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Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Titel: Sedan durant la guerre de 1914 à 1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henry Rouy
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cloche.
    Vers deux heures et demie, l’incendie de la flèche du clocher devient menaçant : où tomberont les pièces de bois enflammées ? — Peut-être y aurait-il danger à rester dans la maison. Je sors pour aller chez M. Triclin, instituteur, de l’autre côté de la rue. En passant devant l’église, je vois le lamentable tableau. Déjà les portes sont consumées. La corniche du maître-autel flambe ! Le tabernacle me paraît effondré,,,,. Personne chez M. Triclin. Je me tiens dans la cour, et là le chapelet en mains, les yeux pleins de larmes, au milieu du fracas de la mitraille, j’assiste pendant au moins vingt minutes à l’agonie de ma chère église... Mon Dieu, épargnez cette douleur à vos prêtres. Rien d’atroce, comme ce spectacle ! Vers trois heures, la flèche s’effondre dans l’intérieur de la tour, entraînée par la croix du sommet qui était fort lourde. Tout péril d’incendie a donc cessé pour le presbytère et j’y reviens. Quelques instants après, tout était terminé. De notre belle et grande église il ne reste que les quatre mûrs. Tout est brûlé, vases sacrés, ornements, linges et de plus, ô douleur, les saintes espèces dans le ciboire !!

    « Le jeudi 27 dans l’après-midi, la nuit ayant été très pluvieuse, je me suis avancé à travers les ruines de l’église, et j’ai retrouvé le ciboire, vide, hélas ! et défoncé sous un côté de marbre blanc du tabernacle. Dans la sacristie, les ornements se consument lentement. Je ramasse les pieds des calices et les restes des boites en fer blanc, mais je ne retrouve rien de ce qui était en argent. Le vol aura probablement précédé l’incendie. »

    Et M. l’abbé Tonnel dit en terminant : « Il s’est rencontré des personnes ayant assez peu de sens patriotique pour oser soutenir que l’incendie était dû à des obus. Je proteste absolument contre cette légende qui tendrait à justifier les modernes barbares. Je le répète, l’incendie a été mis à l’église, par les Prussiens du 8 me de ligne, sous le prétexte mensonger qu’on avait tiré du clocher ; et d’ailleurs, si l’incendie avait été allumé par les obus, pourquoi la porte de la cour, donnant dans l’église avait-elle été barricadée ? Et comment expliquer que, dans la sacristie, les meubles brûlaient avant le toit ? De plus, des personnes très dignes de foi : M. Claudel, juge alors au tribunal civil ; M. Triclin, instituteur ; M elle Augustine Lemaire, M mes Pime et Noël Pime ont vu les soldats allemands apporter de la paille et allumer eux-mêmes, criminellement, l’incendie ! »

CHAPITRE VI

    C
Incarcération de cinq habitants de Donchery.
    « La Générale » (mardi 25 août 1914)
    Dès trois heures du matin, le maire fait battre la générale : hommes, femmes et enfants, tous prennent la fuite.
    La gracieuse cité, hier encore si animée, n’offre plus à l’oeil épouvanté que l’aspect d’un affreux désert. Seuls, quelques courageux habitants ont résisté à l’affolement général.
    Vers dix heures, M. Rambourg, l’un des rares citoyens qui sont restés, se rend à l’école Sainte-Marguerite pour savoir ce qu’est devenu le directeur de cette école, un de ses amis, M. Gilbert. Celui-ci, par suite du départ de sa femme, se trouvait seul depuis une quinzaine de jours. Eloigné du reste du pays, il n’avait rien entendu de la débâcle du matin : aussi, vaquait-il tranquillement à ses occupations habituelles, lorsque M. Rambourg arriva chez lui !
    Après avoir raconté ce qui s’est passé le matin, M. Rambourg décide son ami à le suivre. Après quelques sommaires préparatifs, M. Gilbert s’achemine vers le domicile de M. Rambourg où tous deux déjeunent. Leur modeste repas terminé, ils retournent l’un et l’autre à l’école Sainte-Marguerite. Mais bientôt, ils aperçoivent les troupes françaises qui se hâtent de repasser la Meuse. Rapidement les deux amis regagnent le domicile de M. Rambourg. Là, un officier du génie les presse d’avoir à retraverser le pont le plus rapidement possible ; ce pont devant sauter aussitôt que le dernier soldat sera passé. Il n’y avait plus à hésiter, il fallait partir.
    M. Rambourg, quoique à regret, revêt sa pélerine, fait signe à sa vieille tante qui pleure ; le directeur de l’école Sainte-Marguerite s’empresse, à son tour, de reprendre son sac de voyage ; et tous les trois s’éloignent. Chemin faisant le groupe se grossit de deux

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