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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d'organisation, malheureusement pourvu d'une épouse acariâtre et affreusement jalouse. Elle le faisait coucher dans cette chambre dont on ne peut sortir qu'en passant par la sienne. Tout au moins, elle imaginait qu'il ne pouvait en sortir. Mais aussi industrieux que madré, le notaire ducal, qui court le jupon plus facilement que le lapin, avait, de ses mains, aménagé cette trappe qui lui permettait de gagner le grenier. Tout au bout, il y a l'ouverture par laquelle on rentre les foins.
    Elle donne sur le verger qui descend à la rivière. J'ignore si l'échelle y est toujours, mais vous êtes jeunes, tous les trois, et l'herbe est haute.
    Vous sauterez sans trop de mal.
    — Ensuite ? souffla Gauthier qui écoutait passionnément.
    Comment trouver des chevaux, franchir les portes ?
    Ne le cherchez même pas, vous vous feriez reprendre. Traversez la rivière à la nage et escaladez la butte du château. Près de la barbacane, il y a un fourré épais. Vous pourrez vous y cacher pour attendre le jour et, quand le pont-levis se baissera...
    — Vous voulez que nous cherchions refuge au château ? fit Bérenger abasourdi. Mais ne vaudrait-il pas mieux prendre le large ?
    — Par quel moyen ? Vous seriez repris avant le milieu du jour et je ne sais trop ce qu'il adviendrait de vous. Croyez-moi, le château est votre seule chance. Là, vous serez à l'abri et vous pourrez attendre que les Écorcheurs se lassent ou bien qu'un secours arrive.
    Devant cette perspective, les deux garçons eurent grand-peine à faire taire leur joie et leur enthousiasme, mais Catherine, elle, ne disait rien. Elle avait suivi silencieusement les explications de Landry, jeté un coup d'œil au réduit, puis elle était déjà revenue vers le lit et entourait de ses mains l'une des colonnes, comme si elle voulait s'y accrocher.
    — Je ne peux pas ! Je ne peux pas partir, balbutia-t-elle. Ne comprenez-vous pas que je veuille demeurer avec lui jusqu'au bout ?
    Partez, vous, les garçons ! C'est Bérenger qui est en danger. Une fois qu'il ne l'aura plus sous la main, le Damoiseau ne pourra plus me contraindre.
    — Crois-tu ? fit Landry durement. Tu veux, dis-tu, rester jusqu'au bout ? Jusqu'au bout de quoi ?
    — Mais... de sa vie ?
    — Il n'est pas encore mort et peut-être ne le sera-t-il pas demain.
    Comment crois-tu que réagira le Damoiseau quand il s'apercevra de la fuite des garçons ? Il te fera mettre à la torture ?... Non pas ! Le démon est plus malin que ça ! C'est ton époux, tout blessé qu'il est, qui remplacera Bérenger ! Te sens-tu le cœur de le voir étendu sur un gril
    ?
    Le cri jaillit qu'elle ne put retenir :
    — Non !...
    Puis, plus bas :
    — ...Il n'oserait pas. C'est son frère d'armes !
    — Pauvre idiote ! Tu n'as encore rien appris ! Entre cette vue de l'esprit et le gros château de Dame Ermengarde, ce genre d'homme n'hésite pas. Je ne suis pas certain qu'il y ait un seul sentiment humain dans ce beau démon ! Mais si tu te sens le courage de courir le risque...
    Catherine baissa la tête et lâcha la colonne. Elle n'avait pas la force de répondre et se contenta de faire signe que non. Elle était vaincue.
    Landry avait raison : il lui fallait partir avec les autres, laissant derrière elle celui qu'elle aimait sans même la possibilité de savoir ce qu'il adviendrait de lui. Ce n'était pas elle qui recueillerait son dernier soupir ou, si Dieu accordait l'improbable grâce, qui recueillerait son premier regard...
    Si lourde était sa peine, si pesant son cœur douloureux, qu'elle ne put s'empêcher de tenter un ultime effort.
    — Qui m'assure qu'ils ne le tueront pas quand nous serons partis ?
    Je ne peux pas le laisser seul, Landry... je ne peux pas l'abandonner sans défense aux mains de ces brutes !
    — Il ne sera pas seul : je reste, moi.
    — Tu es fou. Ils te massacreront.
    — Je ne crois pas ! Ce garçon qui a la langue si bien pendue va me bâillonner et me ficeler convenablement avec des liens qu'il obtiendra en déchirant les rideaux. Et même, il m'assommera un peu pour que cela fasse plus vrai. La suite me regarde.
    Déjà Gauthier et Bérenger, pressés de passer à l'action, décrochaient deux rideaux, les déchiraient en longues bandes qu'ils tordirent comme des torons de chanvre. En un rien de temps, le moine fut convenablement ligoté, tandis que Catherine éperdue regardait sans pouvoir se résigner à leur apporter la plus petite aide.
    Elle avait pris la main de son époux et la

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