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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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III
    LES PREMIÈRES RESPONSABILITÉS POLITIQUES ET RELIGIEUSES
    La succession de Clèves et de Juliers, l’assemblée générale du clergé de France
    En ce début d’année 1610, Richelieu est décidé à regagner la capitale du royaume coûte que coûte. Dès que ses forces le lui permettent, pragmatique et efficace, il se dote d’une conduite à laquelle il choisit de se conformer envers et contre tout. Un ouvrage, attribué à un historiographe d’Henri IV, Pierre Matthieu, et intitulé Instructions et maximes que je me suis données pour me conduire à la cour , semble proche des dispositions d’esprit de Richelieu [1] . Si celui-ci n’est pas l’auteur du traité, du moins l’objectif exposé a-t-il longtemps paru aux historiens conforme à la personnalité de l’évêque de Luçon  : il s’agit de gagner la reconnaissance du roi sans négliger le service de Dieu. Une méthode précise est détaillée par l’auteur : demeurer à proximité de la cour, à défaut d’y être immédiatement admis ; se faire remarquer du souverain au moment opportun et à bon escient ; étendre son réseau de relations à l’entourage proche du monarque ; répondre à tout courrier reçu ; savoir se tenir sur la réserve et user au besoin de la dissimulation. Pour Richelieu, le retour à Paris s’impose comme une évidence, puisqu’il se porte candidat à l’élection de l’assemblée du clergé de France , la réunion des représentants de l’Église étant, en effet, devenue indispensable.
    Depuis plusieurs mois, Henri IV doit faire face à de multiples difficultés, au premier rang desquelles se place la dégradation des relations internationales. Les tensions s’accumulent en Europe entre les États protestants et les États catholiques. Le roi très chrétien occupe une position inconfortable, tiraillé entre les gages de bonne volonté à fournir à la papauté, ainsi qu’au premier ordre du royaume, et la nécessité de se garantir des Habsbourg. Henri IV se trouve dans l’obligation de composer avec Paul V et de satisfaire certains grands prélats français, mécontents de voir ignorés les décrets du concile de Trente .
    Un autre problème, à la fois d’ordre religieux et d’ordre politique, se pose au souverain : la restitution à l’Église des biens confisqués par les protestants en Béarn . Or la soustraction avait été décidée des années plus tôt par la mère du souverain en personne, Jeanne d’Albret. Les risques d’incident sont réels dans la région. L’assemblée générale du clergé de France serait l’occasion à la fois de satisfaire les ecclésiastiques, de régler les questions les plus urgentes et d’affirmer l’autorité royale aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du royaume.
    À l’extérieur donc : en ce début d’année 1610, Henri IV est confronté à la crise successorale et diplomatique engendrée par le décès, au mois de mars 1609, sans héritier mâle, du duc de Clèves et de Juliers , Jean-Guillaume [2] . Les prétendants à la succession sont nombreux : le margrave Jean-Sigismond de Brandebourg  ; Philippe-Louis, comte palatin de Neubourg  ; Jean-GuillaumeJean-Guillaume, duc des Deux-Ponts  ; Christian IIChristian II, duc de Saxe  ; Frédéric IV, comte palatin du Rhin ; l’archevêque de Cologne  ; la duchesse de Nevers ; le duc de Bouillon, et bien d’autres encore. Les candidats les plus sérieux, les premiers, tous deux protestants, sont héritiers en ligne féminine. L’affaire est d’une telle complexité qu’Henri IV craint que l’empereur ne profite de la situation pour usurper les territoires vacants.
    À la mort de Jean-Guillaume, en vertu du droit féodal, Rodolphe II confirme les craintes du roi de France , met en avant la prérogative impériale, et se réserve l’arbitrage de l’inévitable conflit successoral. L’électeur de Brandebourg et le comte palatin décident, cependant, de faire gouverner Clèves et Juliers , dont la population est catholique, par Ernest, frère du margrave de Brandebourg, et par Wolfgang-Guillaume, fils aîné du comte de Neubourg . Les « princes possédants » [3] sont de fervents luthériens et préfèrent remettre l’arbitrage du différend à une commission spécialement formée, tout en s’assurant du soutien de l’Union évangélique, créée l’année précédente, à laquelle adhèrent l’ Angleterre , la Hollande et la France.
    Au mois de juin 1609,

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