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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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ville qui ne cesse de grandir – que j’ai fait la connaissance de ces messieurs et que je suis entré en affaires avec eux pour ouvrir des magasins aux meilleurs points de passage des colons.
     
    » Il est probable que notre résidence sera Cincinnati. Fanny est fille unique et adorée de ses parents. Maintenant que je me suis refait une bonne indépendance financière, un ménage, et que les perspectives d’avenir sont prometteuses, je compte me refaire une famille. Ta mère peut m’imiter et épouser son général français, si toutefois il est encore là. »
     
    Guillaume Métaz terminait sa lettre en remerciant son fils pour la clarté des comptes qu’il lui avait adressés et lui conseillait de prendre des parts dans les bateaux à vapeur s’il se créait des sociétés pour en construire sur le Léman.
     
    Axel relut plusieurs fois cette lettre, qui marquait un nouvel éloignement avec cet homme qu’il voulait encore appeler père mais qui semblait maintenant tourner résolument le dos à son passé familial et vaudois. Il ne pouvait cependant reprocher à l’exilé ni l’esprit de décision et la volonté, qui faisaient sa force, ni le désir légitime de refaire sa vie avec une femme jeune. Cette Fanny O’Brien apporterait à Guillaume du bien et, sans doute, de nouveaux enfants.
     
    Après un temps de réflexion, Axel fit atteler son cabriolet et prit la route de Lausanne. Il se devait de mettre sa mère au courant du remariage de Guillaume. Il n’eut pas à ménager l’amour-propre de la divorcée, comme il s’y était préparé en arrivant rue de Bourg. Charlotte avait reçu, la veille, une lettre de Blandine – « la troisième en deux ans », dit-elle – par laquelle sa fille l’informait du remariage de son père. D’un geste vif, qui traduisait son agacement, M me  Métaz tira la missive de son secrétaire et la tendit à son fils.
     
    – Lis, dit-elle d’un ton sec.
     
    Blandine se montrait moins explicite que son père. Elle racontait longuement, d’une écriture élégante bien qu’appliquée, sa vie de pensionnaire.
     
    « Notre pensionnat est situé dans l’un des faubourgs de Boston, une énorme cité, sur une sorte d’île séparée de la ville par un bras de mer. On dit de notre quartier qu’il est fashionable resort , c’est-à-dire un quartier élégant et mondain. De la fenêtre de ma chambre je vois, au bout du parc, la baie de Boston et les grands navires qui entrent et sortent sans cesse du port. Je m’amuse avec ma meilleure camarade, Angela, dont les parents exploitent en Louisiane, dans le Sud, une immense plantation avec de nombreux esclaves, à reconnaître les pavillons des bateaux. Le frère d’Angela, Lewis, qui est officier de marine, nous a appris à identifier les couleurs des différents pays. Je n’ai jamais vu de pavillon rouge à croix blanche, car la Suisse, m’a dit Lewis, n’a pas de bateaux sur les mers. Je trouve que c’est bien dommage. »
     
    Après une description détaillée de son emploi du temps et une relation du dernier bal auquel elle avait été invitée par les parents d’Angela, Blandine en venait à ce qui devait être le véritable objet de sa lettre :
     
    « Je dois vous dire, maman, que papa s’est marié il y a un mois avec une veuve, très jolie et très gaie, qui s’appelle, de son nom de fille, Fanny O’Brien. Elle est l’unique héritière d’une famille de grands négociants, très riches et très estimés à Boston. Naturellement, elle ne peut pas être pour moi une nouvelle mère, je n’en aurai jamais qu’une et c’est vous, mais Fanny et moi sommes tout de suite devenues de grandes amies. La directrice de la pension et les parents d’Angela, qui connaissent les O’Brien, trouvent que papa a fait un très bon choix en épousant cette veuve, qui a très peu connu son mari vu qu’il est mort, il y a trois ans déjà, deux mois après leur mariage. J’espère que cette nouvelle ne vous causera pas de peine, puisque, maintenant, papa et vous ne vous rencontrerez jamais plus. »
     
    – Ma sœur sera toujours aussi délicate, commenta ironiquement Axel en rendant la lettre à sa mère.
     
    – Que veux-tu, mon Axou, elle, c’est une Métaz ! clama Charlotte.
     
    Elle jeta la missive dans le tiroir du secrétaire puis se tourna vers son fils.
     
    – Si tu m’invites cette année aux vendanges, j’assisterai au banquet final, sans aucune gêne, dit-elle avec un sourire

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