Quelque chose en nous de Michel Berger
belle blonde fragile qui correspondait à ses canons féminins. Je suis allé rencontrer Kim et son mari manager dans leur maison de Santa Monica. Elle avait entendu tout l’album Starmania et compris le personnage de Marie-Jeanne instinctivement. Elle accepta d’emblée de chanter “The Working Girl”. Michel enregistra la base dans son nouveau lieu de travail parisien, le studio Face B à deux pas de son domicile dans le dix-septième. La voix de Kim a été enregistrée au studio Ocean Way, sur Sunset, en même temps quecelle de Kevin Robinson, chanteur d’un groupe local que m’avait recommandé Steve Madaio. Pour le titre de Kim Carnes, qu’elle interprète avec la voix résignée, mélancolique et légèrement éraillée désirée, Tim Rice souhaite ajouter un accordéon, pour lui donner une touche “parisienne”. Trouver un accordéoniste qui joue autre chose que du “tejano” ou de la polka à Los Angeles relève de l’exploit. Au final, c’est l’arrangeur Jimmy Haskell qui apporta sur le breakdown et la coda cette couleur très inhabituelle dans les morceaux de Michel Berger, qui l’escamota d’ailleurs en partie lors du mixage final. Peter Frampton, dont Michel appréciait beaucoup la musicalité, est ensuite venu jouer tous les soli de guitare, comme il l’avait fait sur Rock’n’roll attitude pour Johnny. »
Pour la dernière étape californienne du projet, Céline Dion, dont la carrière internationale décolle, doit chanter « Ce soir on danse à Naziland », devenu « Tonight We Dance (Extravagance) » au studio Ground Control de Santa Monica. Le 23 avril 1991, lendemain de sa performance, l’ingénieur chilien Humberto Gatica, star des studios de Los Angeles, mixe le titre et le fait écouter à Michel et Tim Rice. La technique impressionnante de Céline et son attention minutieuse au moindre détail interpellent Michel, qui lui confie aussitôt le rôle de Marie-Jeanne, et son titre-phare, « Ziggy », qui sera mis en boîte plus tard à Paris dans le studio blanc par le team Top/Pérathoner/Salmieri/Lable. Lorsque sa concitoyenne Fabienne Thibeault l’interprétait dans la version originale de Starmania, Céline n’avait que dix ans, mais la chantait déjà avec ses frères et sœurs au Vieux-Baril, le piano-bar familial à Charlemagne, Québec. Elle était déjà proche de Luc Plamondon, et quelques mois plus tard, en novembre, elle publie l’album Dion chante Plamondon (en France il s’appellera Des mots qui sonnent ), avec pas moins de quatrechansons de Starmania, dont « Ziggy », numéro deux du Top 50, si semblable à Luc, ce « garçon pas comme les autres ». Pour « Only the Very Best », soit « SOS d’un Terrien en détresse » où Daniel Balavoine avait mis la barre très haut, Peter Kingsberry, le chanteur de Cock Robin qui se partage entre Redondo Beach et Paris, satisfait pleinement les espoirs de Michel avec son interprétation lyrique et donnera un second tube à Tycoon , malheureusement après la disparition de son compositeur.
Le feuilleton « À la recherche du nouvel interprète du “Blues du businessman” » n’est toujours pas terminé. Michael McDonald, qui enregistre un duo avec Aretha Franklin et tourne avec Donald Fagen dans la New York Rock’n’Soul Revue, a refusé à son tour, tout comme la star japonaise Toshi Kotuba. Michel doit repousser poliment la candidature de la mezzo-soprano new-yorkaise Julia Migenes-Johnson qu’il a produite sur Apache en 1987, et de la femme de Tim Rice, Elaine Page au look Sophie Davant, vedette de Hair à Londres, puis d’ Evita , et interprète du tube mondial « Memory ». Puis reprend contact avec Bill Champlin, présent sur Dreams in Stone et depuis devenu lead singer de Chicago. Malgré une maquette prometteuse, les Anglais, qui produisent le projet, estiment que trop d’Américains y figurent déjà, et continuent de prospecter chez eux. C’est ainsi qu’en octobre Muff Winwood suggère une option saugrenue : Boy George ! Ce dernier n’est plus au top de sa carrière avec Culture Club, s’est en partie reconverti en DJ Krishna, mais exige, comme Cyndi Lauper, de maîtriser entièrement la production du titre. Le 1 er décembre, Michel écoute le résultat dans les bureaux opulents de Sony Londres. Il expédie en sortant un fax que Philippe Rault a conservé :
« Philippe, voici les nouvelles. J’ai écouté la versiondu “Blues du businessman” par Boy George, que j’ai mise à la poubelle
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