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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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bateau (suivant sa grandeur et grosseur) qui entrerait dans le port ou aborderait à une lieue à la ronde ».
     
    Ces conditions, jugées exorbitantes, rejetées, le projet avait été classé dans les archives bailliales.
     
    En 1757, les barquiers veveysans avaient, sans succès, réclamé à nouveau un port. D’autres avaient récidivé en 1786 et obtenu des sondages, mais pas de port. On craignait que les crues de la Veveyse, qui creusaient parfois le bas de la place du Marché, ne détruisissent les installations construites à grands frais. Dès le commencement du xix e  siècle, de nouvelles pétitions avaient été envoyées par les négociants. On leur avait opposé le coût d’une opération dont la rentabilité ne paraissait pas établie.
     
    Plus impérative avait été la demande formulée, le 16 décembre 1824, par des commerçants, barquiers et hôteliers. Le conseil municipal s’était, cette fois, saisi de l’affaire en désignant les membres de la Section économique pour examiner des projets sollicités par un avis officiel. Le 2 avril 1825, on avait appris que dix plans de port, accompagnés de devis, étaient soumis à la commission. Après bien des tergiversations, calculs et évaluations des garanties, le projet présenté par MM. Franel et Günther avait été retenu. Ces messieurs s’engageaient à exécuter le port pour la somme de 82 264 francs et laissaient le soin à la municipalité d’en avancer le coût, à charge pour la ville de percevoir les taxes portuaires et autres droits.
     
    L’affaire allait enfin aboutir puisque le Conseil d’État et le Grand Conseil avaient approuvé le projet, ainsi que les tarifs portuaires que la municipalité veveysanne était autorisée à percevoir pendant quarante ans pour se rembourser, capital et intérêts, des avances faites pour la construction du port. Mais un notable veveysan, M. Couvreu, avait soumis, lors d’un voyage à Paris, les plans de Franel et Günther à un ingénieur français. Invité à donner son avis, l’homme de l’art avait tout remis en question.
     
    – De quoi se mêle Couvreu en allant demander l’avis d’un Français ! dirent les barquiers et les négociants, qui voyaient, enfin, poindre le port tant désiré.
     
    Le Français, un ingénieur des Ponts et Chaussées nommé Surville, estima pouvoir faire mieux et moins cher que les promoteurs retenus par les Veveysans. Il se fit fort d’établir des plans en moins de trois mois et de faire, ensuite, exécuter les travaux par une compagnie française, à condition qu’on abandonnât à celle-ci les droits de port pendant une période convenable.
     
    Avec son mémoire et ses dessins, M. Surville envoya sa note d’honoraires : 1 511 francs de France ! Quand on examina de près le travail de l’ingénieur, des Veveysans, qui n’étaient pas, comme lui, diplômés des Ponts et Chaussées, constatèrent que ses plans procédaient de calculs erronés ! On paya néanmoins la note, et les dessins de l’ami de M. Couvreu rejoignirent les autres aux archives.
     
    Que M. Alexandre Perdonnet, ancien agent de change à Paris, bienfaiteur de la cité, homme de bon sens, toujours alerte et entreprenant à cinquante-huit ans, prît enfin les choses en main et s’efforçât de triompher des atermoiements qui sont un peu dans la nature vaudoise rassurait Axel et ceux qui, comme lui, représentaient la force commerciale de la cité. M. Guillaume Dufour, dont les Genevois avaient déjà apprécié le talent d’ingénieur et d’urbaniste, avait fait savoir qu’il remettrait son projet au commencement de l’année 1827 et qu’il en coûterait 1 200 francs, honoraires que M. Perdonnet prenait à sa charge.
     
    Axel Métaz, qui tenait pour un port place du Marché, rencontrait, dans son entourage immédiat, des opposants sérieux. Ceux-ci traduisaient une opinion répandue chez de nombreux citadins qui n’attendaient rien d’un port et craignaient d’en assumer les frais. Le premier à contrer Axel était, de façon inattendue, le Veveysan qui connaissait le mieux le lac et la navigation lacustre, Pierre Valeyres. Le vieux bacouni considérait qu’à Vevey les atterrissements devant la place du Marché étaient les plus exposés aux vents violents. Il savait que la profondeur des eaux y causait, en cas de tempête, de grands remous.
     
    – Vevey a été mieux traité par la nature côté montagne que côté lac. Tout ouvrage construit

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