Sépulcre
quel moment elles dataient. Julian croisa les doigts derrière sa tête. Il distinguait tout juste en bas à droite de l’image, un bout de la nappe sur laquelle le livre de condoléances était posé.
Il plissa le front. La veille au soir, Meredith Martin était à Rennes-les-Bains et elle prenait des photos de l’enterrement et de la ville. Pourquoi ?
Tout en copiant le dossier d’images sur sa clé USB, Julian tenta de trouver une explication simple et anodine. Il n’y en avait pas.
Après avoir éteint l’ordinateur, il laissa tout dans l’état où il l’avait trouvé, puis gagna la penderie. Il prit encore un ou deux polaroïds, et se mit à fouiller méthodiquement les poches, piles de tee-shirts, chaussures, sans rien découvrir d’intéressant.
En bas de la penderie, sous des paires de bottes et de chaussures de sport se trouvait un sac de voyage noir. S’accroupissant, Julian l’ouvrit et regarda à l’intérieur. À part une paire de chaussettes et un bracelet en perles pris dans la doublure, le sac était vide. Il passa les doigts dans tous les recoins, sans rien trouver. Ensuite il vérifia les poches extérieures. Il y en avait une grande à chaque bout et trois petites de chaque côté. Toutes étaient vides. Il prit le sac, le retourna, le secoua, tira sur le fond en carton, et la doublure se détacha alors avec le bruit caractéristique du Velcro, pour révéler un autre compartiment. Julian en extirpa un carré de soie noire, qu’il déplia du bout des doigts. Soudain, il se figea.
Le visage de La Justice le dévisageait d’un air sévère.
Le tarot Bousquet. Un bref instant, il eut une sorte de vertige, puis il se rendit compte que ce n’était qu’une copie imprimée, plastifiée, et manipula le jeu pour s’en assurer.
Quel idiot d’avoir pu penser même une seconde que ce pouvait être l ’ original .
Il se leva et passa rapidement les cartes en revue au cas où cet exemplaire-là aurait quelque chose de spécial.
Mais non. Apparemment, c’était le même que celui qu’il gardait en bas, dans son coffre-fort. Aucun mot, aucune image ne différait.
Pourquoi Meredith Martin avait-elle une reproduction du jeu Bousquet, bien cachée au fond de son sac ? Ce ne pouvait être une coïncidence. Elle devait sûrement être au courant du jeu original et de son lien avec le Domaine de la Cade.
Cette découverte bouleversait tout, d’autant qu’elle venait juste après les nouvelles informations qu’il avait obtenues sur le site funéraire wisigoth de Quillan. Parmi les objets qu’on y avait trouvés figurait une ardoise, qui confirmait l’existence d’autres sites dans les environs du Domaine de la Cade. Julian n’avait pas réussi à joindre son correspondant ce matin pour en savoir plus.
Qu’en déduire d’autre ? Et si Seymour en avait dit plus à son fils que Julian ne l’avait pensé jusque-là ? Si Hal avait fait venir cette fille non pas pour enquêter sur les circonstances de l’accident, mais pour chercher les cartes ?
Il avait besoin d’un remontant. Cela avait été un tel choc d’avoir cru, même un bref instant, qu’il tenait en main le jeu de cartes original ! Il était en nage.
Julian enveloppa le jeu dans son étui de soie noire, puis le rangea dans le sac, qu’il remit au fond de la penderie. Une dernière fois, il fit des yeux le tour de la pièce. Rien n’avait bougé, en apparence. Et si Meredith Martin remarquait un changement, elle l’attribuerait aux bons offices des femmes de chambre. Il se glissa dans le couloir et regagna à pas rapides l’escalier de service.
En tout, l’opération lui avait pris moins de vingt-cinq minutes.
48.
Rennes-le-Château
Hal fut le premier à s’écarter, les yeux brillants, rouge de confusion.
Meredith aussi se recula. L’élan qui les avait poussés l’un vers l’autre était si fort qu’une fois le moment d’émotion passé, ce fut la gêne qui prit le dessus.
Hal se tourna vers le portail en bois perpendiculaire au chemin et voulut l’ouvrir, mais il résista et ne céda pas davantage à sa deuxième tentative.
— Ça alors, le musée est fermé. Je suis désolé. J’aurais dû appeler pour vérifier, dit Hal d’un air dépité, puis il croisa le regard de Meredith, et tous deux éclatèrent de rire.
— La station de Rennes-les-Bains aussi est fermée au public jusqu’au 30 avril, remarqua Meredith.
Hal avait beau faire, la même mèche rebelle retombait toujours
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