Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
homme qui fût, pour rien, dit Serena avec froideur. Parce que si vous vous débarrassez de moi et de Guillem, tout reviendra à ma fille Clara. Elle est vivante. Et en sécurité.
    — Elle était vivante. C’est vrai, dit-il avant de poursuivre sur le ton de la conversation. L’histoire de sa mort m’a paru bizarre, alors je l’ai cherchée. Vous l’aviez bien cachée, Serena, mais je l’ai tout de même retrouvée et je me suis assuré qu’elle serait si loin de ce royaume quand je revendiquerais mes biens que personne ne découvrirait qu’elle était encore vivante. Enfin, si elle l’est toujours…
    — Quand l’avez-vous trouvée ?
    — Il y a un mois. La faire livrer à des trafiquants d’esclaves m’aura coûté cinq cents sous, mais peu importe, je serai largement remboursé de mes dépenses.
    — Vous avez dû vendre une autre fille, Luis. Il y a trois jours, Clara bénéficiait de la protection de Sa Majesté la reine. J’en ai la preuve. Alors quittez mon vignoble avant que je lâche mon chien.
    — Je n’y crois pas ! s’écria-t-il. Elle est en Égypte. Il m’a juré qu’il la conduisait dans ce pays, où des acheteurs donneraient le maximum pour une telle créature. Vous mentez !
    — Non. Peut-être avez-vous menti, trahi, poignardé dans le dos des innocents, Luis, mais pas moi. Je vous jure que tout ce que vous avez fait l’a été en vain. Elle est vivante et en sécurité.
    — Dans ce cas, je la retrouverai, hurla-t-il, et je l’épouserai !
     
    Yusuf quitta sa couche, s’habilla et descendit pieds nus dans la cour afin de tirer l’eau du puits. Il lava son visage et but tout son saoul avant de se rendre dans la cuisine, où la cuisinière lui tendit sans cérémonie un morceau de pain de la veille. Il la salua en guise de remerciement et partit vers le jardin clos ; les premiers rayons du matin baignaient déjà de chaleur et de lumière la partie haute du mur ouest. Comme un chat, il se fraya un chemin parmi les choux, grimpa sur le mur et observa avec intérêt la déambulation de son maître autour de la maison, dans la prairie et jusqu’aux écuries. À un moment, Isaac leva son bâton : Yusuf rangea dans sa tunique le pain qui lui restait et sauta de l’autre côté du mur.
    Il courut en silence le long de la bordure est de la prairie jusqu’à atteindre la rangée d’arbres qui en marquait la limite sud. Il s’arrêta un instant pour écouter, puis suivit les arbres vers les écuries, s’arrêtant à hauteur du quatrième.
    On lui avait dit de traverser la prairie sans être vu, mais il n’y avait rien pour se mettre à couvert entre le ruisseau et lui, rien que quelques animaux occupés à paître. Dans la vigne, on avait une excellente vue de toute la propriété, jusqu’aux arbres qui bordaient la route. Même s’il rampait, on pouvait le voir. Mais une aide inattendue s’offrit à lui. Non loin de là, une ânesse le considérait avec intérêt. Yusuf déchiqueta un morceau de pain et le tint à bout de bras de manière tentante. Elle le regarda, réfléchit, arracha une ultime touffe d’herbe, puis se dirigea vers lui, le regard rivé sur le pain.
    Après une dernière hésitation, elle mangea dans sa main.
    — Viens, ma belle, on va faire un tour.
    Son plan consistait à effectuer deux diagonales dans la prairie jusqu’à atteindre le ruisseau : l’ânesse se trouverait en permanence entre la vigne et lui. Cela réussit au-delà de ses espérances. Deux chevaux et une mule manifestaient une vague curiosité à l’égard de leur compagne d’écurie : ils remarquèrent le pain. En un instant, il se retrouva au milieu d’une petite bande. Distribuant judicieusement des bouchées de pain, il traversa la prairie.
    Il s’arrêta dans une petite cuvette, protégé par un buisson ; une fois encore, lentement, avec méthode, il scruta le paysage. Ses compagnons attendirent quelques instants puis, désintéressés, se dispersèrent en direction du ruisseau. Il fit un pas dans l’eau froide, puis s’accroupit, silencieux. Il marcha alors avec précaution sur les pierres, le gravier coupant, les flaques de boue. Quand il fut assez près du banc pour entendre, il s’arrêta.
     
    La lumière qui pénétrait par les fentes des volets réveilla Raquel. Elle sauta à bas du lit, entrouvrit la porte et tendit l’oreille. La maison était encore endormie, à l’exception de quelques sons étouffés en provenance de la cuisine. Elle jeta un

Weitere Kostenlose Bücher