivés par l’Atlantique. Les Portugais et les Hollandais, les principales puissances maritimes de l’époque, créèrent de nombreux comptoirs fortifiés (que l’on appelle aussi des « forts ») de commerce tout le long de la côte dès le XVI e et le XVII e  siècle : Saint-Georges-de-la-Mine (devenu ensuite Elmina) sur la côte de l’Or,Luanda sur celle del’Angola actuel, ou Le Cap, escale de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales située à mi-chemin de la Hollande et de ses comptoirs indonésiens. Les Français et les Britanniques les imitèrent à partir du XVII e  siècle : Saint-Louis du Sénégal et l’île de Gorée furent occupés par les agents de la Compagnie française du Sénégal, tandis que les Anglais occupèrent, entre autres, les ports de Cape Coast Castle (dans l’actuel Ghana) et de Lagos (dans l’actuel Nigeria), pris aux Portugais. À leur arrivée, les Portugais découvrirent parfois des capitales de petits royaumes bien organisés qui forcèrent leur

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