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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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nouvelles, même si je savais que les tâches que j’avais confiées à Barak prendraient un certain temps. Je me rappelai le carillon des cloches entendu la veille sur le fleuve – n’était-ce que la veille ? –, ordre du roi, selon Tamasin, de faire célébrer des offices spéciaux pour fêter le bonheur dont il jouissait aux côtés de sa cinquième épouse. Il n’était sans doute pas encore instruit des soupçons qui pesaient sur Catherine… Cranmer devrait réunir de solides preuves avant d’oser aller l’en informer.
    Radwinter revint en tout début d’après-midi. Je fus soulagé de noter qu’il semblait ne pas avoir été maltraité. D’une humeur massacrante malgré tout, il s’assit sur son lit, marmonnant entre ses dents, l’écume aux lèvres. Son aspect me faisait frissonner. À un moment, il leva les yeux vers moi et me foudroya du regard. « La torture, ils m’ont promis la torture pour demain, alors que je leur ai tout dit. Ils refusent de croire que je dis la vérité. Tu vois, père, ils enfreignent la règle ! Tu avais tort. Même si les règles ont été établies par Dieu, ce sont les hommes qui les appliquent, et eux les enfreignent ! » Il se tut et poussa le même étrange gloussement de lutin malfaisant que la veille. « Vous n’êtes pas mon père, je le sais. Vous êtes l’avocat bossu, un mou qui ne comprend rien. » Puis il détourna la tête.
    Comme le jour tombait, la porte fut à nouveau déverrouillée et le jeune gardien réapparut. Il portait trois couvertures propres et des vêtements soigneusement pliés, sur lesquels avaient été posés du pain, du fromage et des fruits. Il les plaça sur le lit. « Une jeune fille a apporté ça pour vous. » Il fit un sourire égrillard. « Appétissante petite blonde. C’est votre poulette ?
    — Non. »
    Il regarda Radwinter, qui s’était retourné pour fixer le mur quand il avait cru que le gardien venait le chercher. « Il ne va pas bien chuchotai-je. Il perd la tête.
    — Oui-da. On a bien rigolé quand il a dit qu’on allait avoir affaire au roi et à Cranmer. Mais lorsqu’il va subir ce qui l’attend demain, ça lui remettra les idées en place vite fait. Ça rate jamais. Alors, bonne nuit, l’ami ! » Il referma la porte en la claquant.
    J’arrachai un bout de pain et un morceau de fromage. Ç’avait bon goût. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’avais faim. « Radwinter, lançai-je. Vous en voulez ? »
    Il se tourna vers moi et je vis qu’il pleurait. « Non, fit-il. Ils continuent à m’accuser d’avoir tué Broderick.
    — Je ne crois pas que vous soyez coupable.
    — Qui est coupable alors ?
    — Je n’en sais rien. Mais je ne pense pas que ce soit vous. »
    Il planta sur moi un regard dur. Quelque chose sembla changer dans ses yeux, l’éclat de folie réapparut. « Qui se soucie de votre avis ? cracha-t-il, à nouveau furieux.
    — Personne.
    — Espèce de mollasson et d’idiot de bossu ! » Il se détourna de moi.
    « Seigneur Dieu ! marmonnai-je entre mes dents ! Tire-nous de là tous les deux ! »
    Deuxième nuit passée dans la cellule. Si j’avais moins froid, grâce aux couvertures apportées par Tamasin, j’étais tout aussi terrorisé. Radwinter marmonna et poussa des cris dans son sommeil. La pluie cessa puis reprit de plus belle, sifflant comme quelque bête en colère. Une nouvelle aube grise se leva et, lorsque je me mis sur pied dans un bruit de chaînes, la raideur de mes jambes m’arracha une grimace de douleur. Je mangeai le reste de la nourriture. Où était Barak ? Avait-il appris quelque chose au Guildhall ? Avait-il réussi à se rendre à Hampton Court ?
    Ce matin-là, les deux gardiens arrivèrent de bonne heure, leur clef faisant un bruit d’enfer dans la serrure. « Allons, venez ! lança le gros à Radwinter d’un ton enjoué. On vous demande. »
    Ils vinrent me chercher deux heures plus tard. « Il est temps d’aller voir sir Jacob, me dit le gros gardien. Bon, vous, vous n’allez pas faire d’histoires ? fit-il d’un ton doucereux qui n’annonçait rien de bon. Pour le moment, il ne s’agira que d’un simple interrogatoire. »
    Je les laissai me conduire dans l’espace central où se trouvait le bureau. Au fond, je revis la porte barrée menant à la Tour blanche et devant laquelle attendait un soldat. Le jeune gardien lui fit un signe de tête. « Emmène celui-ci au vice-gouverneur ! »

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