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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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admiration : ce fut le cas du royaume du Bénin, en pays yoruba, qui devait une partie de son essor à sa situation — à mi-chemin des routes venant du Nord (sahélo-soudanien) et de celles venant du Sud forestier. Benin City reste célèbre pour ses bas-relief et statues de bronze du XVI e  siècle (sans nul doute dérivées des magnifiques têtes de bronze représentant les souverains d’Ifé au XII e  siècle 1 ). Le royaume du Kongo, qui recouvrait une partie de l’Angola septentrional, leur fit aussi forte impression. Un de ses souverains, Nzinga Nkuwu, soucieux de saisir l’opportunité de commercer avec des étrangers apparemment si prometteurs, se convertit (et convertit son peuple) au catholicisme dès le XV e  siècle (1491), culte dont il est demeuré tardivement des traces :au tout début du XVIII e  siècle, il y eut même une héroïne, Kimba Vita (dite Béatrice du Congo), qui appela, au nom de la religion, à la révolte contre la mainmise portugaise. Dénoncée par les missionnaires, elle finit brûlée comme hérétique sur l’ordre du roi 2 .

    Source : C. Coquery-Vidrovitch, Afrique noire, permanences et ruptures , L’Harmattan, 1983.
    L’Afrique politique XVIII e - XIX e  siècle
    Dès lors que la traite atlantique se généralisa, ces formations politiques antérieures, après avoir bien accueilli les nouvelles opportunités qui leur étaient offertes, ne surent y faire face et déclinèrent. Puis elles finirent, au XIX e  siècle, faute de mieux, par vendre leurs propres sujets comme esclaves, ce qui fragilisa évidemment leur existence même. En revanche, d’autres comprirent les enjeux et parvinrent à s’adapter au nouveau marché. C’est ainsi qu’une série de petits royaumes « négriers » se développèrent vers la fin du XVII e  siècle. Ils connurent successivement leur apogée et leur déclin au XIX e  siècle, quand les Européens mirent fin à ce qu’ils appelaient désormais le « commerce honteux ». Les plus connus furent le royaume d’Abomey (Bénin méridional actuel), le royaume achanti (Ghana central actuel), et les nombreuses petites cités-États actives sur la côte Ewe (Togo) ainsi que dans les nombreuses îles du delta du fleuve Niger. Il s’agissait de petits États-nations — le terme n’est pas exagéré, mutatis mutandis évidemment — dont l’émergence (à la fin du XVII e  siècle), l’apogée (dans lesannées 1760-1840) et le déclin (dans la seconde moitié du XIX e  siècle) coïncident chronologiquement avec l’évolution parallèle de la traite des esclaves atlantique, celle-ci se développant elle-même simultanément à l’extension des plantations de canne à sucre, du Brésil vers les Caraïbes. Il ne s’agit aucunement du hasard, mais bien d’organismes politiques qui se mirent en place en étroite corrélation avec le marché international dominant de l’époque, au moins jusque dans la première moitié du XIX e  siècle.
    Un des meilleurs exemples nous est fourni par le royaume d’Abomey, qui constituait une communauté politique forte, de langue et de culture fons, organisée en un système qui combinait la guerre et le commerce : à chaque saison sèche, l’armée, sous le commandement du souverain et la conduite des divers chefs de province, partait aux confins de sa zone d’influence faire des prisonniers destinés à nourrir le commerce d’esclaves. Le retour des soldats donnait lieu à de grandes fêtes dans la capitale, qui duraient cinq à six semaines. Elles nous sont bien connues grâce aux descriptions qu’en ont faites les voyageurs, pour la plupart marchands d’esclaves européens dont le roi exigeait alors la présence. Ce dernier y faisait étalage de sa puissance en faisant défiler ses richesses, dont les nouveaux esclaves razziés, et les nombreux présents offerts par ses partenaires atlantiques (carrosses, meubles ou, bien entendu, fusils européens). Ces fêtes lui permettaient de redistribuer une partie du butin à ses sujets. Elles étaient aussi l’occasion de grandes cérémonies religieuses, destinées à honorer les ancêtresroyaux, où se pratiquaient notamment des sacrifices humains (d’esclaves bien entendu), sacrifices démultipliés lors des funérailles royales, où ils étaient censés accompagner le souverain au royaume des morts. Les Européens ont aussi décrit un corps d’armée tout particulier, celui des Amazones, composé de jeunes femmes offertes (de

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