Sépulcre
comprenez ?
Elle le prit dans ses bras et le serra contre elle. Il répondit à son étreinte et l’entoura à son tour. Meredith s’ajustait parfaitement au creux de ses larges épaules, lovée contre son pull qui lui grattait le nez, humant son odeur, sentant la chaleur et la rage qui bouillonnaient en lui, mais surtout, son profond désespoir.
— Oui, dit-elle posément. Je comprends.
47.
Domaine de la Cade
Avant de quitter son bureau, Julian Lawrence attendit que la femme de chambre eût terminé le ménage du premier étage. Le trajet jusqu’à Rennes-le-Château aller et retour leur prendrait bien deux heures. Il avait plus de temps qu’il n’en fallait.
Quand Hal lui avait annoncé qu’il sortait, accompagné d’une fille qui plus est, Julian en avait d’abord été soulagé. Ils avaient même discuté un moment sans que Hal prenne la mouche et sorte de la pièce en claquant la porte. Peut-être était-ce le signe que son neveu finissait par accepter ce qui s’était passé et qu’il allait reprendre le cours normal de sa vie. En finir avec ses doutes.
La situation restait dans le flou. Julian avait fait comprendre à mots couverts sa volonté d’acheter la part du Domaine de la Cade que son neveu avait héritée de son père, sans exercer de pression. Il s’était obligé à attendre que l’enterrement soit passé. Mais il commençait à s’impatienter.
Puis Hal avait dit en passant que la fille en question était écrivain, suscitant en Julian une soudaine méfiance. Étant donné la façon dont son neveu s’était comporté les quatre dernières semaines, Julian ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait essayé de mettre une journaliste sur le coup en lui parlant de l’accident de son père.
En vérifiant le registre de l’hôtel, Julian avait découvert que cette Meredith Martin était américaine, et qu’elle avait réservé une chambre jusqu’à vendredi. Il ignorait si elle connaissait Hal avant de venir au Domaine, ou si son neveu avait juste profité d’une oreille compatissante pour déverser son histoire avec des sanglots dans la voix. Quoi qu’il en soit, il ne pouvait prendre le risque que Hal se serve de cette fille pour faire encore des vagues. Il ne laisserait pas des ragots, des rumeurs contrarier ses projets.
Julian monta l’escalier et s’engagea dans le couloir. Avec le passe, il s’introduisit dans la chambre de Meredith Martin. Il prit d’abord un ou deux polaroïds, pour être certain de quitter la pièce dans l’état exact où il l’avait trouvée, puis il se mit à fouiller, en commençant par la table de chevet. Il vérifia rapidement les tiroirs, mais ne trouva rien sinon deux billets d’avion : un départ de Toulouse pour Paris le vendredi après-midi, et un retour pour les États-Unis prévu le 11 novembre.
Sur le bureau, un ordinateur était branché. Il ouvrit le couvercle et l’alluma. C’était facile. Il n’y avait pas de mot de passe à entrer pour accéder au système d’exploitation, et Meredith Martin s’était servie du réseau de l’hôtel.
Dix minutes plus tard, Julian avait parcouru ses e-mails, des échanges anodins, sans intérêt, puis remonté la piste de ses consultations sur le Net à travers les sites récents qu’elle avait visités, et regardé les quelques dossiers enregistrés. Aucun ne laissait penser qu’elle était une journaliste travaillant sur une enquête. Ils portaient principalement sur l’histoire locale. Il y avait des notes sur des recherches effectuées en Angleterre, ainsi que des informations générales sur Paris, adresses, dates, horaires.
Ensuite, Julian entra dans ses dossiers photos, en suivant leur ordre chronologique. Les premières photos avaient été prises à Londres. Il y avait aussi des clichés de Paris, des rues, des repères, même un panneau affichant les heures d’ouverture du parc Monceau.
Le dernier dossier portait le titre de Rennes-les-Bains. Il l’ouvrit et passa les images en revue en les regardant de plus près. Celles-ci l’inquiétèrent davantage. Il y avait plusieurs clichés de la berge de la rivière, à l’entrée nord de la ville, dont deux montrant le pont routier et le tunnel à l’endroit précis où la voiture de son frère Seymour avait basculé.
D’autres photos suivaient, du cimetière situé derrière l’église. L’une, prise depuis le perron couvert donnant sur la place des Deux-Rennes, lui permit d’identifier exactement de
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