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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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aventure cet homme allait se trouver engagé dès les premières pages du livre !
     

    Fin juin, vint, pour l’étudiant en droit Axel Métaz, le moment d’aller devant le tribunal de district et le tribunal du canton pour passer les examens qui sanctionnaient normalement trois années d’études. Au jour dit, Axel, qui avait dû compenser par un travail acharné le retard consécutif à son voyage à Venise, se présenta, visiblement fatigué par les longues veilles. Il sut cependant répondre sans hésitation aux questions des examinateurs et reçut sa patente d’avocat, assortie d’une flatteuse appréciation du jury.
     
    Quelques jours plus tard, convoqué par les magistrats de la Suprême Chambre des Appellations, le jeune homme reçut du chancelier Georges Boisot le diplôme qui, faisant de lui un juriste reconnu, l’autorisait désormais à plaider.
     
    Charlotte, très fière de la réussite de son fils, organisa pour lui une petite fête rue de Bourg. Elle y convia les camarades qui avaient permis à l’étudiant de mettre à jour ses cours. Elle les avait bien souvent entendus travailler tard dans la nuit, avec Axel.
     
    – Ton père, je veux dire Guillaume, bien sûr, sera heureux d’apprendre ton succès, car, d’après ce que m’a dit Élise Ruty, il s’inquiéterait des conséquences de ton long séjour en Italie. Aussi, rassure-le vite par une lettre.
     
    Après un silence un peu gêné, M me  Métaz reprit :
     
    – J’imagine, mon cher petit, que tu aurais préféré fêter ton diplôme avec lui plutôt qu’avec moi !
     
    Axel eut un mouvement de dénégation, posa sur un guéridon la coupe de champagne qu’il s’apprêtait à vider et prit sa mère dans ses bras.
     
    – Ne vous tourmentez pas pour cela ! Je suis heureux avec vous, heureux de ce qui arrive aujourd’hui, heureux de pouvoir me consacrer désormais à nos affaires et je serai encore plus heureux le jour, prochain je l’espère, où, votre divorce ayant été prononcé, vous pourrez construire un nouveau bonheur…
     
    – Tu ne me méprises pas ? C’est bien vrai ? coupa Charlotte d’une voix émue, des larmes plein les yeux.
     
    Axel l’embrassa tendrement.
     
    – J’ai appris, maman, qu’aucun amour sincère n’est jamais méprisable, même le plus dévastateur !
     

    En regagnant Rive-Reine, quelques jours plus tard, Axel trouva une longue lettre de son père. Guillaume répondait au courrier que le garçon lui avait adressé, dès son retour à Vevey, pour l’assurer qu’il agissait selon les consignes laissées aux uns et aux autres.
     
    Après avoir exprimé sa satisfaction et donné quelques conseils, M. Métaz dépeignait longuement la vie au bord de l’Ohio, « fleuve superbe, qui se jette dans le Mississippi et constitue une sorte de boulevard liquide sur lequel naviguent toutes sortes de bateaux marchands ». Guillaume habitait dans la Nouvelle-Vevey, au cœur du Schwitzerland, État d’Indiana, une maison en rondins, petite mais confortable, située sur une colline entre l’Ohio et la rivière nommée Venoge par les premiers arrivants vaudois.
     
    Il disposait de vingt-cinq arpents, sur lesquels poussaient de la vigne « qui venait bien », du maïs, de la pomme de terre et des arbres fruitiers. Il avait payé cette terre, non défrichée, un dollar trois quarts l’arpent, ce qui parut à Axel très bon marché. M. Métaz n’était pas seul dans cette région, puisque plus de soixante-dix familles suisses y vivaient et qu’un Veveysan, Jean-Jacques Dufour, arrivé en 1803, était propriétaire avec ses associés de 3 700 arpents, dont 2 500 lui avaient été cédés par le gouvernement des États-Unis à prix modique et à crédit.
     
    « En Amérique, précisait Guillaume, tout homme laborieux, honnête et sobre peut, non seulement vivre agréablement, mais s’enrichir et devenir propriétaire de vastes et bonnes terres. Le gouvernement américain n’organise ni ne freine l’émigration et, comme beaucoup de jeunes États sont peu peuplés, les autorités voient toujours arriver d’un bon œil des gens robustes, capables de cultiver la terre. Les autorités fédérales ne demandent d’ailleurs aux arrivants aucune garantie, sauf la condition tacite qu’ils se soumettent aux lois de l’État, ce qui est bien la moindre des exigences ! Le climat est sain, la liberté de cultes et de croyances religieuses est entière et l’entr’aide chez les

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