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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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livres. Les emprunts
lancés par Calonne s’élèvent à six cent cinquante-trois millions, auxquels il
faut ajouter cinq cent quatre-vingt-dix-sept millions empruntés depuis 1776.
    « Il faut avouer, Sire, dit Calonne, que la France ne
se soutient que par une espèce d’artifice. »
    On ne peut, ajoute-t-il, « augmenter le fardeau des
impositions, il est même nécessaire de les diminuer », c’est-à-dire
établir l’égalité devant l’impôt, seul remède à la maladie des finances royales.
    Il faut mettre fin aux privilèges fiscaux de la noblesse et
du clergé, et créer un impôt unique pesant sur la terre, la « subvention
territoriale », et rétablir la libre circulation des grains. Calonne ainsi
s’engage dans la voie qu’avaient tenté d’emprunter Turgot et Necker.
    Et comme eux, il suggère qu’on s’appuie sur une Assemblée, qui
pourrait être une Assemblée de notables .
    Louis XVI hésite. Mais le déficit serre le royaume à la gorge.
    La mesure ultime serait de réunir les États généraux, signe
de la situation dramatique de la France. Louis XVI refuse de l’envisager. On n’a
pas vu d’États généraux depuis 1614 ! En dépit du déficit, la France est
riche. Il : ne s’agit que de la réformer et une Assemblée de notables
consultative doit suffire.
    Au grand Conseil des requêtes du 29 décembre 1786, après une
discussion de cinq heures, Louis prend la décision de la convoquer.
     
    Il veut agir. Il s’y essaie depuis qu’il est roi, en 1774, il
y a déjà douze ans.
    Il a lu la lettre que l’ambassadeur d’Autriche
Mercy-Argenteau adresse à Vienne.
    « Lorsque le gaspillage et la profusion absorbent le
Trésor royal, il s’élève un cri de misère et de terreur… Le gouvernement
présent surpasse en désordre et en rapines celui du règne passé et il est moralement
impossible que cet état de choses subsiste encore longtemps, sans qu’il s’ensuive
quelque catastrophe. »
     
    Est-il encore temps de l’éviter ?
    Louis le croit.
    Mais l’opinion doute. La colère l’emportera-t-elle sur la
raison ?
    Cagliostro, l’un des accusés dans l’affaire du collier, exilé
à Londres, dénonce l’arbitraire royal. Il a été emprisonné à la Bastille, et il
fait de la vieille forteresse le symbole de cet arbitraire :
    « Toutes les prisons d’État ressemblent à la Bastille, écrit-il,
dans sa Lettre à un ami , qui circulera en France, sous le manteau.
    « Vous n’avez pas idée des horreurs de la Bastille. La
cynique impudence, l’odieux mensonge, la fausse pitié, l’ironie amère, la
cruauté sans frein, l’injustice et la mort y tiennent leur empire. Un silence
barbare est le moindre des crimes qui s’y commettent.
    « Vous avez tout ce qu’il vous faut pour être heureux
vous autres Français !
    « Il ne vous manque qu’un petit point, c’est d’être
sûrs de coucher dans vos lits quand vous êtes irréprochables.
    « Les lettres de cachet sont un mal nécessaire ? Que
vous êtes simples ! On vous berce avec des contes…
    « Changez d’opinion et méritez la liberté pour la
raison. »
     
    Cagliostro date cette Lettre à un ami du 20 juin 1786.

     
     
    9
    Ces mots, raison, liberté, égalité, opinion , Louis
les retrouve chaque jour dans les gazettes ou les pamphlets, qui paraissent
quotidiennement. Et il en a dénombré plus de quarante chacun de ces derniers
mois. Il les feuillette avec une inquiétude et une angoisse qui augmentent
depuis qu’il a pris, ce 29 décembre 1786, la décision de convoquer cette
Assemblée de notables.
    Il ne sait plus si la proposition de Calonne à laquelle il s’est
rallié était judicieuse.
    Il a même le sentiment que l’opinion, alors que la réunion
de l’Assemblée est fixée au 22 février, salle des Menus-Plaisirs, s’enflamme
déjà, que les critiques fusent, que les passions s’exacerbent.
    S’il le pouvait il reviendrait sur son choix, et il songe
déjà à renvoyer Calonne, d’autant plus que les critiques se multiplient contre
le ministre.
    La reine ne l’aime pas. Elle suggère le nom d’un remplaçant,
l’archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne.
    D’autres accusent Calonne d’avoir par sa politique
financière acculé le royaume à la banqueroute. Et nombreux sont ceux qui
suggèrent de rappeler Necker.
    Et Louis a lancé :
    « Je ne veux ni neckraille, ni prêtraille. »
    Il a regretté cette exclamation. Il ne doit se fermer aucune
voie. Mieux

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