Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
régiment) se traînait sur les coudes dans les champs, lorsqu’un éclat d’obus lui entame la main gauche. Recueilli, conduit à l’ambulance Nassau , il subit l’amputation de la main; il semble se remettre quand il est saisi par le tétanos; en ce moment, l’ambulance est prise par les Allemands et Potrel emmené, en pleine et horrible crise, à l’hôpital civil. Chose merveilleuse! il se rétablit et il est évacué, avec Gatineau et le sous-lieutenant Le Rumeur , dont nous allons parler, sur les lignes françaises.
Le pauvre Potrel était sabotier, et il ne se consolait pas de l’ablation de sa main: « Comment , gémissait-il, comment faire des sabots avec une seule main ? ... »
Il avait été blessé à Angecourt, le brave sous-lieutenant Jean Le Rumeur , du 62 e ; la gangrène s’était mise à sa jambe et l’on dut en faire au plus vite l’amputation. Du lazaret de Nassau il fut reversé à l’hôpital civil, où deux fois de suite on fut obligé de recouper plus haut! La rapidité de décision et l’habileté du docteur Molard le sauvèrent seules. Une affreuse hémorragie était survenue; toute ligature artérielle échouait dans des tissus très infiltrés: en quelques minutes, il fallut amputer jusqu’à ce que l’on rencontrât des tissus sains.
Un autre ( inter multos !) supporta stoïquement aussi les opérations chirurgicales nécessaires : ce fut le sergent Aurélien Fauchet (7 e d’infanterie) ; il avait reçu cinq éclats d’obus, avait les mains littéralement en bouillie : l’on fut forcé de lui en couper une et de sacrifier un doigt de l’autre. A ce prix, on lui sauva la vie et il accompagna les précédents blessés dans leur évacuation sur nos lignes.
VII
L’Hôpital Nassau, dont les services avaient été interrompus le 25 août, rouvrit ses portes le dimanche 30 du même mois. Immédiatement, sur l’impulsion de la zélée présidente du Comité des dames de la Société de secours aux blessés, M me Charles Halleux, M me Henri des Forts, la baronne Gérard de Montagnac, M lles Charlotte Mousset et Geneviève Sthurler se mirent à la disposition du docteur Molard, dans la salle d’opérations.
M me Chapsal et Paul du Rotois, M lles Baquet, Bazelaire, Hanotel, Lemaire et Sacré se répartirent dans les salles des blessés ; M elle Wahart prit la direction de la pharmacie.
A ces infirmières, munies de leurs diplômes, vinrent spontanément s’adjoindre d’autres dévouements. — La secrétaire de la Société, M lle Marie Husson — lorsque l’hôpital Nassau fut fermé par l’autorité allemande — suivit les blessés à l’Hôpital civil où elle ne cessa de les entourer des attentions et des soins les plus délicats. C’est là, aussi, que M me Georges Ninnin et M lle Louvet ( 110 ), pourvues de leurs diplômes, furent les précieuses auxiliaires du docteur Pérignon; et que se dévoua M me G. Gibert-Lepage.
M me Émile Brégi passait, infatigable, d’un lazaret à un autre et faisait maintes fois ainsi que plusieurs de nos concitoyennes, le service si pénible de la nuit ( 111 ).
En même temps, se multipliaient à Torcy M elle Anna Kablé, secondée par M mes Charles Antoine et Champion, et M elle Cayet ; — à l’hôpital militaire , M elle M. Jæger ; — à Gaulier, M elle Pauline Colin; etc...
VIII
A l’ambulance Turenne ( 112 ), dans les premiers temps, il convient de conserver aussi les noms d’un personnel exemplaire de fidélité à son poste :
M. le docteur F. Goguel était médecin-chef; M me F. Goguel administratrice; la pharmacie était tenue par M. et M me Dubrulle; la comptabilité par M. Paul Laroche et M. G. Paul; le service général confié au principal, M. Fay.
Des infirmières de salles, dont trois de la Croix-Rouge de Paris et une de la Croix-Rouge de Nancy ( 113 ) en groupaient autour d’elles plusieurs de talent et de mérite, dont six étaient de nuit à l’ambulance : M lles Hagnéry et Henriet, de Bazeilles ; M me Bouttieaux, de Paris; M lles Douffet et Jeanne Vauché, et M me Alb. Picard, de Sedan ( 114 ).
M. l’abbé Dupont, vicaire de Saint-Charles; M. le Pasteur Cosson, et M. Metzger (remplaçant le Rabbin) assuraient les divers services religieux.
Comme infirmiers de salles, il y avait: MM. Paul Bacot, G. Théatre, H. Goguel.
Cuisine, lingerie, repassage, buanderie fonctionnaient dans d’excellentes conditions.
Enfin, aux offices de brancardiers pourvoyaient MM. Moreaux, Fr. Vauché, G.
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