Sang Royal

l’arbre.
    « L’automne est déjà bien installé, ici, dit Barak. Apparemment, l’arrivée du roi a marqué la dernière belle journée.
    — En effet. » Je plissai fortement les yeux, tout en fixant la tour de l’église Saint-Olav.
    « Vous vous demandez toujours comment Broderick s’est procuré le poison ? » demanda-t-il. Je lui avais raconté ce qui s’était passé dans la prison.
    « Oui. Je veux me rendre au château demain pour examiner à nouveau sa cellule.
    — C’est là qu’on a enfermé le cuisinier.
    — Il va être libéré, maintenant qu’on sait que le poison ne se trouvait pas dans la nourriture.
    — Vous avez bien réagi. Maleverer devrait vous en savoir gré. »
    J’éclatai de rire. « Ce n’est pas dans sa nature… Barak, dis-je en me redressant, j’essaye de réfléchir, de relier tous les fils…
    — Moi aussi. Ça me donne mal à la tête.
    — Que penses-tu de ceci ? Imagine que l’empoisonnement de Broderick n’ait aucun rapport avec les autres événements – le meurtre d’Oldroyd, les attaques contre moi après le vol du contenu du coffret, puis à nouveau l’autre soir.
    — C’est votre avis ?
    — C’est possible. Faisons du moins comme si c’était le cas.
    — Eh bien, d’accord !
    — Considère les autres événements. La mort d’Oldroyd, d’abord. Qui était à proximité, tôt le matin, le jour où il a été tué ? Craike, pour commencer. »
    Barak partit d’un rire gêné. « Tamasin était aussi à l’entour…
    — Elle affirme qu’elle avait rendez-vous avec Jennet Marlin, laquelle ne se trouvait pas à l’endroit où elles devaient se rencontrer, ajoutai-je en fixant sur lui un regard appuyé. Note cela pour le moment.
    — Il y avait du brouillard, ce matin-là. N’importe qui aurait pu se rendre de Sainte-Marie au lieu de travail d’Oldroyd et faire basculer son échelle.
    — En effet. Craike, lady Rochford, même le jeune Leacon, qui est arrivé en courant tout de suite après.
    — Et qui est la personne que nous avons dérangée dans la salle du chapitre, Grand Dieu ? s’exclama-t-il en donnant des coups de pied agacés dans les feuilles.
    — Je n’ai entrevu qu’un manteau ou une robe noirs, au moment où la personne s’esquivait en courant. Quelqu’un de leste.
    — Tout le monde est leste quand il s’agit de sauver sa peau.
    — Passons à l’épisode où j’ai été assommé et où le contenu du coffret a été volé.
    — Dans ce cas aussi ça peut être le fait de toute personne libre d’aller et venir dans le Manoir du roi sans se faire remarquer…
    — … et qui nous a vus y apporter le coffret. C’est-à-dire à nouveau Craike et Jennet Marlin.
    — Lady Rochford. Leacon, une fois de plus. Et une cinquantaine de personnes que nous ne connaissons pas et qui auraient pu nous voir arriver.
    — Sans aucun doute, renchéris-je. Leacon, par exemple, semble toujours se trouver sur les lieux, mais nous remarquons sa présence parce que nous le connaissons. Quand nous avons apporté le coffret il pouvait y avoir une dizaine d’autres soldats dans les parages, que nous n’avons pas remarqués parce que pour nous un soldat n’est qu’une tunique rouge de plus, soupirai-je.
    — De la même manière, Craike est le seul organisateur que nous connaissons… Et vous n’avez pas cité quelqu’un qui nous a vus porter le coffret.
    — Qui donc ?
    — Messire Wrenne. »
    Je me renfrognai. « Giles ? Mais il ne se trouvait pas au Manoir du roi quand Oldroyd a été tué !
    — Comment le savons-nous ? Il peut légitimement s’y trouver. Qui ferait attention à un avocat, en robe noire qui plus est ? Il aurait pu s’y rendre de bonne heure pour tuer Oldroyd. Je sais, monsieur, que vous et le vieil homme êtes devenus amis, et je ne vous le reproche pas car ici les visages sympathiques ne courent pas les rues. Mais si vous cherchez quelqu’un qui a des liens avec la ville, qui connaissait Oldroyd et qui a ses entrées à Sainte-Marie, il est votre homme.
    — Mais est-il capable de tuer ? Et souviens-toi de son état de santé. Il se meurt. Il ne pense qu’à une chose : se réconcilier avec son neveu avant de mourir.
    — Oui. Vous avez raison.
    — Toi aussi tu as raison. Théoriquement, on ne doit mettre personne hors de cause. » Je fronçai les sourcils, me rappelant avec déplaisir que Martin Dakin était peut-être impliqué dans le complot. « Te