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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Ichbi Sum-Usur. Que crois-tu donc ? Que je vais t’accompagner chez lui
pour que tu juges de sa mine ? Puissant Ea, protège-moi ! Peut-être
aussi devrais-je expédier des messagers à travers toute la ville pour annoncer
qu’Ichbi Sum-Usur change d’avis, il ne marie plus sa déesse de fille car elle
ne trouve pas à son goût l’époux qu’il lui a choisi !… Saraï, Saraï !
S’il te plaît n’offusque pas les dieux avec de nouvelles bêtises.
    Il se retourna et saisit d’un geste furieux
la tablette d’argile fraîche sur laquelle le scribe écrivait un instant plus
tôt. Il la brandit devant le visage de Saraï.
    — Cette tablette, c’est ton contrat
d’épouse. Il reste sept jours, sept jours avant qu’il m’en revienne une toute
pareille, portant l’empreinte du calame de ton époux et de son père. Sept
journées de festins, de chants et de prières qui vont me coûter deux mille
mines d’orge ! Sept jours pendant lesquels ma fille préférée n’aura qu’un
droit et un devoir : être belle et sourire.
    Sa voix était montée, ses derniers mots
jetés avec tant de colère qu’on avait dû les entendre de la cour.
    Il lança sa tablette sur la table, ramena
soigneusement sa tunique qui avait glissé de son épaule.
    — Le devin nous attend. Espérons qu’il
ne va pas découvrir je ne sais quelle catastrophe dans les entrailles des
moutons.
    *
    * *
    Le devin était un vieil homme si maigre que
son corps semblait à peine présent sous sa toge. Sa chevelure et sa barbe,
parfaitement peignées et huilées, lui couvraient les épaules et la poitrine. De
son visage on ne voyait que ses prunelles noires, lumineuses comme des pierres
polies.
    Saraï se tenait entre son père et Kiddin.
Elle sentait leur chaleur contre ses épaules et pouvait entendre leur
respiration. De temps à autre, Kiddin lui jetait des regards qu’elle préférait
ne pas affronter. Il ne cachait pas avoir entendu la colère de leur père. Il
les avait rejoints alors qu’ils se rendaient au temple avec un sourire qui en
disait long. Inutile d’ailleurs qu’il livre à haute voix ses pensées, Saraï les
devinait aussi bien que s’il les lui avait chuchotées à l’oreille :
« Cette fois-ci, ma sœur, notre père a tenu bon. Il ne cède pas à tes
caprices ! Il était temps ! Crois-tu toujours être sa
préférée ? »
    Il ne restait plus qu’à espérer que les
dieux soient bons avec elle. Et que son père ne lui ait pas choisi un époux
comme Kiddin ! Toujours à vouloir montrer sa force et sa morgue. Elle ne
le supporterait pas une seule journée !
    Saraï repoussa ces pensées. Elle ne devait
pas songer à mal tandis que le barù commençait la cérémonie. Elle devait
au contraire ouvrir son cœur au devin et aux Puissants du Ciel. Qu’ils voient
ce qu’il y avait de bon en elle. Qu’ils fassent en sorte que son époux soit un
homme capable de cultiver ce qu’il y avait de meilleur en elle.
    Elle se redressa, détendit ses doigts,
releva doucement le visage, comme pour qu’on la voie mieux. Et lutta contre
l’odeur âcre provenant des copeaux de cèdre que le devin lançait sur les
braises d’un petit foyer. On n’y voyait guère, toutes les ouvertures du temple
ayant été obturées. Seules deux torches de cire d’abeille éclairaient la
banquette qui supportait les statues et les autels des ancêtres de la famille.
Le devin avait disposé trois foies de mouton au pied des aïeux d’Ichbi
Sum-Usur. Tournant le dos, il marmonnait des paroles que nul ne comprenait.
Chacun néanmoins faisait de son mieux pour ne pas troubler sa concentration.
    Derrière le premier rang occupé par Saraï,
son père et son frère, il n’y avait, quelques pas en retrait, qu’une
demi-douzaine de proches parents et deux ou trois invités. Des gens dont Saraï,
en entrant dans le temple, avait fui les sourires et les encouragements, encore
furieuse de n’avoir pu faire céder son père. Maintenant, chacun, comme elle,
faisait un effort pour respirer et ne pas tousser, malgré la fumée qui piquait
les yeux et irritait la gorge.
    Soudain, le barù rassembla les trois
foies sur un épais plateau d’osier. Il se retourna et marcha droit sur Saraï et
son père. Saraï ne put s’empêcher de fixer les entrailles d’où s’écoulait
encore un filet de sang chaud. La voix du devin retentit, forte et nette dans
le temple :
    — Ichbi Sum-Usur, serviteur fidèle,
toi dont le nom veut dire « Fils qui

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