Serge Fiori : s'enlever du chemin

tsunami.
Il s’écroule de douleur. Il est déprimé et triste   ; il n’arrive
pas à concevoir que cet album puisse se réaliser sans Normand. L’argent, pour l’achat de l’équipement, est finalement débloqué, mais le cœur de Serge n’y est plus. Il ne
songe qu’à son partenaire et aux partitions écrites à son
intention, feuilles qui resteront lettres mortes. Il remet en
question tout le projet. Il délaisse Facebook, ne répond
plus à ses nombreux messages. Pour affronter la douleur,
il s’isole une fois encore. De son côté, Pierre Lachance se
montre patient. Il comprend la détresse qu’éprouve Fiori,
lui laisse le temps de traverser ce dur moment et lui offre
de rediscuter de l’album plus tard. Le projet est seulement
mis sur la glace. Heureusement qu’en ces jours difficiles Hélène se montre là pour son amoureux   : qu’elle soit
auprès de lui ou au loin, elle le réconforte. L’artiste peut
aussi compter sur la présence de Marie-Claire et son indéfectible amitié.
    Serge Fiori se rend alors à l’évidence que ce n’est pas lui
qui décide en ce qui a trait à cet album   : plus rien ne va. Il
continue pourtant de gratter sa guitare, de se laisser guider, et accepte enfin le fait que la vie lui envoie un signal
clair   : cet album, il devra le réaliser seul. De doute façon, se
dit-il, s’il l’exécutait avec quelqu’un d’autre, il se laisserait
influencer, ce qu’il ne veut plus faire. Comme il ne peut
se plonger dans l’univers de l’autre, il ne peut, devant son
micro, compter que sur lui-même.
    En ce début décembre 2012, Serge n’a qu’une idée en
tête   : finir ce livre et s’attaquer ensuite à son album.
    Serge Fiori est fin prêt   : le studio l’attend.

 
     
     
    CONCLUSION
     
     
     
    L’œuvre de Serge Fiori représente à mes yeux une véritable cathédrale   : l’immense talent de compositeur et
le charisme de ce musicien lui servent d’abside, au cœur
duquel trône l’autel d’où s’élèvent sa musique et sa voix
unique qui nous bercent et nous touchent autant le cœur
que l’âme. Si Serge a souvent été perçu à tort comme un
gourou, c’est qu’il sait faire vibrer à travers son œuvre les
cordes sensibles de tous les êtres   : la fragilité, la vulnérabilité et la foi.
    Derrière Serge Fiori se dissimule un homme d’une sensibilité rare. Cette sensibilité l’amène à deviner nos états
d’âme, à évoquer le vrai, à révéler ce que dissimulent les
cœurs. C’est un être profond, doué, un génie qui incarne
à merveille le dicton   : «   le génie mène à la folie.   » Sa source
d’inspiration, le canal qui le traverse, est si puissante qu’elle ne peut faire autrement que d’ébranler le corps qui l’accueille. Autant ce canal l’honore de sa créativité, autant il
le rappelle à sa fragilité. Serge Fiori se révèle grand et petit
à la fois   : grand de par sa vie intérieure, petit au sein des
limites de son corps et de son ego. Un ego qui, nous l’avons
constaté, l’accable de profondes angoisses, d’anxiété et de
crises de panique.
    Au moment d’écrire ces ultimes lignes, Serge avait accepté de consulter un psychiatre   : une première en ce qui
le concerne. La peur qu’il a toujours éprouvée à l’idée de
rencontrer un spécialiste des troubles anxieux a désormais
cédé la place à l’impérieux besoin de faire taire ses démons
intérieurs.
    Pour Serge Fiori, les deux années consacrées à la rédaction de ce livre ont constitué une véritable thérapie   : il a
fait face à ses difficultés, a revisité ses souvenirs et renoué
avec d’anciennes relations. Tout y est passé.
    La nouvelle médication qu’on lui a prescrite est totale
ment incompatible avec l’alcool, de telle sorte qu’il ne boit
plus depuis plusieurs semaines. Ce nouveau traitement,
jumelé à cette récente sobriété, améliore la qualité de son
sommeil et augmente sa lucidité. Serge a commencé à vivre le jour et se montre tellement plus calme qu’il en devient méconnaissable. Il consacre dorénavant son énergie
à ce livre ainsi qu’à son nouvel album, dont la sortie est
prévue à l’automne 2013.
    Le chanteur d’Harmonium vit tranquillement auprès de
Marie-Claire, ne voit que peu d’amis et fréquente sa belle
Hélène, qui vit toujours au loin. Les années de vie qui lui
sont imparties, il souhaite les