Sépulcre
entassés dans des vitrines qui n’étaient même pas fermées à clef, dans des pièces humides et non chauffées situées sous le belvédère.
— Le cauchemar d’un archiviste, commenta Meredith.
Il fit un signe vers les grilles qui entouraient les jardins à la française.
— Aujourd’hui, comme vous pouvez voir, l’endroit est devenu très touristique. Le cimetière lui-même, où Saunière est enterré auprès de sa gouvernante, fut fermé au public en décembre 2004, tellement le succès démentiel du Da Vinci Code avait fait exploser le nombre des visiteurs. Il est en bas.
Ils continuèrent à marcher en silence et atteignirent les hautes grilles qui protégeaient le cimetière.
Meredith pencha la tête en arrière pour lire l’inscription qui figurait sur une plaque en porcelaine suspendue au-dessus du portail.
Memento homo quia pulvis es et in pulverum reverteris.
— Ce qui signifie ? demanda Hal.
— Tu es poussière et tu redeviendras poussière, dit-elle en frissonnant.
Cet endroit la mettait mal à l’aise. Il y avait dans l’air quelque chose d’oppressant, elle avait l’impression qu’on la surveillait, alors que les rues du village étaient désertes. Sortant son carnet, elle y inscrivit la citation en latin.
— Vous notez toujours tout ?
— Bien sûr. Déformation professionnelle, répondit-elle en souriant, contente de voir qu’il lui souriait aussi.
Soulagée de laisser le cimetière derrière eux, Meredith suivit Hal jusqu’à un calvaire en pierre, puis ils revinrent sur leurs pas pour prendre un autre sentier qui menait à une petite statue dédiée à Notre-Dame de Lourdes, protégée par une grille en fer forgé.
Les mots PÉNITENCE, PÉNITENCE et MISSION 1891 étaient gravés sur la base du pilier en pierre sculpté.
Meredith remarqua la date. Décidément, pas moyen d’y échapper. Elle revenait sans cesse.
— Apparemment, c’est le pilier wisigoth dans lequel les parchemins furent trouvés, dit Hal.
— Il est creux ?
— Je suppose que oui.
— C’est incroyable qu’on le laisse ici. N’importe qui pourrait s’en emparer, s’étonna Meredith. Si cet endroit attire à ce point les théoriciens du complot et les chasseurs de trésor, il semble bizarre que les autorités n’aient pas mis le pilier en lieu sûr.
Tandis qu’elle contemplait le visage bienveillant de la statue qui s’y dressait, des stries apparurent sur les traits sculptés dans la pierre, presque imperceptibles au début, puis de plus en plus profondes, comme si quelqu’un s’acharnait à griffer et creuser la surface avec un ciseau de sculpteur.
N’en croyant pas ses yeux, Meredith s’avança pour toucher la pierre.
Rien. La surface était lisse. Vite, elle retira ses doigts et retourna ses paumes, comme si elle s’était brûlée et s’attendait à y voir des marques.
— Meredith ? dit Hal. Qu’est-ce qui ne va pas ?
Rien. Sauf que je commence à avoir des visions, pensa-t-elle.
— Ça va, assura-t-elle. C’est ce soleil… Il est si fort.
Hal eut l’air inquiet, ce qui lui fit étonnamment plaisir.
— Alors, que sont devenus les parchemins après que Saunière les eut trouvés ? demanda-t-elle.
— Il est monté à Paris pour les faire expertiser.
— Ça n’a pas de sens, remarqua-t-elle en fronçant les sourcils. Pourquoi serait-il allé à Paris ? Il semblerait plus logique qu’un prêtre catholique aille en référer au Vatican.
— Vous ne devez pas lire beaucoup de romans, à ce que je vois ! s’exclama Hal en riant.
— Ou alors, c’est qu’il craignait que l’Église détruise les documents, ajouta Meredith en pensant à haute voix. C’est se faire l’avocat du diable, mais…
— En tout cas, c’est la théorie la plus répandue, confirma Hal. Papa m’avait fait remarquer que si le prêtre d’une petite paroisse perdue au fin fond de la France était vraiment tombé sur quelque secret stupéfiant, tel qu’un document attestant une union ou une descendance remontant au I er siècle après J.-C., il aurait été plus simple pour l’Église de le supprimer plutôt que de l’acheter.
— Bien vu.
Hal laissa passer un petit silence.
— Il avait aussi une tout autre théorie, ajouta-t-il avec une petite hésitation dans la voix.
Meredith se tourna face à lui.
— Laquelle ?
— Que toute la saga de Rennes-le-Château servait en fait à détourner l’attention d’événements qui se déroulaient au
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