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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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se présentent chez la future épouse avant qu’elle ait participé au
premier repas des invités. Égimé ne t’a donc rien enseigné pendant ces sept
jours ?
    — Oh que si ! Elle m’a appris à
chanter, à laver mon linge, à tisser des fils de couleur, très fins mais
solides. Elle m’a enseigné ce qu’une épouse doit faire pour que son mari n’ait
jamais faim. Comment on doit le nourrir le matin et le soir. Ce que l’on doit
lui dire et ne pas lui dire. Elle m’a appris à me teindre les pieds, à me
coiffer avec le châle, à m’enduire de pommade entre les fesses ! J’en ai
encore la tête qui bourdonne !
    La voix de Saraï montait comme les larmes
dans ses yeux, qu’elle aurait bien voulu dissimuler.
    — Mais elle ne m’a pas dit qui serait
mon époux.
    — Parce qu’elle ne le sait pas.
    Saraï chercha le mensonge dans les yeux de
Sililli. Elle n’y lut qu’une tendresse un peu triste. Un peu lasse.
    — Elle ne le sait pas, Saraï, répéta
Sililli. C’est ainsi, ma fille. Une fille appartient à son père, son père la
donne à son époux. Ainsi vont les choses !
    — C’est ce que vous racontez toutes.
Mais moi, je vais aller demander à mon père.
    — Saraï ! Saraï ! Ouvre les
yeux ! Demain, toute la maison sera en fête. Ton père offrira le premier
banquet et il montrera ta beauté à ses invités. Ton époux viendra offrir son
plateau nuptial, ses lingots d’argent, et tu sauras alors qui il est.
Après-demain, il t’enduira du parfum de l’épouse et tu seras à lui.
Voilà ! Voilà ce qui va se passer. Rien n’y peut changer, car c’est ainsi
que se marient les filles des puissants d’Ur. Et toi, tu es Saraï, fille
d’Ichbi Sum-Usur. Dans deux nuits, ton époux viendra dormir dans cette belle
chambre, dans ce beau lit. Pour ton plus grand bonheur. Ton père ne peut pas
avoir fait un mauvais choix…
    Les mains sur les oreilles pour ne plus
entendre, Saraï se précipita hors de la pièce. Sur le seuil, une ombre
l’immobilisa : Kiddin, son grand frère, se dressait devant elle.
    Il avait quinze ans mais en paraissait deux
ou trois de plus. Bien que sa barbe ne soit encore qu’un duvet transparent, il
possédait la belle apparence d’un jeune seigneur d’Ur, fils aîné d’une grande
maison. Ses traits étaient réguliers. Les muscles de ses épaules, de ses bras
et de ses cuisses étaient déjà ceux d’un guerrier. Kiddin adorait la lutte et
la pratiquait chaque jour. Il soignait sa chevelure et contrôlait son regard,
le ton et la mesure de ses paroles, ses gestes. Saraï avait depuis longtemps
remarqué qu’il faisait en sorte que le tissu de sa toge, sur son épaule droite
dénudée, souligne la finesse de sa peau et donne aux femmes le désir d’y
glisser les doigts. Dans la maison il était par-dessus tout soucieux que chacun
respecte son rang d’aîné. Sililli elle-même, qui semblait pourtant ne craindre
qu’Ichbi Sum-Usur, prenait soin de ne jamais le froisser.
    La voix froide, Kiddin annonça :
    — Bonjour, ma sœur. Notre père te
demande de le rejoindre, car il va sacrifier des moutons pour connaître ton
futur d’épouse. Le barù est déjà dans le temple. Il boit et se parfume.
    Saraï ouvrit la bouche pour poser la
question qui la taraudait, mais seul un « Bonjour grand frère »
franchit ses lèvres. Un éclair passa dans les yeux de Kiddin.
    Un sourire moqueur rappela qu’il n’était
qu’un jeune garçon.
    — Prépare-toi. Je reviens te chercher
dans peu de temps.
    Il tourna le dos et quitta la pièce en
grand seigneur qui aime laisser le silence planer sur ses paroles.
    *
    * *
    La petite pièce où le père de Saraï
travaillait était bien encombrée. Deux des murs étaient parcourus de rayonnages
surchargés de tablettes d’argile. Des lettres et contrats, des comptes par
centaines. Toutes ces choses importantes qui faisaient d’Ichbi Sum-Usur un
homme craint et respecté.
    Sur une longue table en ébène, un serviteur
pressait une boule d’argile dans une matrice de bois à l’aide d’un pilon. À ses
côtés, des caissettes d’argile fraîche recouvertes de lin humide, des couteaux
de bronze, des pots remplis de calâmes petits et grands… tout ce qu’il fallait
pour écrire. Assis à l’autre extrémité, les doigts précis et alertes, un scribe
sculptait les mots dans la pâte.
    Saraï entendit son père dicter :
    — … l’époux pourra venir en ma
maison, y séjourner comme un fils

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