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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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point. Le sergent Leacon m’a rapporté que vous passiez votre temps à lui faire des récits d’horreur.
    — Ce sont des sujets dignes d’un traître. Mais si je raconte ces histoires à Broderick, c’est pour une bonne raison… Dites-moi, messire Shardlake, poursuivit-il en plissant les yeux, fréquentez-vous les combats de coqs, ou les combats d’ours et de chiens ? Non, bien sûr que non, vous êtes une petite nature.
    — Quel rapport avec notre affaire ?
    — Quand j’étais gamin, je me rendais à la fosse aux ours chaque fois que je pouvais extorquer un penny à quelqu’un. Mon père m’emmenait aussi assister aux pendaisons et aux exécutions par le feu, bien qu’elles aient été plus rares à l’époque. J’ai appris qu’il existe une grande différence entre les animaux et les hommes quand on les conduit au supplice pour servir de spectacle. »
    Je le fixai du regard. Au début, j’avais eu peur de cet homme aux étranges petits yeux glacials, mais plus je le voyais, plus la peur cédait la place au dégoût.
    « La différence vient de la faculté d’anticipation. Les chiens qu’on mène dans la fosse ne se disent pas : Seigneur Dieu, je vais mourir dans d’extrêmes souffrances ! Ils pénètrent dans l’arène, ils se battent et ils meurent. Mais les hommes savent ce qui va leur arriver, se représentent le supplice des jours à l’avance. Ils imaginent la longue strangulation, comment le feu va dépouiller l’os de sa chair. Pour celui qui est condamné il n’existe pas d’échappatoire, mais si un prisonnier peut sauver sa peau en parlant… » Il haussa les sourcils. « J’ai décrit à Broderick tout ce qui risque de lui arriver, afin de tenter de l’effrayer. On m’a interdit d’utiliser la violence physique, mais j’ai compris depuis longtemps que les mots produisent le même effet.
    — Broderick ne parlera jamais, rétorquai-je, agacé. Vous le savez fort bien.
    — L’eau ronge la pierre. Je ne peux pas croire qu’il ne se réveille pas la nuit, terrorisé, en imaginant ce qui l’attend à la Tour.
    — Vous savez, Radwinter, je crois que vous êtes fou et que vous le devenez davantage chaque jour. » Sur ce, je tournai les talons et m’éloignai à grandes enjambées.
    Cette entrevue me mit mal à l’aise. Après chaque rencontre avec Radwinter, j’avais l’impression d’être couvert de vermine. Les sourcils froncés, je me dirigeai vers le château.
    Sur la prairie s’étendant devant les douves, un groupe d’agents officiels bavardaient dans l’air du soir. Parmi eux, tout seul, se trouvait Craike, occupé à vérifier les papiers posés sur sa petite écritoire. J’hésitai, sachant que ma présence le gênait, mais il me fallait parler à Tamasin. J’allai donc le rejoindre afin qu’il m’indique peut-être où elle était logée.
    « Bonsoir ! fis-je. Toujours en plein travail ?
    — Oui, je suis très occupé, hélas ! » Il s’écarta d’un pas, et même si je connaissais la raison de sa répugnance à me parler, son ton brusque m’agaça.
    « J’aurais une question à te poser, lui dis-je du ton le plus neutre et le plus officiel possible. À propos des dispositions pour ce soir.
    — Très bien, mais je suis débordé. On vient de m’apprendre que nous devons passer quatre nuits ici.
    — Quatre ?
    — En effet. Nous ne repartons pour Hull que le 1 er  octobre. »
    Je serrai les lèvres. Il me tardait beaucoup de me retrouver à bord du bateau pour Londres, or cette annonce promettait encore moult retard. Je me tournai vers Craike, afin de lui poser ma question. « Sais-tu où se trouvent les pavillons des suivantes de la reine ? » demandai-je. Il scruta mon visage. « Raison officielle », précisai-je.
    De sa plume, il désigna un champ où l’on était en train de dresser des tentes un peu à l’écart des autres. « Là-bas.
    — Merci. J’espère que l’installation se fera sans encombre », ajoutai-je en esquissant un sourire. Mais il avait déjà tourné le dos. Je secouai la tête, et partis en direction du champ. Comme j’approchais du campement, j’aperçus Tamasin, qui avançait vers moi en soulevant le bas de sa robe pour la protéger de l’herbe mouillée. Elle avait les yeux rouges.
    « Je suis venu vous indiquer où nous sommes logés, lui dis-je.
    — Et je partais à votre recherche, monsieur. » Elle me fit un pâle sourire et m’emboîta le pas. « Comment va Jack ?

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