Serge Fiori : s'enlever du chemin

d’aventure l’un des deux manque le rendez-vous, l’autre,
tel un enfant, boude.
    Un soir de novembre, la connexion se révèle mauvaise
et Serge demande à Hélène de l’appeler. En entendant
pour la première fois sa voix d’enfant, le musicien s’avoue
totalement séduit. Il cherche alors à la convaincre d’avoir
avec lui un échange vidéo sur Skype. Hélène hésite   : elle
est si timide   ! Elle commence à s’attacher à Fiori, mais se
dit qu’il est trop important, trop connu pour lui faire une
place réelle auprès de lui. Fiori réfute vite ces arguments   :
il éprouve pour Hélène un intérêt qu’il sait tangible et le
lui fait comprendre. Après quelques jours à argumenter,
elle se laisse enfin persuader. Comment aurait-elle pu faire
autrement   ? Le grand Serge Fiori a commencé à la bouder,
un côté petit garçon dont elle se moque avec gentillesse,
mais qui achève de la séduire.
    Les séances sur Skype supplantent vite les conversations
Facebook. Au bout d’un certain temps, Serge et Hélène sont
tellement épris l’un de l’autre qu’ils caressent l’écran en
se parlant… Fiori propose alors une rencontre. Une vraie,
en chair et en os. Il possède justement des billets pour un
spectacle qui aura lieu le quatre décembre, à Montréal, et
il souhaite y emmener Hélène. Comme elle a, de son côté,
une raison d’aller dans la métropole, elle accepte   ; elle fera
ainsi d’une pierre deux coups. Elle réserve une chambre
dans un hôtel de Longueuil, se disant que si jamais Serge
et elle, au cours de cette rencontre réelle, ne «   cliquaient   »
pas ensemble, ils passeraient tout de même assurément
une excellente soirée.
    Dès la première rencontre à l’hôtel, Serge sait qu’il a
«   trouvé la sienne   ». Hélène se révèle tout aussi esthète,
gaffeuse, anti-conventionnelle et easy going que lui peut
l’être.
    «   Nous sommes dans sa chambre et Hélène tente de
préparer du café avec la machine fournie par l’établissement. À son premier essai, elle oublie de mettre de l’eau.
Au deuxième, elle oublie de remettre la cafetière sous le
cône verseur, puis au troisième, le café se renverse à côté.
Elle me dit   :
    —
Est-ce que je te fais honte   ?
    —
Non, c’est parfait   ! Enfin, ma femme   !   »

    Quelques semaines avant sa rencontre avec Hélène,
Serge a renoué avec Pierre Lachance, son ancien associé.
Depuis leur dissociation, quinze ans auparavant, Pierre
avait bien tenté à quelques reprises de reprendre contact
avec Serge, mais ce dernier n’avait jamais donné suite aux
appels.
    Depuis 2000, Pierre Lachance a fermé son bureau d’avocats et il se consacre entièrement à la musique. Il a lancé
une vague de disques hommages, en commençant par
Jean-Pierre Ferland. Aujourd’hui, il effectue de la gérance
d’artistes   : Luc de La Rochellière, Marie-Denise Pelletier,
Stefie Shock et d’autres. Un soir que Pierre tente pour une
énième fois de joindre Serge, celui-ci prend l’appel.
    Les deux hommes renouent et, au cours de la conversation, le musicien évoque son envie de faire un nouvel
album. Pierre se déclare aussitôt très intéressé de le produire avec lui. Le projet de Fiori, lors de cet échange, est
encore un peu vague, mais il se précisera au cours des rencontres ultérieures. À l’été 2011, Lachance et Fiori signent
ensemble une entente relative au nouvel album de ce dernier   : ils se partageront les profits à parts égales.
    En attendant, Serge poursuit son exploration des ré
seaux sociaux. Il est stimulé par la présence d’Hélène dans
sa vie, par la belle histoire qui se dessine entre eux. Hélène
Lévesque est une superbe femme   ; son corps, sculpté par
la danse, présente des proportions parfaites, en harmonie
avec son visage de déesse. Serge est envoûté, happé par sa
beauté, subjugué   : il peut passer des heures à la contempler, comme on scrute un tableau de maître.
    Côte à côte, ils dégagent une luminosité particulière qui
semble les lier. Tout comme Serge, Hélène est restée une
éternelle ado   : elle évolue dans sa bulle et ne se formalise
pas de la façon d’être de son nouvel ami. «   Y a personne qui
pourrait vivre cette vie à côté de moi, à part elle. Chez nous,
il n’y a pas de structures. Tout est à terre   : mon linge, mes
bouteilles de whisky, mes livres, mon ordinateur, c’est ridicule.