Quelque chose en nous de Michel Berger
devant tout l’état-major de CBS-Sony Londres. Ça a fait de l’effet. Donc exit George. Tim veut absolument demander à Jason Donovan, ce qui nous navre, et pour contre-attaquer vite, on a eu l’idée de Richard Cocciante, un chanteur italien avec une voix sublime et qui a déjà fait des essais en anglais. On a rendez-vous avec lui le 11 décembre. Aux dernières nouvelles, Roman Polanski accepterait de faire le clip de Cyndi : j’ai rendez-vous avec lui aujourd’hui, on va bien voir. As-tu réfléchi à Carole Bayer-Sager ? Amitiés, Michel. »
C’est alors que Muff Winwood a l’idée de contacter Tom Jones. Le vétéran gallois vit à Los Angeles et Rault est chargé de le convaincre. « Le 16 janvier 1992 au studio Mad Hatter de Silver Lake appartenant à Chick Corea, Michel et Tim Rice se retrouvent pour l’une des dernières séances de Tycoon . Le lendemain des prises, Tom Jones, fin prêt pour l’enregistrement, d’un abord fort sympathique et déterminé à donner le meilleur de lui-même, emballe le morceau en quelques passes. Il n’y avait rien à redire. Il venait de nous sauver la vie. » Pour finir, il reste « Travesti », enregistré à deux pas du quartier de Clichy-Pigalle, au studio Face B de Michel et France par son équipe fidèle. L’adaptation en anglais de Tim Rice, « You Get What You Deserve », est beaucoup plus violente et descriptive que le texte de Plamondon, et convient parfaitement à la personnalité extravertie et déjantée de Nina Hagen, ses vocalises hystériques portent idéalement cette expression de rage féministe et dominatrice.
L’album enfin complété est mixé par Frank Filipetti, dont le travail sur les titres de Cyndi Lauper avait impressionné Michel, qui le fait venir au studio Guillaume-Tell, à Suresnes, au printemps 1992. Unan et demi après le premier rendez-vous avec Jevetta Steele, Michel, Luc Plamondon, Tim Rice et Muff Winwood peuvent procéder à l’assemblage final de Tycoon , qui paraît le 2 juillet. La veille de la mort de Michel Berger, un mois plus tard, « The World Is Stone » entre au Top 50, dont Cyndi Lauper occupera longtemps la deuxième place, et sera huitième au Japon où elle possède un statut de superstar. « The World Is Stone » se classera quinzième dans les charts britanniques (seizième en Irlande), malgré sa syntaxe digne d’Antoine de Caunes qui triomphe au même moment sur la BBC avec « Rapido ». C’est le premier tube de Michel Berger en territoire anglophone, son ambition ultime. « Only the Very Best » par Peter Kingsberry connaîtra le même succès, mais seulement en France, tout comme « Ziggy » par Céline Dion. Laurence LeNy, alors directrice du label Epic, qui promeut et markete l’album, me remet un disque d’or de Tycoon à destination de Willy DeVille début 1993, au moment où il triomphe dans tous les hit-parades européens avec sa version mariachi de « Hey Joe », réalisée par Philippe Rault.
En date du 29 juillet, Michel, son assistante Danielle Poli, Luc et Tim Rice reçoivent un fax du bureau d’Andre Ptaszynski de l’agence Pola Jones de Dean Street, confirmant pour le 5 septembre la présentation de Tycoon à Sydmonton Court, maison de campagne du légendaire Baron Andrew Lloyd Weber ( Jesus Christ Superstar, Evita, Cats, etc.) dans le Hampshire. Il y organise chaque fin d’été un festival privé, destiné à présenter aux professionnels londoniens les spectacles les plus potentiellement prometteurs qu’il a sélectionnés personnellement. Michel est attendu à Londres le lundi 24 août par Tim Rice et le directeur musical Andrew Powell. Ils doivent être rejoints la semaine suivante par les chanteurs, Nanette Workman,Stephanie Martin, Grania Renihan, Dave Willetts et Norman Groulx, pour cinq jours de répétitions avant de se rendre au Sydmonton Festival où doit encore avoir lieu une répétition le vendredi, avant la performance du samedi 5 septembre, programmée à dix heures et demie du matin !
Mais avec la disparition de Michel, le projet perd son moteur et le spectacle ne sera jamais monté dans le West End, ni à Broadway. Toutefois, son existence même entretient la mystique de Starmania, et constitue une preuve brillante et spectaculaire de son retentissement. « J’ai beaucoup travaillé depuis deux ans aux États-Unis pour différents projets, et à Londres aussi pour la version de Starmania en anglais. Je commence vraiment à m’y sentir bien parce que
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