Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
d’ouvrir la discussion, M. le Maire dit que, dès le jour même , mis au courant de cette question par le fossoyeur du cimetière S t Charles, qui, au préalable, avait déjà dû fournir des renseignements demandés par le major Heyn lui-même sur place — il était allé à la Commandanture pour s’entretenir de la dite question et montrer combien était grave la décision qu’il allait être appelé à prendre, en raison des lois françaises sur la législation toute spéciale des cimetières, législation s’opposant à toute exhumation avant un délai révolu de cinq années, et encore sur la demande même des familles, seules autorisées à le faire ;
Que, dans ces conditions et en présence de la lourde responsabilité qu’encourrait, par la suite, l’administration municipale devant les tribunaux saisis de l’affaire par les familles intéressées, il réclamait confirmation de l’ordre par écrit, ce qui, ajouta-t-il, ne se fit pas attendre, puisqu’aujourd’hui même il le recevait. Préalablement, le maire avait fait connaître qu’il s’agissait des sépultures des corps inhumés depuis septembre jusqu’à fin décembre 1914.
Ces tristes explications étant développées, il ne restait plus à l’assemblée communale qu’à délibérer.
L’ordre était formel ; il fallait s’exécuter : toujours les Fourches Caudines : furculœ Caudinœ ( 20 ) ! Le Conseil n’y passa qu’à son corps défendant... Il décida que « des soins extrêmes seraient apportés à cette translation et que les opérations d’exhumation et de réinhumation se feraient avec tout le respect dû à nos chers défunts. »
Un procès-verbal en fut dressé, et chaque corps, déposé dans sa sépulture nouvelle, fut inscrit sur un registre d’ordre indiquant son emplacement exact afin que les familles pussent venir, comme auparavant sans crainte d’erreur, déposer leurs souvenirs et leurs prières sur la tombe de leurs morts.
VII
En sa séance du 31 mars, le Conseil tendit une main secourable à des œuvres intéressantes :
A la Caisse de retraite de nos ouvriers à laquelle il fit une nouvelle avance de
15 000 fr.
A la Caisse de retraite des sapeurs pompiers à laquelle il fit un prêt (plus que suffisamment garanti par les ressources de cette caisse), de
1 400 fr.
Aux Fourneaux économiques auquels il vota
10 000 fr.
Au Bureau de Bienfaisance qu’il subventionna encore de
17 000 fr.
Aux Ateliers de charité qu’il accrédita derechef de
10 000 fr.
Enfin, à la commune de Glaire, qu’il obligea aux mêmes conditions que précédemment d’un prêt de
1 500 fr.
Une importante délibération fut encore celle du 13 avril, concernant la formation pour tous les pays occupés d’un syndicat intercommunal de ravitaillement avec son siège central à Bruxelles : il devait englober plusieurs comités, qui seraient eux-mêmes la réunion des communes dépendant d’une ou de plusieurs commandantures : celles de Sedan-Ville, Sedan-Land, Raucourt et Douzy (ensemble 38 communes) faisaient partie d’un groupe dont le siège principal et particulier était Sedan même. Il nous est impossible de reproduire ici les 23 articles des statuts sagement rédigés par le Syndicat ardennais de ravitaillement de notre région .
Formation, objet, dénomination, durée, siège, puis administration, surveillance, gérance, sessions du comité administratif, enfin dissolution et liquidation, lorsque les opérations de réapprovisionnement deviendraient sans objet, tout était réglé dans les détails, et le Conseil adopta le dit projet, et fixa, pour la constitution du fonds de roulement, à 30 francs par habitant la part contributive de la ville de Sedan.
MM. A. Grandpierre, premier adjoint, et Ad. Benoit, minotier président de la Chambre et du Tribunal de commerce, furent désignés comme délégués du Conseil municipal de Sedan, au Syndicat régional des Ardennes.
Le 18 avril, le Conseil, dont les dix membres présents à Sedan étaient, nous l’avons dit, en permanence à l’Hôtel de Ville, recevait de M. Grandpierre communication de l’ordre suivant, aussi douloureux que surprenant, de la Commandanture :
« Les 21, 23 et 24 avril partiront de la ville, pour le midi de la France, 1.500 à 1.800 personnes civiles de Sedan, savoir :
500 le 21,
500 le 23,
500 le 24.
Les personnes pourront emporter des bagages à main nécessaires et quelques ustensiles ménagers, les voyageurs et les paquets subiront une visite
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