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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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pris tout notre argent, nous passâmes aux échecs ; Giles et moi lui apprîmes le jeu en utilisant des pièces que je dessinai sur des bouts de papier. Nous ne vîmes pas Tamasin, car il eût été indécent qu’elle vienne nous rejoindre sous nos tentes. Barak se promenait presque tous les soirs avec elle dans le campement, appuyé sur une canne, qu’il avait pu adopter à la place de sa béquille. Depuis notre querelle dans le champ, Tamasin m’évitait. Elle avait dû en parler à Barak, qui depuis lors se montrait gêné.
    Le matin du troisième jour, je me tenais avec Giles devant ma tente, en admiration devant les bois vêtus de leur parure d’automne. Il semblait sensiblement plus mince, désormais, du moins avait-il perdu de sa robustesse.
    « Comment allez-vous ? demandai-je.
    — J’ai un peu mal, répondit-il simplement. Le pire, c’est le froid qui règne sous ces tentes. Cela sape mon énergie. » Il regarda ses fortes mains, faisant tourner la bague sertie d’une émeraude. « Je maigris. Si je ne fais pas attention, je vais finir par perdre ma bague. J’en serais désolé, car elle appartenait à mon père.
    — À Hull, peut-être serons-nous à nouveau entourés de murs de brique et aurons-nous du feu. C’est une grande ville, je crois.
    — Je me suis déjà occupé de cette question. » Il me fit un clin d’œil. « De l’or est passé de ma poche à celle d’un des sous-fifres de messire Craike, et une chambre d’auberge m’attend, expliqua-t-il. Il y en a aussi une pour vous et Barak.
    — C’est fort généreux de votre part, Giles.
    — Pas du tout ! se récria-t-il avec un sourire amer. Autant utiliser mon argent à bon escient, vu que je n’en aurai bientôt plus besoin. Seigneur Dieu, comme mon feu me manque, ainsi que les bons soins de Madge !… Je lui ai laissé un bel héritage par testament, poursuivit-il en se tournant vers moi. Elle va finir ses jours dans le confort… Et je vous lègue ma bibliothèque.
    — À moi ? m’exclamai-je, interloqué.
    — Vous êtes la seule personne de ma connaissance qui saura l’apprécier. Toutefois, donnez les vieux livres de droit à la bibliothèque de Gray’s Inn. Une de mes dernières volontés est de les offrir à ma vieille école de droit.
    — Mais… Et votre neveu… ?
    — Martin héritera de ma maison et de tout le reste. Avant notre départ d’York, j’ai rédigé un nouveau testament. Mais je veux l’en informer en personne. »
    Je posai une main sur son bras. « Vous le verrez. »
    Il eut l’air triste, l’espace d’un instant. Puis la sonnerie d’un cor de chasse nous fit sursauter tous les deux. À une certaine distance, un groupe de cavaliers vêtus de robes aux couleurs éclatantes se dirigeaient vers les bois. Une énorme meute de lévriers couraient et bondissaient à côté des chevaux.
    « Le roi va chasser, dit Giles. Il paraît qu’il marche et qu’il monte avec tant de difficulté aujourd’hui qu’il est contraint de rester à l’affut avec son arc et ses flèches et de tirer les cerfs seulement au moment où les lévriers et les gardes-chasse les rabattent. Lui qu’on appelait dans sa jeunesse le plus grand athlète d’Europe. »
    Le roi. Le vrai roi ? me demandai-je à nouveau.
    Le lendemain après-midi, on nous enjoignit de nous préparer car on devait prendre la route de Hull le jour suivant, c’est-à-dire le 1 er  octobre. Le nouveau mois commença sous des vents soufflant de l’est et chargés de fortes pluies, ce qui rendit très désagréable la mise en route du cortège au petit matin, la recherche de nos chevaux et de notre place dans la cavalcade. Les champs s’étaient transformés en bourbiers et les roues de tous les chariots et même le bas des robes des grands dignitaires étaient maculés de boue. Barak pouvait plus aisément monter à cheval, désormais, le repos forcé ayant soulagé sa cheville. Sans doute regrettait-il d’ailleurs son chariot bâché, car nous chevauchions lentement, luttant, tête baissée, contre le vent et la pluie.
    Grâce à Dieu, le temps s’améliora au cours de la matinée, au moment où nous approchions de la ville de Beverley. Nous la traversâmes rapidement avant de déboucher à nouveau sur une morne plaine, parsemée de clochers blancs marquant les rares villages. Puis la route se mit à descendre lentement, le long de champs à la terre noire fertile, et, en fin d’après-midi, nous aperçûmes au loin un

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