Quelque chose en nous de Michel Berger
partenaires, avec Les Misérables, il voulait faire pareil. Il avait en matière de scénarios de très beaux projets avec René Cleitman. Il réalisait les clips de France comme celui de “Babacar” pour s’exercer à la réalisation aussi. Il voulait vraiment s’investir dans le cinéma. Il me répétait qu’arriverait le temps où il n’aurait plus rien à dire dans la musique. “Un jour, on sera sec”, radotait-il comme une obsession. »
Échaudé, dépassé, terriblement sollicité, Michel Berger ne donnera pas vraiment suite à cette carrièreoutre-Atlantique. « Je n’ai pas eu le temps d’enregistrer les deuxième et troisième albums prévus par mon contrat. C’est la première fois à ma connaissance qu’un dément fissure ainsi leur système. C’est une question de choix. Pour enfin m’imposer là-bas, il me faudrait tout arrêter pendant au moins deux ans, renoncer à ma tournée, au Zénith, au prochain album de France. »
Il connaîtra une autre désillusion avec le business américain quand Diana Ross, qu’il est allé voir à Las Vegas, le sollicite pour qu’il lui écrive un album entier tant elle a adoré Starmania, parfaitement dans ses cordes de all around entertainer, habituée d’Hollywood ( Lady Sings the Blues , Mahogany , The Wiz ) et de Broadway (elle y a remporté un Tony Award). Malheureusement, sa maison de disques s’y oppose, ne tenant absolument pas à prendre de risques avec un Français inconnu au bataillon et préfère la confier aux Bee Gees. Il en sera très déçu, mais peu à peu, dans les milieux musicaux, sa réputation grandit, se répand. « J’avais eu l’occasion de me rendre à New York avec Michel pour divers projets le concernant ou concernant France et encore en 1990 pour La Légende de Jimmy, rappelle Philippe Rault. Il cherchait activement depuis la création de Starmania à en monter une version anglophone. C’était une question insistante : comment trouver un producteur pour l’adapter à Broadway ? Sans tourner à l’obsession, on savait que ce sujet était toujours à quelques millimètres de la surface dans ses conversations d’affaires, un sujet que Michel était prêt à évoquer au moindre prétexte. En 1987, je me souviens de m’être retrouvé avec lui à plusieurs reprises dans un taxi descendant vers Greenwich Village du côté de Times Square, peu de temps après l’apparition au Broadway Theatre des Misérables ( Les Miz ), la production américainedu spectacle de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil, qui avait été superbement reçue par le public américain. Et commençait une carrière qui allait y durer seize ans. À chaque fois, Michel me disait : “Tu te rends compte, comment ça marche ici, Les Miz, c’est incroyable ! Et nous, on n’arrive même pas à avoir une touche pour Starmania, c’est pas possible.” C’était d’autant plus agaçant pour lui que Claude-Michel était son ami depuis toujours et que la compétition et la rivalité professionnelle faisaient également partie de leur relation. »
Pour encourager son ambition à l’export, Michel Berger reçoit l’appui, l’onction la plus officielle et diplomatique qui soit : celle d’un fan de Starmania, François Mitterrand, récemment et triomphalement réélu à la présidence de la République française. Le 7 novembre 1988, il en offre une représentation dans le salon des fêtes de l’Élysée à l’intention de Lady Di et du Prince de Galles, Charles Windsor. Danielle Mitterrand et Jacques Attali posent avec Michel, Luc et les souverains, « Dieu » inclus, à cette occasion, où le spectacle est condensé en une heure et où seuls deux musiciens jouent en direct, en plus des bandes enregistrées, dont Philippe Pérathoner, le frère de Serge.
En septembre 1989, Michel est à Londres, au studio Air de George Martin, le producteur des Beatles, en compagnie de Serge Pérathoner, pour auditionner des chanteurs anglais sur les bases informatisées – et donc transposables à volonté en fonction des tonalités demandées – du dernier Starmania, obnubilé, toujours, par son internationalisation. « Michel trouvait incroyable le succès des Misérables, où il n’y avait pas un tube, et ne comprenait pas pourquoi Starmania, qui en regorgeait, ne trouvait pas preneur », raconte Serge.
« Déjà, lors de séjours précédents à Los Angeles,Michel avait contacté un certain nombre de producteurs potentiels, reprend Philippe. En 1986,
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