Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
région la terre d’une petite abbaye dissoute, dit-elle. Elle jouxtait ses terres familiales… Mais une certaine autre famille, poursuivit-elle, en pinçant les lèvres, dont les terres jouxtent aussi ce terrain, mais de l’autre côté, avait également jeté son dévolu dessus. Cela les arrangerait que Bernard soit accusé de trahison. Alors ses terres passeraient dans le domaine du roi et pourraient être acquises à bon marché… Il s’agit de la famille Maleverer », ajouta-t-elle après un court silence.
    Je me rappelai le regard de haine qu’elle avait lancé à sir William au Manoir du roi lorsque Tamasin y avait été amenée pour être interrogée.
    « Il est avide de terres, Dieu du ciel ! s’écria-t-elle.
    — Je sais qu’il cherche à acheter certaines des possessions de Robert Aske… Ainsi qu’une maison à Londres, me semble-t-il.
    — Tout ça vient de sa bâtardise ! » Elle cracha presque le mot. « Il a l’impression que s’il peut acquérir assez de terres il pourra la faire oublier. De nos jours, pour de l’argent, les gens sont capables de n’importe quelle vilenie, ajouta-t-elle en me fixant droit dans les yeux. Il n’y a jamais eu tant de cupidité dans le pays.
    — Je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point, mademoiselle.
    — Maleverer ne parviendra pas à ses fins, continua-t-elle en serrant encore plus fermement les poings. Bernard et moi demeurerons ensemble. C’est écrit… On se gausse de moi, reprit-elle d’une voix sereine. On dit que je veux à tout prix me marier avant d’être trop vieille…
    — Mademoiselle…, murmurai-je, gêné par sa franchise, mais elle poursuivit son récit.
    — Les gens ne comprennent pas les liens qui m’unissent à Bernard. C’était un ami d’enfance. Mes parents sont morts quand j’étais petite et j’ai été élevée par sa famille. Il avait trois ans de plus que moi et était à la fois un frère et un père pour moi. » Elle resta silencieuse quelques instants, puis se tourna de nouveau vers moi « Dites-moi, monsieur, croyez-vous possible que deux êtres soient destinés l’un à l’autre, que Dieu ait pu tracer leur chemin avant leur naissance ? »
    Mal à l’aise, je m’agitai sur le banc. Ses paroles semblaient sortir de quelque poème d’amour courtois au style fleuri.
    « Je n’en suis pas sûr, mademoiselle, répondis-je. Les gens tombent amoureux, cessent de l’être, ou déclarent leur flamme trop tard, comme ç’a été mon cas jadis, hélas !… »
    Elle me dévisagea, puis secoua la tête. « Vous ne comprenez pas. Même quand Bernard en a épousé une autre, je savais que tout n’était pas perdu. Lorsque sa femme est morte il m’a proposé le mariage. Vous voyez bien que c’était notre destinée. » Son regard devint soudain si farouche que je m’en trouvai tout désemparé. « Je ferais tout pour lui. N’importe quoi.
    — Je suis désolé que vous ayez des ennuis », dis-je simplement.
    Soudain, elle se remit sur pied. « Nous devons poursuivre notre chemin, monsieur. » Elle se tourna vers Tamasin, qui était en train de montrer quelque beau tissu aux couleurs éclatantes à Barak, lequel semblait s’ennuyer ferme. « Tamasin, lança-t-elle, il est temps de repartir. »
    Tamasin remballa l’étoffe, fit tomber quelques feuilles mortes de sa robe, puis se dirigea vers nous, suivie de Barak. Mlle Marlin me fit une révérence. « Au revoir, monsieur », dit-elle. Les deux femmes retraversèrent le cimetière, le serviteur sur leurs talons. Barak secoua la tête.
    « Grand Dieu ! Tammy sait jouer les coquettes. Elle m’a fait admirer ces satanées étoffes, m’en a expliqué la nature par le menu, tout en sachant que ça n’éveillait nullement ma curiosité, mais j’étais bien obligé de l’écouter.
    — Elle va te domestiquer, si tu n’y prends garde.
    — Jamais de la vie ! s’exclama-t-il d’une voix ferme, tout en souriant. Désolé de vous avoir laissé en tête à tête avec Mlle Marlin.
    — Nous devenons de bons amis, semble-t-il.
    — À tout seigneur, tout honneur…
    — Elle m’a fourni de nouveaux détails sur son fiancé. Et j’en ai appris un peu plus sur le bon sir William. » Je lui rapportai les propos de Jennet Marlin sur Maleverer et Bernard Locke. « Elle semble avoir donné son cœur à son fiancé et lui être dévouée corps et âme.
    — N’est-ce pas là une attitude digne d’éloges chez une

Weitere Kostenlose Bücher