Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
déchéance.
    — Comment ?
    — Si le seigneur de Montsalvy quitte le siège de Paris et abandonne l'armée pour retourner chez lui, comment sera-t-il jugé par ses pairs ? Je ne sais pas comment Gonnet s'y prendra, mais il veillera à ce que ce départ ait l'air d'une fuite... ou d'une trahison. "Il est toujours possible, a-t-il dit, de laisser derrière soi une trace compromettante et je verrai à saisir une occasion." Et comme messire Arnaud disparaîtra peu après, Bérault d'Apchier aura toutes les facilités pour se faire donner, en toute propriété et très légitimement, les biens d'un traître ! Ce ne sera pas la première fois que le roi Charles VII frappera la maison de Montsalvy !
    Cette fois, il n'y eut ni cris de colère, ni même de commentaires.
    L'indignation, le dégoût tenaient tous ces braves gens muets de stupeur.
    Mais Catherine se leva et son regard fier fit le tour de l'assemblée.
    — Alors, nous n'avons rien à craindre ! Monseigneur a trop le sens de son devoir... et trop de confiance en vous tous, ses vassaux, et en moi, sa femme, pour déserter en face de l'ennemi uniquement afin de voler à notre secours. Même s'il savait Montsalvy en flammes, il ne quitterait pas l'armée que la campagne ne soit achevée, et cette fois moins encore que jamais, car c'est de Paris qu'il s'agit, la ville capitale du royaume qu'il faut enfin arracher à l'Anglais et rendre à notre Roi !
    Ton Gonnet perdra son temps, ajouta-t-elle en se tournant vers Gervais, le seigneur de Montsalvy ne désertera pas, même pour nous tirer de péril. Tout au plus enverra- t-il avec la permission du Connétable ce qu'il pourra distraire de ses troupes personnelles.
    Les paroles de la jeune femme firent l'effet d'un flot d'huile jetée sur une eau bouillonnante. Toutes les poitrines se dégonflèrent, tous les visages s'apaisèrent et l'on échangea même des sourires à la fois ravis et triomphants.
    — Mais bien sûr ! fit Guillaume Bastide. Messire Arnaud saura faire ce qu'il faut pour nous aider sans risquer sa réputation de chevalier et le chien bâtard en sera pour ses frais.
    — Ben voyons ! grogna Nicolas en haussant les épaules. Il n'est pas tombé de la dernière pluie et les malices des Apchier sont trop grosses pour lui.
    Alors, Gervais se mit en colère. De la plus imprévisible façon, cet homme lié de cordes et qui se savait promis au gibet parut trouver insupportable que l'on n'accordât pas plus de crédit à ce qu'il disait.
    Sans même songer davantage à marchander ses renseignements, emporté par une aveugle fureur, il hurla :
    — Bande d'abrutis ! Qu'est-ce que vous avez à vous rengorger comme des dindons, à jouer les esprits forts et à vous congratuler ? Je vous dis moi qu'il suivra Gonnet et qu'il reviendra. Parce qu'il ne pourra pas faire autrement. Comment est-ce que vous croyez qu'il va réagir, votre messire Arnaud, quand Gonnet lui dira que sa femme est la maîtresse de Jean d'Apchier, que c'est elle qui a fait venir son amant ici pour lui livrer la ville... et quand il lui donnera la preuve qu'ils couchent ensemble ?
    Il y eut un silence de mort. Incapables d'en croire leurs oreilles, tous se regardèrent, tandis que Catherine, devenue aussi grise que sa robe, restait figée sur place, les yeux démesurément agrandis... Puis, d'une voix blanche qui n'avait pas l'air de lui appartenir, fixant droit devant elle un point de la muraille, elle répéta :
    — La preuve ?... Quelle preuve ?

Épouvanté par l'effet de ses paroles, Gervais n'osait plus bouger et ne répondit pas. Alors, brusquement, elle se déchaîna, bondit sur lui et le saisissant par le col de son justaucorps crasseux, elle se mit à le secouer.

    — Quelle preuve ? cria-t-elle. Vas-tu parler ? Quelle preuve ?...
    Dis-le ou je te fais arracher la peau !
    Avec un gémissement de terreur, Gervais glissa de ses mains et se laissa tomber devant elle, face contre terre. Il balbutia :
    — Une de vos chemises... et aussi une lettre... une lettre d'amour...
    ou plutôt un morceau de lettre.
    Mais la jeune femme avait trop présumé de ses forces. Elle était exténuée et le mouvement violent qui l'avait jetée sur Gervais avait réveillé la douleur de son épaule. Elle ouvrit la bouche pour parler sans qu'aucun son n'en sortît. Alors ses yeux se révulsèrent et, battant l'air de ses bras, elle s'écroula sur les dalles à côté du prisonnier, sans connaissance.
    Aussitôt, on se précipita. Bérenger qui durant toute

Weitere Kostenlose Bücher