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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Girondins, nourrit la haine que Manon Roland lui
porte.
    « Personne ne rend plus justice que moi à Roland, s’écrie-t-il.
Mais je lui dirai si vous lui faites une invitation, faites-la donc aussi à
Madame Roland, car tout le monde sait que Roland n’était pas seul dans son
département ! »
    Les députés de la Plaine, les « trembleurs », n’osent
rire !
    Et les Girondins s’indignent.
    Mais Danton poursuit :
    « Je rappellerai, moi, qu’il fut un moment où la
confiance fut tellement abattue qu’il n’y avait plus de ministres et que Roland
eut l’idée de sortir de Paris ! Il n’est pas possible que vous invitiez un
tel citoyen à rester au ministère ! »
    La rage saisit les Girondins et il ne leur reste qu’à attaquer
Danton, à l’accuser eux aussi de corruption, à dénoncer ses complices Fabre d’Églantine
et Camille Desmoulins.
    À lui reprocher d’avoir, au ministère de la Justice, choisi
comme juges des citoyens non en fonction de leur compétence – « la justice
doit se rendre par les simples lois de la raison », dit Danton – mais de
leur fidélité à l’esprit sans-culotte.
    « Tous ces hommes de loi sont d’une aristocratie
révoltante », dit l’ancien avocat Danton. Il veut révolutionner cela !
    Dès lors, on ne le croit pas, quand il prône la « réconciliation »,
l’« explication fraternelle », l’« indulgence ».
    On le soupçonne de duplicité.
    Il couvre les négociations avec Brunswick, au prétexte de
détacher la Prusse de l’Autriche.
    Rêverie, puisque le roi de Prusse n’accepte de négocier qu’avec
le roi de France, et il n’y a plus de roi ! Mais une République.
    Et c’est le même Danton qui lance :
    « Nous avons le droit de dire aux peuples, vous n’aurez
plus de rois… La Convention nationale doit être un Comité d’insurrection
générale contre tous les rois de l’Univers. »
    Et qui après avoir à la fois négocié, évoqué cette
insurrection générale, affirme le 4 octobre 1792 :
    « Je demande qu’on déclare que la patrie n’est plus en
danger… Le principe de ce danger c’était la royauté. Vous l’avez abolie. Loin d’avoir
à craindre pour notre liberté nous la porterons chez tous les peuples qui nous
environnent. »
    Que pense et veut vraiment Danton ?
    À Königsberg, en cette fin septembre 1792, le philosophe
Kant apprend que la République est proclamée en France :
    « Maintenant je puis dire comme Siméon : laisse
partir ton serviteur, Seigneur, car j’ai vécu un jour mémorable. »

     
     
    35
    « Jour mémorable » : la proclamation de la
République française, en cet automne 1792, l’est pour toute l’Europe.
    On regarde avec effroi, sympathie, enthousiasme, émotion, colère
ou mépris, mais jamais avec indifférence, et toujours avec passion, cette
nation puissante, la plus peuplée d’Europe.
    Sa monarchie millénaire, modèle de bien des princes, paraissait
indestructible.
    Mais le peuple a forcé les grilles de Versailles et des
Tuileries. Les privilèges ont été abolis. Les souverains humiliés, emprisonnés.
Et la nation s’est proclamée républicaine. Cataclysme. « Jour mémorable ».
Aussi bouleversant pourtant que le jour où le vieux Juif Siméon découvre que l’enfant
qu’il a porté dans ses bras est le Messie.
     
    Les émigrés français à Coblence, à Londres, à Bruxelles, à
Turin, à Nice, à Pétersbourg enragent, appellent les souverains à la croisade contre
cette populace sacrilège.
    Dans les salons où se réunissent les « esprits éclairés »,
on lit au contraire avec ferveur les journaux, les lettres qui arrivent de
Paris.
    On partage les réflexions du libraire Ruault qui écrit à ses
correspondants, qui comme lui sont lecteurs de Voltaire et de Rousseau, de l’ Encyclopédie, de Beaumarchais :
    « Quels sont les fondateurs de notre République ? Des
gens sans propriétés pour la plupart, des hommes exaspérés, fougueux, sanguinaires,
des demi-brigands. Mais réfléchissez sur l’histoire des Républiques et vous
verrez qu’elles n’ont pas eu d’autres individus pour fondateurs. Rome et Venise
n’ont pas de plus noble origine… Et le système républicain donne l’essor au
génie, au talent… Nous verrons si nous sommes capables de réaliser ce beau système… »
     
    Dans l’entourage des souverains on s’indigne, on s’inquiète.
    Il faudrait arracher vite ce « champignon vénéneux »
qui peut

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