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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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dans ce domaine, l’organisation impériale, observa Axel.
     
    – On le dit en effet, mais, en attendant, ce sont les Anglais qui monopolisent le commerce international, surtout vers l’Amérique. Savez-vous qu’ils vendent leur fer en barre moins cher que tous les autres pays producteurs ?
     
    – Mais le commerce de l’argent reste tout de même l’affaire de nos banquiers suisses ? risqua Axel, malicieux.
     
    – Oh ! la spéculation sur les fonds étrangers est devenue aléatoire et les gens fortunés ont une méfiance instinctive envers des rentes et des emprunts quand les révolutionnaires s’agitent partout. De nos jours, un banquier doit avoir des réserves personnelles pour faire face aux pertes qui pourraient toucher ceux qui lui font confiance, dit avec gravité M. Laviron.
     
    – Mon père ne spéculait ni sur les changes ni sur les valeurs étrangères et je ne le ferai pas. Les Métaz vendent ce qu’ils produisent ou fabriquent : des choses nécessaires à la vie des gens, fit observer Axel.
     
    – Il est vrai que le vin de Lavaux se vend bien, comme le fromage et le bois, que les pierres de Meillerie sont très demandées, depuis qu’une fièvre de construction a pris les Genevois, que les carrières de gypse et de chaux suivent le mouvement et que le fret ne doit pas manquer à vos barques, qui sont, dit-on, les plus rapides et les plus sûres du Léman !
     
    M. Laviron n’avait pas pour habitude d’entretenir de longues conversations avec ses clients, mais le fils de Guillaume Métaz lui plaisait. Prompt à jauger les hommes, il trouvait ce gaillard de vingt ans, aux beaux cheveux frisés, bien qu’à son goût trop indisciplinés, et au bizarre regard bicolore, d’une grande maturité, peu bavard mais donnant le sentiment de savoir ce qu’il voulait et le disant avec assurance.
     
    Tandis qu’Axel signait les papiers préparés par le banquier et devenait ainsi titulaire des comptes de Guillaume, M. Laviron soupira. Ce jeune Vaudois, dont il se plaisait à imaginer qu’il possédait les qualités de son père – réflexion, patience, équilibre, méfiance devant toute innovation, aptitude à peser le pour et le contre avant de décider pour les petites ou grandes choses, souci de ne point paraître plus qu’on n’est, fierté d’assumer des responsabilités familiales – semblait d’une autre trempe que son propre fils. À dix-sept ans, Anicet Laviron ne savait que baguenauder, ignorait encore ce qu’il voulait faire de sa vie et se disait artiste. Ne lui avait-il pas jeté, le matin même, au visage qu’il préférait finir blousier 12 plutôt que banquier ou pasteur !
     
    Si M me  Laviron, née Cottier, se consolait des bizarreries de son fils en adulant sa fille Juliane, belle, intelligente, instruite et docile, Pierre-Antoine souffrait. Il craignait de ne pas donner à sa banque un successeur digne de son passé.
     
    Se retrouvant dans la rue, Axel choisit de marcher jusqu’au temple Saint-Pierre. Les Genevois s’étaient emparés du sanctuaire catholique au cours de la révolution religieuse de 1535 afin d’en faire un lieu de culte de la religion réformée. Depuis la Révolution française, Genève avait cessé d’être la Ville-Église, la Rome protestante, la capitale anti-papiste, le phare de la doctrine de Calvin où les prédicants, parfois assistés de bourreaux, avaient longtemps permis aux pasteurs de régner sur la société civile, de conduire la politique et les affaires publiques. Saint-Pierre restait néanmoins un centre de rayonnement pour tous ceux qui, devant la résurgence catholique, défendaient l’orthodoxie de la religion réformée.
     
    En pénétrant dans l’église ce jour-là, Axel imitait son père selon la loi, qui, lors de séjours à Genève, ne manquait jamais de faire une pieuse visite au temple, propriété de la République et du canton. Le jeune homme, lui, n’y venait pas prier mais seulement réfléchir à la façon dont il gouvernerait ses affaires, maintenant qu’il disposait de la puissance financière déléguée par Guillaume Métaz. Bien qu’élevé dans le protestantisme, il ne sollicitait pas la caution théologique de Farel, Calvin ou Théodore de Bèze qui s’étaient succédé dans la chaire ravie aux grands prédicateurs chrétiens du Moyen Âge.
     
    Sensible à l’ambiance des lieux, Axel ne demandait, dans la fraîche pénombre du temple, qu’un instant de solitude protégée. Là

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