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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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fameux pacte de Chaumont 18 , qui, depuis le 9 mars 1814, liguait pour vingt ans les quatre puissances contre la France.
     
    Après que l’empereur eut été vaincu et exilé, Castlereagh, ayant pris autorité sur les affaires intérieures de son pays, avait conduit une répression brutale contre les opposants aux tories , ce qui lui valait d’être détesté par ses compatriotes libéraux et radicaux.
     
    – Avec son hypocrisie habituelle, le gouvernement britannique argue d’ailleurs de cette détestation pour expliquer le suicide du Foreign Secretary , le 12 août, à Londres, dit Fontsalte.
     
    – La haine de ceux que l’on croit servir peut conduire un homme au désespoir, risqua Axel, qui venait de lire un article élogieux sur le disparu.
     
    – Cet Anglais était assez dur pour ne pas se soucier des sentiments qu’il éveillait dans le peuple. Non, Axel. Aux Affaires secrètes, nous connaissions bien le bonhomme et je sais, par Ribeyre, la véritable raison qui a poussé cet homme à se tran cher la gorge. Castlereagh allait être arrêté pour homosexualité. La veille de sa mort, il avait confié au roi George IV qu’il était partout suivi par un mystérieux jockey, dont on ignore s’il exista jamais !
     
    Cette explication du suicide de Castlereagh ne suscita nul étonnement chez Axel Métaz. Le célèbre marquis figurait parmi les relations de Christopher Moore.
     

    Quelques jours avant le commencement des vendanges 1822, Axel reçut une longue lettre de Guillaume Métaz, qui lui causa plus de surprise que de plaisir. L’exilé annonçait à son fils qu’il venait de convoler avec une jeune veuve américaine, sans enfant, nommée Fanny O’Brien.
     
    « Elle a tout juste la moitié de mon âge, c’est-à-dire vingt-cinq ans », croyait utile de préciser l’ex-mari de Charlotte. Il ajoutait : « Avant de présenter ma demande, aussitôt agréée par les parents de la jeune femme, je me suis assuré que ce mariage ne choquait en rien la conscience de Blandine. Je me plais à constater aujourd’hui, mon cher garçon, que Fanny, dont le mari a péri dans l’incendie d’un entrepôt de son beau-père, deux mois après ses noces, est devenue, en peu de temps, une véritable amie pour ta sœur, qui n’a d’ailleurs que six ans de moins que sa jolie marâtre. »
     
    Suivait un portrait de la veuve :
     
    « Grande, bien en chair, vive, rousse aux yeux verts et les joues constellées de taches de son, type parfait de la belle Irlandaise. Les arrière-grands-parents O’Brien, venus de Dublin à Boston, travaillèrent comme des bœufs et ouvrirent une épicerie. Celle-ci est devenue, au fil des générations, un immense magasin qui occupe trois étages d’une grande maison, près du port de Boston. Ce commerce, comme on n’en voit pas chez nous, emploie trente employés et une douzaine de livreurs, équipés de chars bâchés. On y trouve tout ce qu’un colon, un marin et une ménagère peuvent chercher, de la râpe à pommes de terre au grand wagon construit à Conestoga, en Pennsylvanie, pour les familles décidées à marcher vers l’ouest. On peut y acheter les meilleurs fusils et revolvers, pièges à loups et à castors, lits de camp, selles, bottes, marmites, cordages, hamacs, voiles, remèdes à tous les maux, aliments secs, thé, café, sauf de l’alcool, car les O’Brien appartiennent à la secte bien sympathique des quakers et entendent ne pas encourager l’ivrognerie. Ne crois pas pour autant qu’ils ne boivent que de l’eau. Mon beau-père et son frère font honneur à mon vin et je regrette qu’ils ne puissent goûter notre dézaley, qui est bien le meilleur de tous. Leur magasin, à l’enseigne O’Brien Department Stores, appartient au père de Fanny et à son oncle, un vieux garçon qui compte plus vite avec sa tête que moi avec un crayon. Les O’Brien viennent d’acquérir, dans l’ouest de l’Union, un domaine d’un seul tenant, plus vaste que le canton de Vaud. Car, ici, tout va au gigantesque et les affaires suivent à un train d’enfer. Les O’Brien veulent ouvrir des succursales de leur magasin bostonien au long du fleuve Ohio et, même, au-delà du Mississippi, car c’est le chemin emprunté par les gens de plus en plus nombreux qui vont s’installer à l’Ouest, où les terres sont encore très bon marché.
     
    » C’est au cours de leur étape à Vevay 19 – c’est ainsi qu’on écrit maintenant le nom de notre petite

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