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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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que le
sang ne coulait pas entre ses cuisses.
    De ce jour, Saraï cessa de considérer Hagar
tout à fait comme sa servante. Elle l’entoura d’attentions et de tendresse
ainsi qu’une mère s’occupe de sa fille. Hagar prit goût à ce traitement. Bien
que son ventre fût encore à peine gonflé, elle cessa de broyer le grain pour
faire de la farine, elle abandonna le soin de la tente à d’autres servantes et
s’abstint de porter le moindre objet. Les femmes passaient avec elle de longs
après-midi, lui apportant des gâteaux de miel, des onguents parfumés, et la
couvrant de compliments autant qu’elles l’eussent fait si Hagar avait été la
véritable épouse d’Abram.
    Il était vrai qu’elle resplendissait. Saraï
remarqua que ses lèvres devenaient plus épaisses et soyeuses. Ses pommettes
s’élargissaient, même ses yeux semblaient plus lumineux et plus tendres. Elle
avait des gestes lents qui faisaient penser à la danse. Elle riait d’une voix
grave, basculant ses épaules en arrière et gonflant ses seins. Elle dormait à
toute heure du jour comme si elle était seule au monde. Se réveillait pour
réclamer à manger. Elle était, en toute chose, une femme repue par le bonheur
de l’enfantement.
    À la voir ainsi, chaque jour plus opulente
de chair et de bonheur, l’envie recommença à serrer la gorge de Saraï.
    Prudente, elle s’efforça de s’éloigner
souvent, se cherchant des occupations le plus loin de sa tente, allant dormir
entre les bras d’Abram comme si cela pouvait la protéger de tout. Et peut-être
même déplaire un peu à Hagar.
    Cependant, au chaud de l’été, un soir où
elle entrait sous sa tente, la portière déjà levée pour laisser passer l’air,
Saraï découvrit Abram agenouillé devant sa servante. Hagar avait relevé sa
tunique jusqu’au cou, la main d’Abram palpait tendrement son ventre nu !
    Le souffle coupé Saraï bondit en arrière.
Mais sans pouvoir s’interdire d’épier Abram. Qui s’inclinait, posait joue et
oreille contre ce ventre tendu de vie. Sa chevelure blanche recouvrant les
seins d’Hagar aux aréoles dilatées et assombries.
    Elle entendit le murmure affectueux
d’Abram. Un murmure qui la frappa en pleine poitrine.
    Elle entendit les gloussements d’Hagar. Les
baisers d’Abram sur le ventre terriblement rebondi. Les roucoulements d’Hagar
qui offrait toutes ses chairs à la béatitude d’Abram.
    Elle s’enfuit, la tête en feu, dévorée par
la jalousie.
    Sachant que cette jalousie n’allait plus
cesser. Qu’elle n’était plus assez forte pour la supporter.
    *
    * *
    Alors qu’Hagar était à la septième lune de
son enfantement, elle repoussa un jour avec dégoût le plat que Saraï venait de
lui apporter.
    — C’est mal cuit !
s’exclama-t-elle. Et les épices sont mal choisies. Ça ne convient pas à une
femme dans mon état.
    Saraï la regarda, interloquée, d’abord sans
voix puis tout de suite submergée de colère.
    — Comment oses-tu me parler
ainsi ?
    — Je dis seulement que cette viande
est mal cuite, insista Hagar avec désinvolture. Ce n’est pas ta faute, cela
arrive.
    — Parce que je prends soin de toi,
crois-tu que je suis devenue ta servante ?
    Hagar sourit.
    — Ne te fâche pas ! Il est normal
que tu prennes soin de moi. Je porte l’enfant d’Abram.
    Saraï la gifla à toute volée.
    — Pour qui te prends-tu ?
    Roulant des yeux effrayés, une main sur sa
joue, l’autre soutenant son ventre, Hagar poussa des glapissements et appela à
l’aide. Sans y prêter attention, tout à sa fureur, Saraï hurla :
    — Tu n’es pas l’épouse d’Abram. Tu
n’es qu’un ventre qui porte le fruit de sa semence. Cela et rien d’autre !
Un ventre d’emprunt. Tu es ma servante, et c’est ma servante qui a été
engrossée. Quel droit crois-tu avoir ici ? Et sur moi, encore ! Moi,
Saraï, l’épouse d’Abram ?
    Des femmes accouraient, tentant d’agripper
les bras de Saraï, craignant qu’elle frappe Hagar de nouveau. Saraï se dégagea
avec force.
    — Ne soyez pas stupides. Je ne vais
pas la tuer ! Un instant plus tard, elle était devant Abram.
    — J’ai mis Hagar dans ton lit, mais
maintenant qu’elle est enceinte, elle se prend pour ton épouse. Ce n’est plus
supportable.
    Le visage d’Abram se fripa de tristesse. Il
saisit Saraï par les épaules, l’attira contre lui.
    — Je t’avais prévenue que tu
souffrirais.
    — Il ne s’agit pas de souffrir,

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