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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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aimerait voir son frère. Je ne doute pas qu’elle vous expliquera tout. Vous avez tout juste le temps de vous préparer. La galée appareille à l’aube.
    Clara était pétrifiée. Les derniers mots de la reine résonnaient dans sa tête.
    — Comprenez-vous le sens de mes paroles, Doña Clara ?
    — Votre Majesté est le plus généreux des monarques, finit par dire Clara, les yeux pleins de larmes. J’ignore comment, mais vous m’avez sauvée et rendue à ma famille. Je vous dois ma vie et mon honneur. Comment vous rembourserai-je une telle dette ?
    — Ne parlez pas de dette, mon enfant. Je n’ai pas retrouvé votre mère. D’autres s’en sont chargés. Vous aurez l’occasion de les remercier à votre retour. Je vous souhaite une plaisante traversée.
    L’entrevue était terminée.
    Clara rangea ses effets – à peine plus nombreux que lors de son arrivée – dans un coffre apparu comme par enchantement. Ils étaient bien loin de le remplir.
    — Tomasa, dit-elle, regardez. Je pourrais rentrer dans ce coffre et il y aurait encore de la place.
    Doña Maria López de Heredia écarta la tenture. Les deux jeunes femmes se levèrent brusquement pour faire une révérence.
    — Je vous ai apporté quelque chose de la part de Sa Majesté, dit Doña Maria. C’est un cadeau de noces.
    — Vraiment ? fit Tomasa. Mais ni elle ni moi n’allons…
    — C’est pour Doña Clara, par égard pour son père et pour elle-même, dit Doña Maria sur un ton quelque peu solennel.
    Elle s’écarta et sa suivante entra, porteuse de la robe verte sur laquelle Clara avait brodé des animaux fantastiques et des fleurs.
    — Désirez-vous que je la range ? demanda la suivante, qui entreprit aussitôt de la plier proprement et de la disposer dans le coffre.
    — Quel honneur ! dit Doña Maria. C’est un cadeau splendide.
    Elle sortit de la tente.
    — Ce qu’elle entend par là, expliqua Tomasa, c’est qu’elle aurait dû en être l’heureuse bénéficiaire. Je pensais qu’elle était destinée à l’une des nièces de Sa Majesté qui vivent en Sicile.
    La suivante se releva, sourit et disparut.

CHAPITRE XX
    Au matin du deuxième jour à la finca, Isaac s’éveilla après avoir dormi d’un sommeil léger. Les piaillements des oiseaux annonçaient l’aurore. Il resta allongé, immobile, pour écouter : quelqu’un se levait dans une pièce voisine. Au grincement d’un gond de porte, il se leva, fit ses ablutions, se vêtit et dit ses prières matinales. Avant de prendre son bâton, il réveilla Yusuf qui dormait dans la même pièce, sur un lit improvisé.
    La cuisine débordait déjà d’activité. Les feux avaient été allumés et, à ce qu’il entendait, deux personnes au moins étaient déjà au travail.
    — Bonjour, maître Isaac, lui dit la cuisinière. Dès que le four sera assez chaud, j’y ferai cuire le pain. Si vous avez faim, il m’en reste encore d’hier.
    — Merci beaucoup, mais je vais attendre pour déjeuner, répondit-il en se dirigeant vers la porte.
    — La señora doit être dans la vigne, maître Isaac. Elle aime y réfléchir le matin. Le garçon va vous accompagner si vous voulez vous joindre à elle.
    — Je peux trouver mon chemin tout seul, maîtresse. Ne vous inquiétez pas pour moi. Vous avez déjà assez de travail.
    — C’est vrai, dit la cuisinière qui façonnait de petits cylindres de pâte qu’elle mettrait ensuite au feu. Il a une façon de se repérer, c’en est étonnant, ajouta-t-elle à l’adresse du garçon.
    Mais ce dernier était si affairé qu’il ne l’entendit pas.
    Isaac quitta la maison, humant l’air matinal et écoutant les sons de la campagne. Il trouva le chemin qui menait au ruisseau, localisa le petit pont et le franchit. De là, il marcha d’un pas confiant vers le banc installé dans les vignes.
    — Maître Isaac, appela Serena, venez vous joindre à moi si vous le souhaitez !
    — J’en serais enchanté, señora.
    — Prenez place, là, près de moi. C’est ici que je viens trouver la paix.
    — Ce doit être un endroit charmant. Tous ces fruits, ces fleurs odorantes, ces oiseaux qui chantent, le bruissement de cette eau…
    — Oh oui. J’étais là, à examiner les grappes, dit-elle d’une voix qu’elle maîtrisait parfaitement, quand le seigneur Oliver m’a apporté la nouvelle de la mort de Gil.
    Elle s’arrêta pour reprendre sa respiration.
    — Je vivais cette triste expérience pour la seconde fois,

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