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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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peuple » sont
affichés aux carrefours, réclament un « gouvernement de main forte »,
un triumvirat, dont Marat ferait partie en compagnie de Danton et de Robespierre.
Et certains de ces appels vont jusqu’à proposer la dictature à Danton.
    Les Girondins du bureau de la Convention s’indignent, dénoncent
Marat, ses « placards désorganisateurs qui ne cessent point depuis
plusieurs jours d’appeler une forme de gouvernement qui inspire de justes
alarmes ».
    Les Girondins affirment même qu’il existe un « dangereux
complot tramé par la députation de Paris ».
    Ainsi la Convention s’est-elle à peine réunie qu’on s’y
déchire, qu’on s’y suspecte, qu’on s’y accuse.
    Les Girondins – peut-être soixante-cinq députés, dont
Brissot, Vergniaud, Condorcet, Barbaroux – sont décidés à en finir avec cette
Commune de Paris, son Comité de surveillance. Dans les salons de Manon Roland
ou de Madame Condorcet, on répète que Paris est une « ville nourrie de
sang et de mensonges ».
    Marat, y dit-on, n’est qu’un « fou atrabilaire », un
« criminel », l’un des responsables majeurs des massacres de début
septembre. Et qui a même signé des ordres de visite domiciliaire d’une centaine
de Girondins, parmi lesquels Brissot.
    Mais le grand adversaire de la Gironde, c’est la Montagne.
    Ces Montagnards – Danton, Robespierre, Fabre d’Églantine, Camille
Desmoulins, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, David, Camot, Saint-Just qui, élu
de l’Aisne, est à vingt-cinq ans le plus jeune des députés de la Convention, et
même ce Philippe Égalité ci-devant duc d’Orléans ! –, tous ceux-là pour
les Girondins ne rêvent que de dictature, au nom du salut public.
    Et en outre, s’ils ne soutiennent pas Marat, ils le
protègent.
    Entre Girondins et Montagnards, il y a ces centaines de
députés – peut-être six cents sur sept cent quarante-neuf, dont Sieyès, Cambacérès,
Boissy d’Anglas – qui composent ce qu’avec mépris, les Montagnards ou même les
Girondins appellent la Plaine, le Marais, qui se tassent, se
terrent, « restent immobiles » au moment des grands affrontements, mais
qui composent la majorité de la Convention, et peuvent faire et défaire les pouvoirs
de ceux qui, Girondins ou Montagnards, veulent gouverner la Convention et le
pays.
    Les députés à la Convention en ce premier jour s’observent, se
regroupent, là autour de Brissot, ici autour de Danton. Et il y a tous ceux qui
errent, qui arrivent de leurs départements, qui suspectent la députation de
Paris de vouloir imposer tous ses projets.
    Voici Danton qui monte à la tribune.
    Il annonce qu’il veut « résigner les fonctions qui m’avaient
été déléguées par l’Assemblée législative. Je les ai reçues au bruit du canon
dont les citoyens de la capitale foudroyèrent le despotisme. Maintenant que la
jonction des années est faite, que la jonction des représentants est opérée, je
ne suis plus que le mandataire du peuple ».
    C’est le brouhaha.
    Danton tente ainsi de se dégager de ces projets de dictature,
de triumvirat qu’on lui prête, et que semblent confirmer les « placards »
de Marat.
    Danton lève la main, réclame le silence.
    Il faut des lois répressives, dit-il, pour que le « peuple »
ne châtie pas lui-même.
    Il faut que toutes les propriétés soient « éternellement
maintenues ».
    Il faut une nouvelle Constitution, ratifiée par le peuple
dans ses assemblées électorales.
    Et cette Constitution doit décréter que « les personnes
et les propriétés sont sous la sauvegarde du peuple français ».
    On applaudit.
    Le Marais approuve : on veut dans les départements que
les propriétés soient protégées !
    Et à l’unanimité, sur proposition de Collot d’Herbois et de
l’abbé Grégoire, on décide que « la royauté est abolie en France ».
    Et le lendemain, le samedi 22 septembre 1792, Billaud-Varenne
fait voter la proposition selon laquelle tous les actes publics seront, à
partir de ce même jour, datés de « l’An I de la République ».
    Robespierre murmure que la République s’est « glissée
furtivement, de biais, dans nos résolutions ».
    Et le libraire Ruault, qui date sa lettre de « l’an I er de la République », exalte ce régime nouveau et écrit :
    « Le vote a été l’affaire d’un quart d’heure, elle a
passé d’emblée sans discussion ni amendements. De sorte que la chose du monde
la plus

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