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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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qu’ils
dénouent leur embrassade, un garçon les bouscula, tirant un cri à Abram :
    — Éliézer !
    Éliézer de Damas avait grandi. Sa taille
était l’égale de celle d’Abram. Les boucles de ses cheveux tombaient sur ses
épaules. Le duvet de la première barbe couvrait son menton. Il enlaça son père
d’adoption avec l’effusion d’un fils. Chacun put voir les yeux embués d’Abram.
    Ce soir-là, pour la première fois depuis
qu’ils avaient quitté la terre de Canaan pour celle de Pharaon, le rire d’Abram
retentit.
    Un rire qui surmonta la musique de la fête,
s’entendit assez loin pour qu’Hagar, préparant la couche de Saraï déjà retirée,
demandât qui était ce beau garçon qui rendait Abram si heureux.
    Saraï laissa les mains d’Hagar ôter sa
tunique et lui masser le dos avec un onguent doux avant de répondre avec une
lasse indifférence :
    — Il s’appelle Éliézer de Damas. Abram
l’a choisi pour remplacer le fils que je ne peux lui donner. Il est plaisant et
charmeur. Méfie-toi de ses œillades. Elles sont comme ces fruits qui brillent
lorsque le soleil et la chaleur te sèchent les lèvres. Tu les approches de ta
bouche et tu es empoisonnée.
    — Pourquoi dis-tu cela ?
    — Par jalousie peut-être. C’était
l’opinion de ma chère Sililli. Ou peut-être suis-je désormais capable de
reconnaître le bien du mal sans me soucier du masque sous lequel ils
approchent.
    On fêta leur retour durant sept jours.
Chaque matin, Abram et Melchisédech se tenaient avec les Anciens dans la grande
tente blanc et noir. Abram racontait le pays du Nil et les questions que lui
avait posées Pharaon sur le Dieu Très-Haut. À son tour, Melchisédech raconta
comment la pluie était revenue sur Canaan, aussi soudainement qu’elle en avait
disparu. Une pluie comme on n’en avait jamais vue. De plein été et pourtant
sans orage, abondante sans être violente, abreuvant la terre assoiffée sans la
raviner. Enfin remplissant les puits et les sources durant tout l’hiver. Tant
et si bien que le printemps était apparu aussi vert que dans les temps anciens.
    — À l’automne, affirmait Melchisédech
à Abram avec un sourire apaisé, quand j’ai vu la tournure de cette pluie, j’ai
su que le Dieu Très-Haut prenait soin de toi. J’ai dit : « Abram et
son peuple vont bien. Ils seront de retour bientôt. Yhwh prépare Canaan pour
eux comme on prépare une épouse pour sa nuit de noces. »
    Chacun riait, content et rasséréné.
Cependant, lors d’un de ces bavardages, Loth surgit et déclara rudement :
    — Je veux parler à Abram !
    On craignit aussitôt son ivresse et sa
violence. Pourtant, s’il avait le visage rouge, les yeux gonflés et le vêtement
désordonné, Loth n’était pas ivre. Abram l’invita à s’asseoir :
    — Parle, je t’écoute.
    — Ce que j’ai à dire est simple. Tu
nous as conduits une fois déjà à la famine. Je ne veux plus avoir à subir ton
inconséquence. Je veux aller sur une terre qui m’appartienne, y conduire mon
troupeau et ceux qui voudront m’y suivre. Ne me dis pas que ton dieu peut m’en
empêcher. Je me moque de ton dieu.
    Melchisédech fronça les sourcils. Il y eut
des murmures de réprobation. Néanmoins, Abram répondit avec une douceur qui
surprit chacun :
    — Je te comprends et je t’approuve.
Écoute ceci, Loth. Tu es plus que mon neveu : tu es mon frère comme
l’était ton père. Tu as dans mon cœur ta place et celle de ton père Harân. Il
n’y aura pas de dispute entre nous.
    — Tu me laisses donc prendre une terre
pour moi seul ? répéta Loth, étonné.
    — Oui. J’approuve ta décision. Elle
est pleine de bon sens. Non seulement je te laisse prendre une terre mais je
propose : choisis les pâturages qui te semblent les meilleurs pour ton
troupeau et ceux qui formeront ta famille. Si tu pars à gauche, j’irai à droite.
Si tu pars à droite, j’irai à gauche.
    Loth se dressa, plus rouge encore qu’à son
arrivée.
    Il jaugea les visages qui lui faisaient
face. Comme par défi, il annonça :
    — Je prends la terre qui se tient dans
la courbe du Jourdain, à l’est de Salem.
    — Mais c’est la plus riche de tout
Canaan ! s’exclama Melchisédech, offusqué. Elle est irriguée d’un bout à
l’autre de l’année et aussi belle qu’un jardin !
    — C’est donc un bon choix, intervint
Abram.
    Il souriait, approuvant de la tête.
Melchisédech voulut encore protester. Abram l’en

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