Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
salles Bernutz (tuberculeux en temps de paix) on isolait les tétaniques (une douzaine dont trois guérirent).
VI
L’hôpital civil ayant hérité des blessés de Nassau, grâce au dévouement de M elle Louvet (de la Croix-Rouge) une bonne partie du matériel, des médicaments et des objets de pansement furent transférés à l’hôpital civil, avant que les Allemands prissent possession de Nassau. M elle Louvet rendit là un signalé service; car l’hôpital civil n’avait aucun approvisionnement de chirurgie: il devait, croyons-nous, être régulièrement affecté à l’hospitalisation des malades contagieux de l’armée.
La question importante des vivres — (il y avait parfois 400 personnes à nourrir!) — fut habilement réglée par M. Wiette qui parvint à réunir des quantités suffisantes, au moins jusqu’en mars 1915, (c’est-à-dire durant 7 longs mois) ; l’alimentation devint alors très difficile par suite du rationnement et de la nécessité de passer par les Allemands.
Le service religieux a été constamment assuré par l’aumônier ordinaire M. Cousinard qui habita l’hôpital jusqu’au moment où un prêtre prisonnier des Allemands (curé de Laimont-Meuse) fut envoyé par ceux-ci de la prison civile à l’hôpital civil. Comme il lui était permis, en cas de besoin, d’administrer les sacrements la nuit, le dévoué aumônier, M. Cousinard, put retourner coucher chez lui et y prendre ses repas.
Dans toutes les salles de blessés, il y eut d’excellentes infirmières, pleines de bonne volonté, dont quelques-unes faisaient partie de la Croix-Rouge; dignes de tous éloges, plusieurs fournirent spontanément et librement, sans un instant de lassitude, le plus méritoire service de nuit.
C’est bien ici le lieu de décerner des mentions honorables à nos jeunes concitoyens: MM. Marcel Godet et P. Tavenaux dont le dévouement ne connut pas de défaillance à l’hôpital civil et à l’hôpital militaire.
Complétons maintenant ces renseignements où nous voudrions mieux faire la part de chacun. A l’ hospice civil passèrent près de 300 blessés (287) ( 104 ). En dresser la liste, ce serait établir, de même que pour les autres ambulances, le martyrologe de cette épouvantable guerre! Quarante-cinq succombèrent malgré les soins les plus tendres et les plus intelligents.
Sur l’un d’eux, André Pin , atteint déjà au bras par un coup de feu, un officier allemand — croyant l’achever — avait déchargé son révolver dans la poitrine ( 105 ) ; les autres furent, en majeure partie, évacués sur l’Allemagne ; quelques-uns sur les lignes françaises ( 106 ) ; d’autres (55 ou 56) étaient encore à l’hospice fin mars 1915, comme trop malades; ils ne furent évacués que vers le 17 ou 18 avril, à l’exception de sept que l’on conserva encore, jusque dans les premiers jours de mai.
Un jeune Saint-Cyrien, Rolland de Bengervé , fut amené mourant à l’hôpital ; il avait été frappé d’une balle qui lui avait fait une plaie pénétrante au crâne ; il décéda le 3 septembre : ses notes pleines de gaieté, d’espoir, de française insouciance, contrastent singulièrement avec sa fin douloureuse.
Voyant mourir ainsi, l’on se rappelle ce mot profond du grand et religieux penseur que fut Gratry: « Quand au milieu d’une masse d’hommes, plusieurs s’entendent pour finir en héros, ils se soutiennent de leur force commune, et leur exemple est contagieux. »
Parmi les défunts, évoquons encore le sergent Chauvin ; touché une première fois, il avait continué bravement à se battre jusqu’à ce qu’il fût blessé de rechef : très valeureux, il était admiré de ses camarades...
Puis mentionnons: Augès; blessé au ventre, il avait été dévalisé par les Prussiens durant la nuit, et il témoignait en avoir vu trois faisant, auprès d’un capitaine français, tinter les pièces d’or par eux trouvées sur l’officier tué ;
Chabot était tombé à la Marphée ; le premier Allemand qui arriva auprès de lui, saisit à terre une baïonnette et, à la manière italienne, la lança avec son fourreau sur le malheureux qui fut atteint précisément à l’endroit de sa blessure. Deux autres Allemands survinrent, souffletèrent cette brute et donnèrent à boire à la victime.
Par un terrible coup de baïonnette dans la figure, un Prussien avait également tenté d’achever Longueville , du 78 e d’infanterie, ainsi que plusieurs
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