Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
Stengel, Bolle, G. Habary. — Le chef d’atelier était M. Cachelin.
IX
Les deux Conseils de la Croix-Rouge française furent les inspirateurs et les soutiens de bien des dévouements et donnèrent eux-mêmes l’exemple :
Pour le Conseil d’administration citons :
MM. Aug. Philippoteaux, président; le docteur Vilfroy, vice-président; Ch. Docquin, trésorier.
Pour le Conseil des dames :
M mes Charles Halleux, présidente; Chapsal, vice-présidente; M elle M. Husson, secrétaire; toujours à leur poste, toujours sur la brèche, à Sedan.
Nos notes pour ce chapitre ne portent que sur cette phase de 1914; nous croyons cependant devoir mentionner encore qu’à partir d’avril 1918 — époque à laquelle les premiers prisonniers français arrivèrent à Sedan, la Société de la Croix-Rouge leur vint efficacement en aide par des dons de légumes, et aussi de chemises, de caleçons, de mouchoirs, etc... Ils en avaient le plus grand besoin, et la Société trouva, comme toujours, dans la charité privée de précieux auxiliaires.
Le 5 novembre, l’autorité allemande remettait à la charge de la ville 223 évacués français et belges, tous malades à la citadelle, et 45 typhiques, se trouvant à l’Asfeld.
Sur l’avis des docteurs Lapierre, Pérignon, Goguel, Molard et Léonard, ainsi que de M mes Ch. Halleux et Devin, réunis dans le cabinet du maire, les typhiques furent transférés à l’hôpital civil, et les 223 malades laissés à la citadelle et confiés au docteur Léonard: avec un très beau dévouement, M lle Guillaume, de Torcy, appartenant à la Société des dames françaises s’y ins talla, afin d’être à même de soigner jour et nuit ces infortunés dont la mort éclaircissait quotidiennement les rangs; la Société de Secours aux blessés intervint là de nouveau dans toute la mesure possible.
Une autre noble page à citer pour finir: de malheureux prisonniers français rentrèrent de Belgique en ce même temps-là : mourant de faim, de froid, de fatigue !... M. Lécluse et sa fille organisèrent en leur maison près du collège Nassau un poste précieux de secours: là, pendant dix jours, M me G. Ninnin, aidée par ses deux fils; M me Chapsal, M lles Goguel, Louvet et H. Wahart, les secondèrent pour distribuer 4.000 rations de bouillon, de thé, de café,... et cette vaillante phalange ne se retira que quand notre autorité militaire reprit à sa charge le ravitaillement des prisonniers libérés. — Ne sont-ce pas là des faits qu’il faut inscrire au livre d’or d’une Société ?...
CHAPITRE IV
OTAGES
I
Par un procédé renouvelé de l’antiquité et suivi malheureusement encore dans les nations qui se disent civilisées, l’Allemagne prit chez nous des otages en 1914-1918, comme elle avait fait en 1870.
Il est des cas — nous le savons — où les otages peuvent être considérés comme prisonniers de guerre; mais tout ce qui va au-delà est une flagrante injustice, que doit flétrir l’état actuel de nos sociétés. A notre époque contemporaine, des peuples n’ont point reculé devant l’usage barbare de les mettre à mort, ou de les y conduire par de torturantes épreuves !
Dans la dernière guerre, le système des otages a été pratiqué dans notre ville en des conditions beaucoup plus graves que 45 ans auparavant.
En effet, la Commandanture en exigea 145 avec une liste supplémentaire de 50 pour parer aux lacunes éventuelles (maladie, mort, etc...) et sous cette condition particulièrement arbitraire de passer, par groupe de 10, sans interruption ni le jour ni la nuit, quatorze et dix heures au cercle dit de la Société, sous la garde des baïonnettes prussiennes.
Un comité fut chargé d’assurer ce délicat service ( 115 ); et, s’il fut matériellement impossible d’éviter toute difficulté, il est équitable de dire ici que les victimes furent nobles et dignes au cours de cette longue épreuve !
Cet hommage général rendu à nos concitoyens, nul ne nous démentira si nous affirmons que le clergé catholique de Sedan et des environs ainsi que les ministres des cultes protestant et israélite méritent un éloge particulier. En effet, malgré le grand âge ou la faiblesse de santé de certains d’entre eux, malgré l’appel extrêmement fréquent — (trois fois par semaine pour chacun) — la Commandanture exigeant chaque fois la présence d’un ministre (?), il n’y eut jamais de leur part ni absence, ni défaillance; M.
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