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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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trop bien être uniquement destinées à
Saraï :
    …Et moi la pucelle,
    Moi, le monticule haut soulevé,
    Moi, la pucelle au giron offert,
    Ma vulve qui la labourera ?
    Mouillant le sol pour moi,
    Quel époux viendra mettre là son
bœuf ?
    Brusquement, les chants cessèrent. Les
danseurs s’immobilisèrent, les esclaves reposèrent les jarres. Ichbi Sum-Usur
congédia sa cour d’un geste sec. Seuls retentirent le roulement des tambours et
la mélodie des flûtes tandis que tous les regards se tournaient vers l’entrée.
    Saraï devina sa silhouette aussitôt qu’il
pénétra dans la cour.
    Lui, celui qui la voulait pour épouse.
    Sans se rendre compte elle s’était
redressée pour mieux le voir. Elle le distinguait mal encore dans l’ombre des
dais. Il avançait lentement derrière un homme plus âgé, son père certainement.
Il lui parut d’abord d’une taille particulièrement grande et d’une démarche
assurée.
    Elle ouvrit la bouche, mais il semblait que
son corps oubliait de respirer. Son cœur martelait ses côtes. Ses mains
tremblaient. Elle les cacha dans les plis de sa toge.
    Le père du promis semblait prendre plaisir
à avancer avec une lenteur exaspérante. Tous les invités, hommes ou femmes, les
saluaient avec respect. Saraï crut entendre un murmure d’approbation. À moins
que ce ne fût le bourdonnement du sang à ses oreilles.
    Cependant, plus les deux hommes
approchaient plus un sourire joyeux montait en elle. Elle le voyait mieux,
maintenant. Un corps svelte malgré les épaules larges. Une nuque forte sous la
toge, les cheveux en boucles abondantes retenues dans un chignon serré par un
collet d’argent. Une barbe déjà, et même fournie. Un homme. Le balancement de
ses bras, l’aisance de ses pas : un homme. Pas un enfant ni même un garçon
de l’âge de Kiddin.
    Saraï entendit les louanges mal contenues
de ses tantes lorsque le père et le fils se présentèrent devant la vasque de
parfum. L’un après l’autre, avec des gestes mesurés, ils s’aspergèrent le
visage.
    Cette fois elle put mieux le voir. Les
sourcils droits, le nez mince et busqué. Entre les volutes de la barbe, la
bouche était aussi nette qu’un trait. Des yeux presque voilés par les cils tant
ils étaient longs. Sa toge de lin filé de rouge et de bleu laissait les mollets
et les pieds visibles. Les chevilles, solides, étaient serrées avec élégance
par les lanières de cuir des sandales. En tout, assurément, il possédait la
noblesse que l’on pouvait espérer d’un homme dans le pays de Sumer et d’Akkad.
    Une main agrippa le coude de Saraï, le
serrant autant que des griffes. Elle sursauta, se tourna à demi pour recevoir
l’haleine enivrée d’Égimé qui murmura avec fougue :
    — Le voilà, ton époux !
Regarde-le bien, ma fille. Et accueille-le comme il le mérite. C’est un roi. Je
te le dis. Nous toutes qui sommes ici, on le supplierait de nous écarter les
jambes !
    Saraï eut envie de sourire pour de bon, de
ne plus rien craindre. Que son cœur ne batte que d’impatience, de joie et de
plaisir. Il semblait bien, oui, que son père ait trouvé pour sa fille
bien-aimée le plus puissant, le plus beau, le plus noble des hommes !
    Ichbi Sum-Usur maintenant accueillait les
deux hommes, Kiddin déjà fêtait l’époux, son futur frère. On voyait à quel
point il admirait le nouveau venu et cherchait à lui plaire. Sourires, rires,
inclination de tête, échanges de châles !
    Oui, Kiddin, lui, n’aurait pas hésité à se
marier avec cet homme.
    À le voir faire, un petit serpent de doute
s’agita dans le ventre de Saraï.
    Trop occupée à dévisager celui qui allait
être le maître de ses jours et de ses nuits, elle n’avait encore prêté aucune
attention au plateau rituel que l’époux se devait d’offrir à la famille de
l’épouse. Quatre esclaves le montaient à l’instant sur l’estrade. Il y eut des
cris et des battements de mains. Désormais, les invités ne retenaient plus leur
admiration.
    Grand, le plateau surmonté d’une statue
était sculpté dans un bois précieux venu de Zagros, recouvert de cuir, de
bronze, d’argent. En son centre, tiré de la même pièce de bois, se dressait un
taureau aux cornes d’or, mufle d’argent et yeux de lapis-lazuli. Sous son
poitrail marqueté d’ivoire et d’ébène bandait un sexe de bronze énorme.
    Les cris d’acclamation ne cessaient pas.
Les yeux de Kiddin lancèrent des éclairs

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